FEFFS 2014 : jour 1 vendredi 12 septembre et au programme du samedi 13

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Est-ce une bonne idée d’ouvrir un festival dédié au fantastique par un film de fin du monde et surtout de le faire sous la pluie ? L’apocalypse est suffisamment triste (les gens meurent, les chiens aussi, on ne trouve plus de taxi, y’a plus de saison ma bonne dame) pour ne pas y ajouter un temps pourri. Premier carton jaune pour l’organisation qui s’est laissée dépasser par la météo, grand signe de faiblesse. Et le film alors ? These Final Hours est le premier long-métrage de l’australien Zak Hilditch sur un sujet qui rappelle une litanie longue comme un bras du défunt Richard Kiel de longs-métrages existants, ne citons que le Last Day de Don McKellar, plus froid (au moins en apparence) mais bien plus maîtrisé dans sa mise en scène. Le monde vit ses douze dernières heures et James hésite entre passer ses derniers moments avec sa petite amie, voir sa sœur et sa famille pour des retrouvailles familiales plus ou moins agréables ou se rendre à une fête qui s’annonce dantesque et infernale. S’y rendre n’est pas une partie de plaisir, le trajet étant jonché de cadavres qui s’accumulent dans les rues, suicides collectifs ou meurtres sauvages, l’homme étant un loup pour l’homme surtout quand la fin est proche et que toutes les inhibitions sont levées.

these final hours 02

Comment accepter l’inexorable, prendre le temps de réfléchir à ce qui compte dans la vie, affronter l’horreur ou se cacher le visage dans la terre comme une autruche ou dans une cave transformée en abri souterrain sorti des récits d’anticipation du temps de la Guerre Froide. Comme toujours dans ce genre balisé du fantastique, les pistes narratives sont multiples et les questionnements peuvent être passionnants ou émouvants. Hélas ici, malgré quelques séquences fortes dans la représentation graphique du pire, le film est victime de ses clichés (been there, done that), d’un manque d’inspiration dans l’écriture et d’un jeu d’acteurs dans l’ensemble pour le moins inégal dans cette série plus Z que bis. S’il est victime de son budget que l’on sent très réduit, cela n’excuse en rien les fragilités de style et d’un manque d’originalité qui laisse songeur sur la validité de sa présence lors de la dernière édition de la Quinzaine des réalisateurs. Sa présence au FEFFS est par contre plus légitime, comme un clin d’oeil déjà nostalgique à l’édition du festival 2012 et à sa programmation post-apocalyptique (voir la page archives du site officiel). Le final est victime d’effets spéciaux atroces et traîne en longueur, refusant le désespoir total pour un ( faux) happy-end romantique. Également présenté à Cannes (en séance de Minuit), The Rover était bien plus satisfaisant dans son traitement libre du genre. Au mieux, peut on lui reconnaître que le pré-apocalyptique reste moins présent sur les écrans que le post-apocalyptique mais ça ne fait pas un film. Au moins le réalisateur nous fait découvrir l’adorable Angourie Rice, la petite fille qui dévie la route balisée de James (Nathan Phillips, l’une des victimes du tueur Mick Taylor dans Wolf Creek) et qui rappelle Ryan Simpkins, elle même parfaite dans Surveillance de Jennifer Lynch.

La soirée d’ouverture a été dédiée à trois récents disparus qui seront présents dans la programmation : la comédienne Marilyn Burns, le producteur Menahem Golan et le maquilleur Dick Smith (voir hommages en page news ou en cliquant sur leur nom).

zombie walk accueil

Le samedi 13 est placé sous le signe des zombies avec l’indispensable Zombie Walk qui devrait réunir dans les rues de Strasbourg 3 millions de Walkers selon les organisateurs, un peu moins selon la police. Au programme de cette journée Zombie : le documentaire Doc of the dead d’un habitué du festival : Alexandre O. Philippe (The People vs. George Lucas présenté en 2010 et The Life and Times of Paul the Psychic Octopus en 2012) qui revient sur la culture zombie avec un casting d’intervenants impressionnant : le père du genre George Romero et quelques disciples ou complices doués : Simon Pegg, Robert Kirkman (le père de The Walking Dead), Bruce Campbell, les maquilleurs cultes Tom Savini et Greg Nicotero, Stuart Gordon, le Repo Man Alex Cox et Judith O’Dea alias Barbra dans La Nuit des Morts-Vivants. En séance de minuit, avant-première française de l’attendu Dead Snow 2 : Red vs Dead de Tommy Wirkola, suite qui commence où le précédent volet s’arrêtait, avec des nazis mais aussi des soviétiques qui seront réunis pour ce qui s’annonce comme un grand moment de n’importe quoi. Comme le dit le slogan : ‘Ein, zwei, die !’

