Nous l’avions découvert en ouverture du Festival de Gérardmer en janvier dernier, le public français a eu la chance, ce n’était pas gagné, de le découvrir en salles en avril. Conte cruel fantastique sur l’intelligence artificielle réunissant Domhnall Gleeson et Oscar Isaac, devenus depuis respectivement méchant et héros (a priori) de Star Wars le Réveil de la Force et Alicia Vikander, Ex Machina (critique) (test bluray) marquait les débuts inspirés de Alex Garland à la réalisation. Il vient de triompher, belle surprise, lors de la 18ème édition des British Independent Film Awards dont les lauréats ont été révélés le 6 décembre dernier. Il reçoit les trophées du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et du meilleur technicien, pour ses subtiles effets visuels, une catégorie dans laquelle il était en compétition notamment avec les décors non moins imaginatifs de ce même film.
Côté seconds rôles masculins, signalons que Brendan Gleeson pour Les Suffragettes a battu son fils Domhnall cité pour Brooklyn mais surtout Sean Harris pour Macbeth dans lequel il joue le rôle de MacDuff, ce qui est difficilement acceptable. Non mais. Et dois-je souligner que Olivia Colman a remporté l’équivalent féminin pour The Lobster, son troisième prix aux BIFA après Tyrannosaur et Week-end royal, notamment au détriment de Anne-Marie Duff pour Les Suffragettes. C’est une malédiction. Ceux qui s’étonnent de ce paragraphe peuvent jeter un coup d’oeil en fin d’article sur le nom du rédacteur.
Les votants déjà avaient fait preuve de pertinence dans les nominations s’inscrivant comme un antidote réjouissant aux sinistres Baftas qui, contrairement à leurs collègues indépendants, ont oublié la signification de la lettre B (pour britannique) dans leur acronyme, préférant singer, en les anticipant, les Oscars plutôt que de célébrer les artistes locaux. Il ne s’agit pas de justifier un repli sur soi mais simplement de respecter les créateurs d’un pays plutôt que de célébrer des films trop internationaux, The Artist meilleur film aux récompenses australiennes ou Boyhood aux britanniques n’ayant aucun sens.
Les candidats en lice reflétaient la variété du cinéma anglais, avec du cinéma de genre, comme le principal lauréat mais aussi High-Rise de Ben Wheatley, The Lobster, le surprenant Nina Forever des frères Blaine découvert à Paris à l’Étrange Festival, récompensé pour son inquiétante mais drôle actrice principale en espoir et enfin The Survivalist, le coup de cœur de Strasbourg que l’on attend impatiemment de découvrir sur grand écran en France après le succès de ses présentations au FEFFS de Strasbourg puis au PIFFF à Paris. N’oublions celui qui fut son principal rival à Stras’, Corin Hardy avec The Hallow, qui a une date de sortie en France, le 9 mars 2016 sous le titre Le Sanctuaire.
Des trophées honorifiques ont été remis à Chiwetel Ejiofor (le Richard Harris Award, du nom du premier interprète de Dumbledore dans la saga Harry Potter avant Michael Gambon) et à Kate Winslet (le Variety Award).
Palmarès complet et nominations
Meilleur film : Ex Machina
- 45 ans
- Amy
- The Lobster
- Macbeth
Meilleur réalisateur : Alex Garland pour Ex Machina
- Andrew Haigh pour 45 ans
- Asif Kapadia pour Amy
- Justin Kurzel pour Macbeth
- Yorgos Lanthimos pour The Lobster
Meilleur acteur : Tom Hardy pour Legend
- Tom Courtenay pour 45 ans
- Colin Farrell pour The Lobster
- Michael Fassbender pour Macbeth
- Tom Hiddleston pour High-Rise
Meilleure actrice : Saoirse Ronan pour Brooklyn
- Marion Cotillard pour Macbeth
- Carey Mulligan pour Les Suffragettes
- Charlotte Rampling pour 45 ans
- Alicia Vikander pour The Danish Girl
Meilleur acteur dans un second rôle : Brendan Gleeson pour Les Suffragettes
- Luke Evans pour High-Rise
- Domhnall Gleeson pour Brooklyn
- Sean Harris pour Macbeth
- Ben Whishaw pour The Lobster
Meilleure actrice dans un second rôle : Olivia Colman pour The Lobster
- Helena Bonham Carter pour Les Suffragettes
- Anne-Marie Duff pour Les Suffragettes
- Sienna Miller pour High-Rise
- Julie Walters pour Brooklyn
Meilleur espoir : Abigail Hardingham pour Nina Forever
- Agyness Deyn pour Sunset Song
- Mia Goth pour The Survivalist
- Milo Parker pour Mr Holmes
- Bel Powley pour A Royal Night Out
Meilleur scénario : Alex Garland pour Ex Machina
- 45 ans (Andrew Haigh)
- Brooklyn (Nick Hornby)
- High-Rise (Amy Jump)
- The Lobster (Yorgos Lanthimos et Efthymis Filippou)
Meilleure production : Paul Kattis et Andrew De Lotbiniere pour Kajaki: The True Story
- 45 ans (Triston Goligher)
- Amy (James Gay-Rees)
- The Lobster (Ceci Dempsey, Ed Guiney, Yorgos Lanthimos et Lee Magiday)
- The Violators (David A. Hughes et David Moores)
Meilleur technicien : Andrew Whitehurst pour les effets visuels de Ex Machina
- Amy – Chris King (montage)
- Brooklyn – Fiona Weir (casting)
- Ex Machina – Mark Digby (décors)
- Macbeth – Adam Arkapaw (photographie)
Meilleur documentaire : Dark Horse: The Incredible True Story of Dream Alliance
- Amy
- How To Change The World de Jerry Rothwell
- Palio de Cosima Spender
- A Syrian Love Story de Sean McAllister
Meilleur film indépendant international : Room de Lenny Abrahamson (États-Unis)
- Bande de filles de Céline Sciamma (France)
- Carol de Todd Haynes (États-Unis)
- Le Fils de Saul de László Nemes (Hongrie)
- Snow Therapy de Ruben Östlund (Suède)
Prix Douglas Hickox Award du meilleur premier film : The Survivalist de Stephen Fingleton
- Corin Hardy – The Hallow
- Paul Katis – Kajaki: The True Story
- Chris & Ben Blaine – Nina Forever
- John Maclean – Slow West
Prix Raindance de la Découverte : Orion: The Man Who Would Be King de Jeanie Finlay
- Aaaaaaaah! de Steve Oram
- Burn Burn Burn de Chanya Button
- The Return d’Oliver Nias
- Winter de Heidi Greensmith
Meilleur court métrage britannique : Edmond de Nina Gantz
- Balcony de Toby Fell-Holden
- Crack de Peter King (interview avec le réalisateur)
- Love Is Blind de Dan Hodgson
- Manoman de Simon Cartwright
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