Mercredi 21 octobre, jour 6 du Festival 2015 : 2 documentaires en avant-première, Allende, mon grand-père de Marcia Tambutti Allende et The Other Side de Roberto Minervini.
Jeudi 22 octobre, jour 7 : 2 documentaires en avant-première, Le bouton de nacre de Patricio Guzmán et Paco de Lucia, légende du flamenco de Curro Sánchez.
Jour 6
Allende, mon grand-père : Après le coup d’état du 11 septembre 1973, la famille de Salvador Allende s’est retrouvée en exil, éparpillée qui à Cuba, qui au Mexique, qui ailleurs encore. Revenue au Chili en 2007, Marcia Tambutti Allende, une des petites filles de « Chicho », a jugé qu’il était temps pour elle, pour cette famille et pour toutes celles et tous ceux qui, dans le monde entier, ont été marqués par la tragédie vécue par ce Président socialiste élu démocratiquement, de réunir les pièces du puzzle familial. Il lui a fallu 8 ans pour arriver au bout de son entreprise ! Aidée par une cousine pour ce qui est des photos et par les entretiens menés, entre autres, auprès de son frère Gonzalo qui avait 8 ans au moment du coup d’état, de sa mère Isabel, actuellement présidente du Parti Socialiste chilien (ne pas la confondre avec l’écrivaine Isabel Allende, fille d’un cousin germain de Salvador Allende), de sa grand-mère « Tencha », l’épouse de « Chicho », Marcia, tout en contribuant à ressouder sa famille, dresse, sans aucune complaisance, un portrait particulièrement attachant et émouvant d’un grand-père qu’elle n’a pas vraiment connu. Allende, mon grand-père faisait partie de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes, et il a obtenu l’Œil d’Or, prix décerné pour la première fois cette année et récompensant le meilleur documentaire, toutes sections confondues. Ce film sortira le 9 décembre prochain.
The Other Side : du réalisateur italo-américain Roberto Minervini, on ne connaissait en France que son film précédent, Le cœur battant, qui avait eu droit en 2013 à une séance spéciale dans le cadre de la Sélection Officielle du Festival de Cannes. Cette année, c’est la sélection Un Certain Regard qui accueillait The Other Side. Ce film présente deux volets, l’un tournée à West Monroe, dans le nord de la Louisiane, l’autre tourné au Texas. Le premier nous présente un couple de junkies, pas vraiment antipathiques malgré leur racisme anti-Obama affirmé, pas totalement déglingués malgré toutes leurs défonces aux drogues les plus diverses. Même racisme, également tourné contre Obama, dans le second volet qui présente les membres d’une milice armée jusqu’aux dents et dont la paranoïa va jusqu’à prévoir l’intervention de l’ONU dans leur pays avec instauration d’une loi martiale les privant de leurs libertés, dont la plus importante à leurs yeux, celle de pouvoir être armés. Un film qui dérange et qui sortira le 25 novembre.
Jour 7
Le bouton de nacre : Avec ses 4265 km du nord au sud, le Chili présente la particularité de posséder, au nord, le désert le plus sec du monde en même temps qu’une région au sud, la Patagonie, dans laquelle l’eau est omniprésente. Après avoir consacré son film Nostalgie de la lumière au désert d’Atacama, à ses observatoires, aux recherches réalisées par des ethnologues et à celles effectuées par des hommes et des femmes pour retrouver les corps de victimes de Pinochet, Patricio Guzmán a planté sa caméra en Patagonie chilienne pour nous parler de la relation entre l’eau et le Cosmos et pour nous évoquer le sort des populations d’origine, de ces hommes et de ces femmes vivant en symbiose avec l’eau, de leur langue qui ne connait ni dieu ni police. 8000 personnes au 18ème siècle, ils ne sont plus que 20 descendants directs aujourd’hui. Comme tous les films de Guzmán, Le bouton de nacre parle aussi de la dictature menée 16 ans durant par Pinochet : l’île Dawson, située dans le détroit de Magellan, utilisée comme camp de concentration pour les populations indigènes à la fin du 19ème siècle, a abrité un bagne pour des prisonniers politiques pendant la dictature. Le titre du film se rapporte à deux événements espacés de 150 années : l’histoire de Jemmy Button, un jeune indigène acheté avec un bouton de nacre par le capitaine Robert FitzRoy et emmené en Angleterre afin d’y être éduqué ; par ailleurs, les 1200 à 1400 opposants à Pinochet dont les corps ont été jetés dans la mer, lestés avec un rail de 30 kg : sur l’un de ces rails, remonté du fond de l’eau, se trouvait le bouton d’une chemise. Ours d’Argent du meilleur scénario lors de la dernière Berlinade, Le bouton de nacre va sortir le 28 octobre.
Paco de Lucia, légende du Flamenco : ce documentaire sur Paco de Lucia a été réalisé par son fils Curro Sánchez. Commencé du vivant du guitariste, il s’est terminé sans lui, après son décès le 25 février 2014. Interviews de Paco de Lucia, tournées, concerts, interviews de grandes personnalités musicales qu’il a côtoyés (Chick Corea, John McLaughlin, Rubén Blades, …) se succèdent et permettent de mettre en lumière cet immense artiste, légende du flamenco tout en ayant sa carte dans le monde du jazz. Ce film va sortir le 28 octobre.