En librairie de cinéma depuis le mois d’avril 2024

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A la poursuite du Château ambulant © 2024 Ynnis Éditions Tous droits réservés

Peu importe que ce soit pour les vacances de printemps, appartenant désormais au passé, ou en préparation des ponts du mois de mai, actuellement en cours, les éditeurs français et étrangers des livres de cinéma ont abondamment fourni leur escarcelle en avril, afin de vous adoucir ces jours de repos par la lecture. Ce sont une fois de plus près d’une trentaine d’ouvrages par champ linguistique qui se disputent vos faveurs, votre temps et vos ressources. Car si vous ne souhaitez pas vous armer de patience, en attendant que ces livres soient accessibles en médiathèque, et si votre dégoût du piratage couvre tout type de travail créatif, il ne vous reste qu’à débourser une somme conséquente chaque mois pour rester à la page de l’actualité en termes de littérature de cinéma.

Allez, par simple curiosité et utopie d’exhaustivité, combien faudrait-il dépenser pour avoir tous ces livres sur vos étagères ? Plus de 700 euros pour les livres en français et quasiment autant pour ceux en anglais, italien, allemand et espagnol, en faisant abstraction des variations du taux de change !

Puisque les particuliers ayant de quoi investir chaque mois l’équivalent d’un smic dans des livres de cinéma doivent être extrêmement peu nombreux, voici les quelques sorties littéraires qui nous font particulièrement envie. Aux côtés du très bel hommage rendu par Third Éditions à l’immense compositeur de musique de film John Williams, qui continue à 92 ans sa collaboration fidèle avec Steven Spielberg, nous nous intéressons particulièrement à la face sombre et celle plus lumineuse du cinéma français.

Alors que la parole des victimes des sévices sexuels commis dans le milieu du cinéma est de plus en plus souvent transmise par voie écrite – et tant mieux –, l’enquête de deux journalistes du Monde révèle à quel point l’ogre Gérard Depardieu a pu y profiter pendant trop longtemps d’une certaine impunité. Heureusement, l’autobiographie truffée d’anecdotes du réalisateur Jean-Marie Poiré, le père des Visiteurs, est là pour nous remonter le moral ! Enfin, un coup de chapeau à part en direction des Éditions L’Arachnéen, qui ont osé entreprendre le travail titanesque de l’édition des écrits de la réalisatrice belge Chantal Akerman en trois volumes et près de mille six-cents pages !

La Planète des singes Du roman aux écrans la fabuleuse histoire © 2024 Éditions Pix’n Love Tous droits réservés

Six hommes et une femme sont donc mis à l’honneur dans les rayons spécialisés de vos librairies depuis le mois dernier. Ils sont tous francophones et pratiquement tous connus du grand public. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à apprendre sur les trajectories en parallèle de ces deux monstres sacrés du cinéma français des années 1960, ’70 et ’80 que sont Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Même si ce duo d’acteurs qui s’était croisé chez Marc Allégret, Jacques Deray et Patrice Leconte avait déjà fait l’objet d’une étude approfondie il y a vingt ans par Philippe Durant et en 2010 par Olivier Rajchman.

Par contre, les livres consacrés à Depardieu et Poiré ont ceci d’unique que pour l’un, il s’attaque aux pieds d’argile de l’acteur déchu et qu’il fournit la somme hilarante d’une filmographie qui s’est essentiellement arrêtée à la fin du siècle dernier pour l’autre.

La France d’hier et d’aujourd’hui se croise à travers les livres retraçant les vies hors du commun de Marcel Pagnol et d’Omar Sy. Pour le premier, c’est une façon de commémorer les cinquante ans de sa mort, survenue le 18 avril 1974, par le biais de deux livres en ce mois de triste anniversaire. Pour le deuxième, la période est autrement plus faste, puisque la sortie de son livre d’entretiens avec la journaliste Elsa Vigoureux a coïncidé à quelques jours près avec l’inauguration d’un cinéma portant son nom dans sa ville natale de Trappes et de son inclusion dans le jury du prochain Festival de Cannes.

