Lundi 24 octobre, jour 11 du Festival 2016 : 2 films en avant-première, La Sociale de Gilles Perret et Une vie de Stéphane Brizé.
La Sociale
Il y a 4 ans, le réalisateur savoyard Gilles Perret avait consacré un documentaire passionnant, Les jours heureux, à l’histoire de l’élaboration du programme issu du Conseil National de la Résistance, un programme appelé très poétiquement Les Jours Heureux, un programme qui représentait un véritable projet de société en se proposant d’organiser rationnellement une société juste et solidaire et qui fut adopté le 15 mars 1944. Dans ce programme, un volet particulièrement important : la création de la Sécurité Sociale, avec l’ambition de solidariser l’ensemble de la société française en « garantissant les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ». Continuant de creuser son sillon, c’est donc l’histoire de la Sécurité Sociale que raconte Gilles Perret dans La Sociale. Un sujet qui peut paraître a priori quelque peu aride mais que le réalisateur arrive une fois de plus à rendre passionnant, émouvant et même parfois très drôle. Très prochainement, nous reviendrons plus longuement sur ce film important afin d’accompagner sa sortie en salles, sortie qui aura lieu le 9 novembre.
Une vie
Après ce film très personnel qu’était La loi du marché, après ses trois films consécutifs réalisés avec Vincent Lindon en tête d’affiche, Stéphane Brizé a choisi d’adapter un monument de la littérature française, Une vie, le premier des six romans écrits par Guy de Maupassant. Un choix risqué car l’adaptation d’un roman au cinéma n’est jamais chose facile et s’avère encore plus difficile lorsqu’il s’agit de transposer à l’écran l’écriture d’un auteur comme Maupassant. On laissera les puristes récriminer et on se contentera de regarder et d’apprécier, ou non, le film. Un film pour la réalisation duquel Stéphane Brizé a fait des choix plutôt radicaux : le format 1.33, communément appelé format carré, sans doute pour montrer le côté étriqué de la vie de Jeanne Le Perthuis des Vauds, l’héroïne du roman et du film ; le décalage fréquent entre une voix off, très littéraire, et l’image ; une façon très douce d’effleurer les personnages avec la caméra ; le choix de montrer très souvent Jeanne dans des tâches d’une grande banalité, en train de jardiner ou perdues dans ses pensées ; l’utilisation fréquente de flashbacks montrant la confusion de Jeanne entre le présent et le passé ; le choix de n’utiliser que très parcimonieusement la musique pour accompagner les images : à 6 ou 7 reprises, se succèdent pendant un temps très limité deux pièces du compositeur Jacques Duphly interprétées au pianoforte par Olivier Baumont, ainsi qu’un morceau composé par ce dernier. Tout cela donne un film magnifique, finalement très fidèle à l’esprit de Maupassant et dans lequel Judith Chemla campe de façon magistrale une Jeanne restée attachée à son enfance, ne connaissant rien des réalités du monde et encaissant sans vraiment réagir les aléas de son existence. Ce film va sortir le 23 novembre.