Voilà l’expo que tous les admirateurs de Romy attendaient. Ils seront comblés, les choses de sa vie étant ici admirablement agencées, sans pathos ni misérabilisme et avec beaucoup de dignité. Affiches rares, photos, objets inédits, documents vidéo contribuent à faire de cet événement un superbe hommage à celle qui reste, près de 30 ans après sa disparition, la comédienne préférée des Français…
Elle aura tourné le pire film de Chabrol, l’un des plus mauvais Losey, un Welles qu’on ne cite presque jamais, un Dassin insignifiant, un Clouzot qui n’a jamais vu le jour. Elle a refusé le rôle principal que lui proposait un jeune cinéaste pour un film qui obtiendra plus de quarante prix internationaux dont deux Oscars et une Palme d’Or. Probablement les « chabada bada » ne convenaient-ils guère à l’idée qu’elle se faisait de son métier. Ajouté à ce tableau peut compatible avec le parcours d’une star, un quart de carrière dégoulinant de mièvrerie et de sirupeuses valses viennoises qui la feront danser puis déchanter.
Les choses de sa vie
La carrière de Romy Schneider compte soixante films. Tête d’affiche dans des films de second ordre (« L’Important c’est d’aimer », « Une femme à sa fenêtre ») ou second rôle dans des désormais classiques (« Les Choses de la vie », « Garde à vue », « Le Vieux fusil »), elle n’a pas à l’instar des Signoret, Morgan, Arletty ou Dietrich son « Casque d’Or », son « Quai des brumes », son « Hôtel du Nord » ou son « Ange bleu ». Malgré cela, elle reste la comédienne préférée des Français. Les choses de sa vie auront tellement nourri son cinéma (notamment dans l’ultime et bouleversante « Passante du Sans-Souci ») que l’identification s’impose d’elle-même. Fragilité, sincérité, accessibilité : le public ne s’y est jamais trompé.
L’exposition qui lui est consacrée en ce moment attire plusieurs centaines de personnes chaque jour. Presque trente ans après sa disparition, le public a plus que jamais envie de se replonger dans cette existence qui est quelque part un peu la sienne. Isabelle Carré, Marion Cotillard, Mélanie Doutey, Karin Viard et tant d’autres : toutes la citent comme la référence absolue. Rien d’étonnant que son parcours continue de fasciner autant.
Présentée de manière chronologique, cette exposition se divise en huit parties : la fille et sa mère, le sacre et la légende, l’amour et la France, l’enfer, rêves d’Hollywood et d’Allemagne, une femme française, l’histoire et la mort en direct, Romy éternelle. Beaucoup de photos, bien sûr. Des objets essentiels (la bague que Visconti lui avait offerte, les deux César, la robe de « Dommage qu’elle soit une p… », celle de Sissi dans « Ludwig ») et surtout des affiches. Toutes nationalités confondues. « La mort en direct » en allemand, « La passante du Sans-Souci » en japonais, « Sissi » en version US et des dizaines d’autres. Des documents liés aux tournages, contrats, synopsis, découpages. Beaucoup d’extraits vidéo également, français ou allemands. Le public découvre mais surtout redécouvre des films oubliés.
Le travail d’archiviste est remarquable, la scénographie très appliquée. On ne regrettera qu’une chose (une fois n’est pas coutume) : l’absence totale d’un vrai catalogue de l’exposition. Avec près de mille visiteurs par jour, cet événement aurait amplement mérité un effort de ce côté-là pour proposer autre chose que cette boutique d’une édifiante pauvreté.
Exposition Romy Schneider du 4 novembre 2011 au 22 février 2012 Espace Landowski à Boulogne-Billancourt
Réservations : 0892 707 920
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