Chantal Akerman : Œuvre écrite et parlée de Chantal Akerman (Éditions L’Arachnéen – 69€)
Alain Delon / Jean-Paul Belmondo : Delon Belmondo de Samuel Blumenfeld (Éditions des Équateurs – 22€)
Gérard Depardieu : Une affaire très française de Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld (Éditions Albin Michel – 20€90)
Marcel Pagnol : Marcel Pagnol Autant en emporte la gloire de Jean-Jacques Jelot-Blanc (Éditions Privat – 21€90)
Jean-Marie Poiré : Rire est une fête Mémoires cash d’un réalisateur culte de Jean-Marie Poiré (Éditions Michel Lafon – 20€95)
Omar Sy : Viens on se parle de Omar Sy et Elsa Vigoureux (Éditions Albin Michel – 19€90)

Le Roi et l’oiseau © 2024 Éditions Capricci Tous droits réservés

Certes, on n’y est pas encore tout à fait, mais le Festival de Cannes fait d’ores et déjà parler de lui depuis le mois d’avril. Ainsi, nous avons droit à la réédition du récit de la première édition du festival empêchée en 1939, édité une première fois en 2016, et à son analyse historique d’un point de vue syndical, voire militant. Lui aussi avait fait partie intégrante du cérémoniel déployé sur la Croisette pratiquement chaque mois de mai : l’ancien délégué général et président du festival Gilles Jacob continue de publier des ouvrages joliment nostalgiques. Cette fois-ci, il s’agit d’un gros pavé de portraits d’actrices et d’acteurs français, consacrant en moyenne deux pages à Isabelle Adjani, Anouk Aimée, André Alerme, Mathieu Amalric et ainsi de suite.

Quatre films ou univers sont mis sous les feux des projecteurs confidentiels de l’édition des livres de cinéma depuis quelques semaines. De quoi vous rappeler les heures de bonheur cinéphile passées en compagnie du Château ambulant de Hayao Miyazaki, de l’épique Paris brûle-t-il ? de René Clément, d’un autre chef-d’œuvre de l’animation Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault et des désormais neuf aventures autour de La Planète des singes, depuis la sortie ce jour sur les écrans de cinéma français de La Planète des singes Nouveau royaume de Wes Ball.

Enfin, double hommage à des figures de cinéma au sens large, disparus récemment, sous forme d’un recueil de critiques de Michel Ciment, décédé en novembre dernier, et de l’évocation en photos et quelques textes de l’amitié entre Bernard Eisenschitz et le réalisateur géorgien Otar Iosseliani, mort une semaine avant Noël. Alors qu’il nous a quittés il y a près d’un demi-siècle, le réalisateur italien Pier Paolo Pasolini continue à faire parler de lui, en l’occurrence à travers une exposition au Nouveau Musée National de Monaco encore jusqu’à fin septembre et le catalogue qui va avec.

Acteurs / actrices : A nos amours de Gilles Jacob, Marie Colmant et Gérard Lefort (Éditions Calmann Lévy / Grasset – 25€90)
Le Château ambulant : A la poursuite du Château ambulant de Frances Miro (Ynnis Éditions – 24€90)
Cinéma américain : Go West Entretiens cinéastes américains de Michel Ciment (Éditions Magnani – 30€)
Festival de Cannes : Cannes 1939 Le Festival qui n’a pas eu lieu de Olivier Loubes (Dunod Poche – 9€90) 2e édition
Festival de Cannes : Tapis rouge et lutte des classes de Tangui Perron (Les Éditions de l’Atelier – 16€)
Otar Iosseliani : Un merle chanteur Amitié avec Otar Iosseliani de Bernard Eisenschitz (Les Éditions de l’œil – 12€)
Marcel Pagnol : Marcel Pagnol Un autre regard de Karin Hann (Éditions Litos – 8€50)
Paris brûle-t-il ? : Paris brûle-t-il ? Quand le cinéma réinvente la Libération de Sylvie Lindeperg (Éditions Paris-Musées – 25€)
Pier Paolo Pasolini : Pasolini en clair-obscur de Guillaume De Sardes et Bartolomeo Pietromarchi (Flammarion – 39€)
La Planète des singes : La Planète des singes Du roman aux écrans la fabuleuse histoire de Nicolas Allard (Éditions Pix’n Love – 24€90)
Le Roi et l’oiseau : Le Roi et l’oiseau de Jean-Pierre Pagliano (Éditions Capricci – 35€)
John Williams : L’Œuvre de John Williams Le Chef d’orchestre des émotions de Jean-Christophe Manuceau (Third Éditions – 34€90)

Féminin / Masculin Réflexions sur le genre dans le cinéma et les séries anglophones © 2024 Artois Presses Université
Tous droits réservés

Ce n’est pas uniquement le niveau littéraire de la dizaine d’ouvrages destinés aux étudiants en cinéma qui peut s’avérer ardu. Leurs thématiques respectives nous paraissent tout aussi pointues. Cependant, il y a amplement de quoi s’interroger sur la création des mythes dans les années 1930 et même après, dans le cas de Gérard Philipe, la vedette à la trajectoire icarienne du cinéma français dans les années ’50. Et notre rapport à l’image est interrogé à travers un inventaire des procédés techniques propres au numérique et au rôle des médias qui font écran … de fumée.