http://youtu.be/tdl4ajRd7U8

Détail de la Zombie Walk :
14h : rendez-vous Place Kléber pour le maquillage par l’école Candice Mack
15h : départ du cortège en direction de la Place de la Bourse
16h – 20h : Apéro Zombie Place de la Bourse

The Walking Dead Officiel France lance un concours photo, il est demandé de se déguiser en personnages de The Walking Dead (super, je vais me déguiser en Bob Stookey… euh on fait comment pour lui ? Au moins pour Eugene, il y a cette coupe de cheveux aussi démente que le bouc d’un certain Ilan dont on ne citera pas le nom de famille -Ferry- pour ne pas heurter ses fans) ou en zombies, de se prendre en photo devant le panneau Zombie Walk à l’arrivée du cortège et de la poster sur la page du concours.

Mais l’horreur et le fantastique, ce n’est pas que du zombie. La rétrospective Sympathy for the devil permet de revivre l’affrontement diablement efficace entre Mickey Rourke (version beau gosse 80ies et pas le Marv des années 2000 dans les Sin City) et Robert De Niro dans Angel Heart d’Alan Parker, du cinéma d’horreur racé et sensuel qui nous plonge dans une Nouvelle-Orléans poisseuse avec la troublante Lisa Bonet. Dans le même cycle, on retrouvera également d’autres chefs d’oeuvre : le français La Main du Diable de Maurice Tourneur avec Pierre Fresnay tourmenté par une main aux pouvoirs destructeurs ; Le Chat Noir d’Edgar G. Ulmer avec l’affrontement de deux icônes du genre qui se battent pour l’amour d’une femme : Boris Karloff en gourou inquiétant et Bela Lugosi dans son rôle le plus bouleversant de héros maudit et last but not least L’Exorciste de William Friedkin qu’on ne présente plus, souvent (trop) copié, jamais égalé.

La compétition du jour nous emmène dans une contrée dont on connaît mal le cinéma en général et son goût pour le bizarre en particulier : le Vietnam, avec 2030 de Nghiem-Minh Nguyen-Vo et dans une autre cinématographie plus familière, la Nouvelle-Zélande avec Housebound de Gerard Johnstone. Le troisième film en compet’ du jour est Killers des Mo Brothers (Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto), long, très long affrontement entre un serial killer aguerri et un autre moins expérimenté (un journaliste aux fascinations morbides) qui apprend sa nouvelle passion sur le tas de cadavres qu’il laisse derrière lui, au risque de tout perdre. Esthétiquement maîtrisée, cette coproduction entre le Japon et la Thaïlande ennuie très vite. Kazuki Kitamura est un psychopathe convenu mais il parvient à être inquiétant dans quelques séquences, notamment dans son affrontement avec la jeune fleuriste Hisae dont il s’éprend et qui devient trop curieuse. Beau personnage interprété avec retenue par Rin Takanashi (déjà superbe dans Like Someone in Love de Abbas Kiarostami) qui apporte beaucoup d’humanité (notamment dans son rapport avec la prostituée jouée par Mei Kurokawa elle aussi excellente) à un projet énergique mais terriblement vain qui fait regretter le fragile qualitativement mais plus dérangeant Victimes de Robin Eintriger (FEFFS 2012) qui partage cette contamination mentale entre deux tueurs réels ou potentiels.

Histoire de n’oublier personne, la section Crossovers propose Wetlands de David Wnendt (le déplaisant Guerrière) qui s’annonce bien crade, The Go Go Boys, documentaire sur l’histoire de la Cannon par ses patrons (Menahem Golan et Yoram Globus) et les deux Tobe Hooper du jour, Poltergeist, l’un des meilleurs films de maison hantée et Le Crocodile de la mort, l’un des meilleurs films de crocodiles, du monde, là encore.

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