Un deuxième film un peu décevant
Le 9ème jour du Festival de Gardanne avait 2 avant-premières au programme. Tout d’abord, au milieu de l’après-midi, Suzanne, le deuxième film de Katell Quillevéré, une réalisatrice qui avait débuté il y a 3 ans avec Un poison violent, un film très fort, particulièrement réussi et qui s’était vu décerné le Prix Jean Vigo 2010. Malheureusement, son deuxième film n’a pas le niveau de son premier ! Il y a un certain nombre de qualités, en particulier dans le jeu des comédiens (François Damien, parfait, Adèle Haenel et Sara Forestier, plutôt convaincantes même si elles ont un peu tendance à surjouer) mais le film fait trop souvent penser à des montagnes russes : une succession de montées et de descentes, des scènes sans grand intérêt succédant à des scènes soit passionnantes, soit attachantes, soit émouvantes, etc., etc. On regrette aussi que la musique écrite pour le film soit si médiocre, même si la version Nina Simone de Suzanne, la chanson de Leonard Cohen, remonte le niveau à la fin du film. Suzanne, qui faisait l’ouverture de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2013, sortira le 18 décembre sur nos écrans.
Dickens au 21ème siècle par une émule de Ken Loach
La seconde avant-première était présentée en fin de journée. Il s’agit de Le Géant égoïste, le premier long métrage de fiction de la réalisatrice britannique Clio Barnard. Inspiré d’une nouvelle d’Oscar Wilde, Le Géant égoïste raconte l’histoire de 2 adolescents à problèmes dans une Angleterre du nord totalement déprimante. On y parle de vols de câbles et de chevaux. Tourné à Bradford, une ville du Yorkshire proche de Leeds, Le Géant égoïste montre une image de l’Angleterre du Nord contemporaine digne de Dickens, ce qui, malheureusement, n’est pas totalement faux. Avec la prégnance du chômage, on y a perdu toute valeur morale, intellectuelle, seul compte le fric, pour la survie. En somme, un film à montrer à tous ceux qui nous rebattent les oreilles sur l’attrait de l’Angleterre pour les jeunes français à la recherche d’un emploi ! Manifestement, Clio Barnard cherche à jouer dans la cour de Ken Loach, mais il manque un petit quelque chose pour arriver au niveau du maître. Cela étant, à côté de Le Géant égoïste, les films de Ken Loach, même les plus durs, font presque figures de bluettes sentimentales. Tout comme Suzanne, Le Géant égoïste, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2013 et primé au Festival du film britannique de Dinard 2013, sortira le 18 décembre sur nos écrans.