Trois réalisateurs ont le privilège discutable du traitement universitaire avec le troisième et dernier tome d’un grand travail d’analyse autour du travail de Jean Renoir, le passage au crible spirituel des univers imaginés par l’insaisissable Terrence Malick et le rythme singulier qui serait à l’œuvre dans les films de Gus Van Sant.

Enfin, impossible à déterminer ce qui est le plus violent, entre le mythe d’Œdipe, la discrimination sexiste envers les femmes profondément enracinée dans la manière occidentale de raconter des histoires ou bien la fascination presque malsaine du public pour les personnages de méchants.

Cinéma français des années 1930 : La Fabrication des vedettes dans l’entre-deux-guerres de Anne Bléger et Myriam Tsikounas (Presses Universitaires de Rennes – 22€)
Esthétique : Projection Protection Les Médias qui font écran de Francesco Casetti (Éditions Mimésis – 22€)
Formats : Le Recadrage numérique au cinéma de Louise Gib (Presses Universitaires du Septentrion – 19€)
Études de genre : Féminin / Masculin Réflexions sur le genre dans le cinéma et les séries anglophones de Julie Assouly et Marianne Kac-Vergne (Artois Presses Université – 24€)
Terrence Malick : La Vierge et l’archange de Guilain Chaussard (Presses Sorbonne Nouvelle – 26€)
Gérard Philipe : Gérard Philipe Le Devenir d’un mythe de Violaine Houdart-Merot et AMarie Petitjean (Éditions Hermann – 24€)
Psychanalyse : Œdipe au cinéma de Vladimir Broda, Michèle Benhaim et Nina Farrugia (Éditions L’Harmattan – 30€)
Jean Renoir : Jean Renoir et la pensée des cinéastes L’exception d’une sagesse Tome 3 de Daniel Serceau (Éditions Mimésis – 35€)
Sociologie : Désirer la violence de Chloé Thibaud (Les Insolentes – 22€)
Gus Van Sant : Gus Van Sant Le Sens du rythme de Benoît Rivière (Classiques Garnier – 34€)

C’era una volta (uno scrittore) a Hollywood © 2024 Ombre corte Tous droits réservés

Peut-être n’avons-nous simplement pas poussé notre recherche à travers différents sites commerciaux pas assez loin. Toujours est-il que nous avons l’impression que les gros ouvrages édités par les universités américaines et britanniques, puis vendus au prix d’or, se font plutôt rares en ce milieu de printemps. Sans doute, les étudiants en arts des médias ont-ils autre chose à faire que de se remplir encore la tête avec des thématiques pointues. Grâce à la bonne santé des éditeurs italiens, notamment, cette variation en termes de productivité anglo-saxonne se fait à peine sentir.

Sinon, à condition de maîtriser tant soit peu les langues étrangères dans lesquelles ces livres sont rédigés, vous aurez droit aux suspects habituels, comme l’univers de James Bond, Charlie Chaplin, Rainer Werner Fassbinder, Quentin Tarantino et Luchino Visconti. Et même si le centenaire de la légende du cinéma du XXème siècle Marlon Brando a démultiplié les émissions et sorties de livres à son sujet, l’acteur phare du cinéma américain ne risque aucunement de tomber dans l’oubli de sitôt. La même chose vaut pour sa consœur Bette Davis, bien que l’approche à partir de son dernier film, Ma belle-mère est une sorcière de Larry Cohen, ait l’avantage d’une certaine originalité.

En termes de réalisateurs un peu moins omniprésents dans nos inventaires littéraires, on peut citer Kathryn Bigelow et Guillermo Del Toro dont le cinéma de genre fait réfléchir en Italie, ainsi que les britanniques Ken Loach et Derek Jarman, sollicités pour leur investissement social – ce qui était prévisible – et pour leur dernière demeure terrestre – ce qui l’est déjà beaucoup moins ! Enfin, les chefs-d’œuvre unanimement reconnus se bousculent depuis le mois dernier, entre Assurance sur la mort de Billy Wilder, Le Guépard de Luchino Visconti, L’Exorciste de William Friedkin et ses suites moins glorieuses, ainsi que Pulp Fiction de Quentin Tarantino qui fête déjà ses trente ans.

