Un portrait accablant de la Chine contemporaine
Ce quatrième jour du Festival Cinématographique d’automne de Gardanne présentait le film qui a obtenu le Prix du Scénario au dernier Festival de Cannes : A Touch of Sin du chinois Jia Zhang Ke. Ce réalisateur de 43 ans, qui tourne beaucoup, alterne depuis plus de 15 ans fictions et documentaires, ses films les plus connus étant Xiao Wu artisan pickpocket et Still Life, Lion d’Or à la Mostra de Venise 2006. Dans A Touche of Sin, Jia Zhang Ke dresse en 4 volets un tableau particulièrement accablant de la Chine contemporaine : corruption, violence, insécurité, prostitution, misère se côtoient sans que soit donné au spectateur la moindre lueur d’espoir quant à l’avenir d’une société partie à grande vitesse vers une forme d’apocalypse. Il y a bien une histoire d’adultère et le sentiment fleur bleu d’un jeune chinois qui semblent entraîner le film vers des horizons moins sombres, mais le réalisateur pousse le pessimisme jusqu’au bout en terminant ces 2 histoires de façon tragique. Dans son film, Jia Zhang Ke se garde bien d’oublier qu’il est un documentariste et cela nous vaut de nombreuses scènes très intéressantes sur des métiers ou sur des lieux. En fait, la surprise vient du fait que, dans A Touch of Sin, Jia Zhang Ke a décidé d’emprunter à Tarantino, à Kitano et à Sergio Leone les éléments d’hyper violence qui sont un peu leur marque de fabrique : personnages renvoyés 10 mètres en arrière à la suite d’un coup de feu, impacts des balles, sang qui gicle. On ne peut pas dire que ce mélange de ce type de cinéma avec un cinéma à la Ken Loach soit particulièrement heureux. Si le premier volet du film s’avère assez passionnant, on ne peut pas en dire autant de la suite du film, qui part vraiment dans tous les sens. On en arrive vite à se perdre dans les personnages, ce qui donnait d’ailleurs des scènes cocasses à la sortie du film, les spectateurs s’interrogeant les uns les autres pour savoir si, par exemple, telle femme qu’on voit à la fin du film est la femme de X, vue au début du film ou la femme de Y vue au milieu ! Par ailleurs, il est surprenant d’apprendre que Jia Zhang Ke, habitué à rencontrer la censure dans son pays, ne l’a pas rencontrée pour un film qui, pourtant, donne la pire des images de la chine d’aujourd’hui.