Festival de Cannes 2016 : jour 10

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Festival de Cannes 2016 photo couverture

Ce dixième jour a un goût de début de fin de festival et pour cause, il ne reste qu’une poignée de films à découvrir. En effet, les films en compétition officielle ont quasiment tous été diffusés, le film Elle de Paul Verhoeven diffusé samedi étant annoncé d’avance comme un grand favori. Au programme de ce résumé : une claque (Neon Demon), une fessée (The Last Face) et une gifle (Le Client).

The Neon Demon réalisé par Nicolas Winding Refn (4,5/5) – compétition officielle. Jesse, une jeune adolescente débarque à Los Angeles pour tenter une carrière dans le mannequinat. Son ascension est fulgurante mais sa beauté juvénile va susciter beaucoup de jalousie dans ce milieu cruel. Nicolas Winding Refn est un surdoué de cinéma, The Neon Demon est clairement son film le plus abouti, offrant un univers complexe, qui gagne en profondeur avec le temps. Digne successeur d’Only God Forgives (lire la critique), TND est un film d’épouvante conceptuel intimiste (difficile d’imaginer un succès public pour un tel film). Le cinéaste semble avoir pris un tournant dans sa carrière depuis Drive, succès qui a fait exploser sa carrière internationale. The Neon Demon est une véritable oeuvre d’art, son univers peut être apparenté à celui de David Lynch, rien que ça ! A la fois abstrait, aérien et déstructuré, le film est intriguant, enivrant, drôle pour devenir terrifiant. Une véritable expérience cinématographique bien trop rare dans le cinéma moderne. (Julien)

The Last Face de Sean Penn (1/5) – compétition officielle. « United Colors of Naveton » pour cette première réalisation depuis Into the Wild et l’un des pires films découverts sur la Croisette. Pour dénoncer la violence des conflits en Afrique, il utilise le prisme d’une histoire d’amour sortie d’un roman-photos pour permettre, en résumé, à l’homme occidental de comprendre les brutalités vécues par les populations locales au Nigéria et au Soudan, précisant dans son prologue, je cite «l’amour impossible entre un homme…. [pause qui semble interminable et intelligente] et une femme…». Evidemment, le public est médusé par une telle ouverture, rit, jaune, à peu près autant que lorsque l’on découvrira le nom du personnage interprété par Jean « je grommelle » Reno ou lorsqu’on l’entendra prononcer une réplique appelée culte que l’on ne vous gâche pas ici. De ce naufrage on peut sauver les plans sans concession sur les images violentes des massacres et les recrutements des enfants soldats mais le manque de caractérisation de la situation géopolitique en atténue la portée. La présence de ce film en compétition laisse songeur, même hors-compétition la montée des marches du trio Penn / Javier Bardem / Charlize Theron n’aurait pas du permettre à cette purge monumentale de connaître les honneurs d’une projection au Théâtre Lumière. Si le but était de revaloriser l’ensemble de la compétition par cette diffusion tardive, chapeau bas, c’est un triomphe. (Pascal)

Le Client d’Asghar Farhadi (3,5/5) – compétition officielle. En faisant son retour en Iran et en tournant à nouveau en farsi après l’intermède français du Passé qui lui a permis de faire ses débuts en compétition en 2013 et à Bérénice Béjo de remporter le Prix d’interprétation, le réalisateur de « Une Séparation » retrouve son style narratif : le quotidien d’un groupe de personnes perturbé par un événement dont on nous cache une scène clé que l’on ne verra jamais mais qui sera au centre des questionnements futurs. Lorsqu’un immeuble menace de s’effondrer, un couple marié doit trouver un nouvel endroit où habiter mais le « passé » de ce lieu causera un incident aux implications morales inattendues. Loin de s’autocensurer dans un pays où la censure d’état domine les pensées, il évoque un sujet tabou comme la prostitution via la représentation d’une pièce de théâtre, Mort d’un commis voyageur, le couple central évoluant dans un milieu culturel, mais aussi dans la réalité de ce que vivent l’ensemble des personnages. Le drame d’Arthur Miller agit comme le révélateur et le symbole d’un drame anodin qui vire à la tragédie, ce qui permet de faire ressentir aisément (trop peut-être ?) la culpabilité évidente de ceux qui ont interprété ce texte sur scène avant d’en devenir les témoins, conscients de voir la fiction et la réalité se mêler. Du cinéma intellectuel plus que viscéral, l’émotion n’en étant pas moins grande à mesure que le film s’impose à vous insidieusement… (Pascal)

Photo du film The Neon Demon :

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Photo du film The Last Face  :

The Last Face

Photo du film Le Client :

Salesman
Salesman

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