Assurance sur la mort : From the Moment They Met It Was Murder de Alain Silver et James Ursini (Running Press – 30$)
Kathryn Bigelow : Kathryn Bigelow L’arte del dinamismo plastico de Antonio Pettierre et Fabio Zanello (Falsopiano – 20€)
James Bond : James Bond and the Sixties Spy Craze de Thom Shubilla (Applause Books – 32$95)
Marlon Brando : Marlon Brando Hollywood Rebel de Burt Kearns (Applause Books – 29$95)
Charles Chaplin : Charlie Chaplin El pequeño vagabundo de Nuria Diaz (Editorial Libre Albedrio – 18€)
Cinéma japonais : Narradores del silencio La figura de los benshi en el cine japonés de los origenes de Maria Nieves Moreno Redondo (Prensas de la Universidad de Zaragoza – 28€)
Cinéma roumain : Klassiker des rumänischen Films de Dana Duma, Stephan Krause et Anke Pfeifer (Schüren Verlag – 18€)
Sergio Citti : Storie scellerate Il cinema di Sergio Citti de Roberto Baldassarre (Falsopiano – 22€)

L’Esorcista Guida alla saga horror demoniaca da The Exorcist a Believer © 2024 Shatter Agency Tous droits réservés

Bette Davis : Wicked Becomes Her de John William Law (Aplomb Books – 24$95)
Guillermo Del Toro : Beautiful Freak Le fiabe nere di Guillermo Del Toro de Emanuele Rauco (Bakemono Lab – 20€) 2e édition
Laura Dern / Diane Ladd : Honey Baby Mine de Laura Dern et Diane Ladd (Grand Central Publishing – 30$)
Économie du cinéma : Playing the Percentages How Film Distribution Made the Hollywood Studio System de Derek Long (University of Texas Press – 55$)
L’Exorciste : L’Esorcista Guida alla saga horror demoniaca da The Exorcist a Believer de Nico Parente, Roberto Giacomelli et Ilaria Lando (Shatter Agency – 22€)
Rainer Werner Fassbinder : Gender Literatur und Film Perspektiven auf die Literaturverfilmungen von Rainer Werner Fassbinder de Aleksandra Eliseeva (Transcript Verlag – 50€)
Le Guépard : The Leopard Il gattopardo de David Weir (BFI Film Classics – 12£99)
Histoire du cinéma : La familia del cine de Paulino Viota (Athenaica Ediciones – 30€)

Prospect Cottage Derek Jarman’s House © 2024 Thames and Hudson Tous droits réservés

Hollywood : The Fixer Moguls Mobsters Movie Stars and Marilyn de Josh Young et Manfred Westphal (Grand Central Publishing – 34$)
Derek Jarman : Prospect Cottage Derek Jarman’s House de Gilbert McCarragher (Thames and Hudson – 25£)
Ken Loach : Ken Loach Il cinema come lotta e testimonianza de Giorgio Barberis et Roberto Lasagna (Falsopiano – 20€)
Pulp Fiction : Pulp Fiction El libro del 30 aniversario de Quim Casas, José Luis Ordoñez et Adrian Sanchez (Notorious Ediciones – 30€35)
Religion : Warum ich ? Hiob-Motive im Spielfilm de Jörg Herrmann (Schüren Verlag – 28€)
Russ Tamblyn : Dancing on the Edge de Russ Tamblyn et Sarah Tomlinson (Blackstone Publishing – 28$99)
Quentin Tarantino : C’era una volta [uno scrittore] a Hollywood de Enrico Botta et Sara Corrizzato (Ombre corte – 23€)
Luchino Visconti : Luchino Visconti Epistolario 1920-1961 de Caterina D’Amico De Carvalho et Alessandra Favino (Edizioni Cineteca di Bologna – 29€)
Rebel Wilson : Rebel Rising A Memoir de Rebel Wilson (Simon and Schuster – 30$)
Anna May Wong : Not Your China Doll de Katie Gee Salisbury (Faber and Faber – 25£)

Tapis rouge et lutte des classes © 2024 Les Éditions de l’Atelier Tous droits réservés

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