L’acteur reconnu notamment pour les films Love Actually ou Pride (parmi bien d’autres) était présent pour la première fois au Festival du Film Britannique de Dinard en septembre dernier pour accompagner la projection de Golem – Le tueur de Londres de Juan Carlos Medina (voir le test DVD signé Mickael Lanoye) actuellement disponible en DVD et BLURAY et en VOD. Il interprète l’inspecteur Kildare chargé de résoudre un bien mystérieux crime dans le quartier de Limehouse, à Londres. Un passage éclair dans la capitale française du cinéma anglais qui nous a permis de lui poser quelques questions sur le film…
L’atmosphère gothique à la Hammer a été un moteur pour accepter ce projet ?
J’aime beaucoup les films de la Hammer. Londres à l’époque victorienne est visuellement stimulante pour les cinéastes. Le scénario était original, à commencer par sa façon de mêler des personnages de fiction à des figures historiques. J’adore l’idée que Karl Marx soit suspecté de meurtre, tout comme d’autres personnalités de l’époque, comme George Gissing, un grand écrivain et Dan Leno, une star de la scène. Le scénario était vraiment malin et sophistiqué. J’aime le cinéma de genre avec ses clichés et comment on peut s’amuser à les détourner.
L’histoire rappelle celle de Jack l’éventreur…
Oui, d’une certaine manière. L’Est de Londres était à cette période comme le Far West. Aujourd’hui, on dirait que c’est une «no-go zone». La police n’y mettait pas les pieds. Pas besoin après tout… Ce n’est pas comme si les gens qui y vivaient pouvaient partir. Et s’ils s’entre-tuaient ou se volaient, qui allait s’en préoccuper ? On ne s’intéressait à eux que si ces violences débordaient vers le centre de Londres.
Voyez-vous des points communs entre votre personnage et Sherlock Holmes ?
Pas vraiment. Certes, l’histoire se déroule à la même époque mais je n’y ai jamais pensé. Ce n’est qu’après avoir tourné le film que des gens ont commencé à m’en parler. J’admire les livres et certaines adaptations de Sherlock Holmes mais ça ne m’est jamais venu à l’esprit. Kildare est très différent. Je ne nie pas les ressemblances mais Holmes est plus flamboyant. Juan Carlos Medina tenait à le présenter comme un homme réservé et calme.
Votre personnage a un passé trouble…
J’ai aimé le fait que cet inspecteur est isolé car des rumeurs courent sur sa sexualité. Ce genre d’accusations en 1880 à Londres était absolument dramatique. Cela impliquait un bannissement total, surtout pour un policier. J’ai été témoin de cette oppression à mes débuts. Il m’est arrivé de travailler avec des acteurs homosexuels plus âgés qui risquaient jusqu’à sept ans de prison en cas de démonstrations d’affections en public. Ce qui est fou quand on y pense aujourd’hui. Ce que j’admirais dans le scénario, c’est qu’on comprend qu’il est gay, tout en montrant qu’il éprouve des sentiments d’ordre romantique sincères pour le personnage d’Olivia Cooke. Il est clairement le dernier honnête homme au sein des forces de l’ordre. Ses supérieurs sont corrompus et son sens de l’injustice est particulièrement développé. Il est si protecteur envers elle car il est persuadé qu’elle est victime d’une injustice. Sans oublier qu’il est sous son charme. Elle l’enchante d’une certaine manière. Et il s’identifie à elle. Tous les deux sont persécutés par la société, lui car il est soupçonné d’être homosexuel et elle car elle est une femme. Il est un bouc-émissaire parfait dans ce récit. On lui confie cette enquête en premier lieu dans l’idée qu’il va échouer à la résoudre, et ainsi être publiquement discrédité. Sa hiérarchie est convaincue que cette affaire est insoluble. Cette enquête est une chance professionnelle pour lui mais totalement viciée.
Étrangement, vous interprétez souvent des personnages positifs, comme ici, et assez rarement des méchants…
J’aime jouer des vilains, je ne suis pas contre quand on m’en offre mais ça n’arrive pas si souvent. Je dois avoir un visage qui respire l’honnêteté ! Je n’en ai pas vraiment joué souvent, sauf si on compte les vampires [la série Underworld] ou les calamars [Pirates des Caraïbes]. C’est marrant d’être mauvais mais c’est intéressant, aussi, d’être bon.
Quels liens entretenez-vous avec la France ?
Ma relation avec la France a commencé dès l’adolescence lorsque j’ai lu des grands textes qui se déroulaient à Paris dans les années 20, signés James Joyce, Ernest Hemingway ou F. Scott Fitzgerald. À l’âge de quinze ans, j’ai fugué à Paris pour écrire le «Grand Roman Anglais». Mais je n’ai absolument rien écrit ! Je suis allé à Paris au lieu de passer mes examens. Ma toute première nuit en France je l’ai passée sous l’Arc de Triomphe. Il y avait des échafaudages et comme je n’avais nulle part où dormir, je me suis glissé là et le matin j’ai été réveillé par le bruit de la circulation. Depuis, j’aime toujours revenir en France, à Paris surtout. J’étais à Arles récemment et c’était vraiment très beau. C’est ma première visite à Dinard mais j’en ai beaucoup entendu parler. On m’a déjà invité mais le travail m’a empêché de venir avant. J’aimerais beaucoup y revenir en dehors du festival !
Entretien réalisé le 2017 à Dinard. Merci aux attachés de presse du Festival de Dinard, Frédéric Pillier et Sarah Plessis de Pierre Laporte Communication et aux attachées de presse du film Blanche Aurore Duault et Natalie Iund.