Elle s’appelle Ruby
Etats-Unis : 2012
Titre original : Ruby Sparks
Réalisateur : Jonathan Dayton, Valerie Faris
Scénario : Zoe Kazan
Acteurs : Paul Dano, Zoe Kazan, Chris Messina, Annette Bening, Antonio Banderas
Distribution : Twentieth Century Fox France
Durée : 1h44
Genre : Comédie, Fantastique, Romance
Date de sortie : 03 octobre 2012
Globale : [rating:4.5][five-star-rating]
2012 est l’année Paul Dano: quatre films, dans lesquels le jeune acteur figure au générique, sortent en l’espace de deux mois! Parmi eux un film présenté hors compétition à Deauville, le très poétique Elle s’appelle Ruby. Derrière ce très bon film se cache le duo à la base d’une des perles du cinéma indépendant de ses dernières années: Little Miss Sunshine. Difficile d’égaler un aussi bon film et pourtant, Elle s’appelle Ruby le dépasse d’une courte tête.
Synopsis : Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.
Paul Dano Romancier
Dans Little Miss Sunshine il était Dwayne, adolescent en pleine détestation du monde extérieur au point qu’il refusait de parler à sa propre famille. Le film révéla au grand jour son talent et fut honoré du grand prix du festival de Deauville en 2006. Paul Dano a de plus été récompensé lors de cette édition 2012 par le prix « Nouvel Hollywood », sorte de meilleur espoir américain. Dans ce Elle s’appelle Ruby il est le jeune romancier Calvin Weir-Fields, passé à la postérité grâce à un roman devenu un classique et qui a mis une telle pression sur sa carrière qu’il n’a rien publié depuis. Le jeune homme a de plus un gros handicap: totalement asocial il ne voit guère que son frère et sa belle-sœur, et passe le plus clair de son temps cloîtré chez lui avec un chien peureux. C’est un rêve d’une extrême précision mettant en scène une jeune femme qui va lui donner envie de se remettre à écrire, pour être avec ce personnage au travers de son écriture. La question qui se pose alors: est-ce lui le marionnettiste qui a imaginé la demoiselle et qui la façonne, ou est-ce elle qui a une volonté propre, qui s’est révélée à lui en rêve et le manipule? C’est toute la question posée par le film. Paul Dano y est totalement bluffant, en peureux un peu ringard très névrosé. Zoe Kazan, également auteure du scénario, révèle un double talent. Elle est parfaite en Ruby, à la fois angélique et avec ce petit plus de folie douce. Le fait que le couple de personnages soit également un couple dans la vie a surement beaucoup joué dans la création de cette ambiance: on sent la force de leur relation au-delà de leur personnage, le casting est sans faille.
Alter-ego de papier et Libre Arbitre
À partir du moment où Ruby va débouler dans sa vie, Calvin va trouver une certaine stabilité. L’ayant décrite selon ses propres standards féminins en matière d’affection, la demoiselle semble parfaite. Les réalisateurs passent très rapidement outre le côté surréaliste et fantastique de l’apparition de Ruby, qui donne naissance à quelques situations comiques du meilleur goût, mais sans jamais expliquer comment une telle chose est possible. En l’occurence cela n’a aucune importance et les plus rationnels devront faire avec. Dans la première partie du film on en vient même à penser comme Harry, le frère de Calvin, qui suggère que cette femme pourrait être une manipulatrice ayant eu accès au roman et l’utiliser à son avantage. Cette théorie est très rapidement balayée dés que Calvin donne la preuve qu’il a réellement une influence sur la destiné de cette Ruby, en couchant ses volontés sur le papier.
Tout l’intérêt du film repose sur des question existentielles liées au libre arbitre. Ruby n’est-elle qu’une création qui ne peut échapper aux ordres de son créateur? Mais dans ce cas pour quelle raison acquiert-elle une autonomie et développe-t-elle un caractère propre échappant à tout contrôle du romancier? Car la jeune femme va prouver qu’elle est capable d’autonomie en faisant ses propres choix à partir du « personnage de base » imposé par le romancier, s’éloignant sans cesse de l’idéal asymptotique imaginé par Calvin. C’est ce qui en fait un film si intéressant.
Mais n’allez pas imaginer Elle s’appelle Ruby comme un film prise de tête car trop métaphysique, il n’en est rien. Si l’histoire offre effectivement plusieurs niveaux de lecture et nous amène à nous interroger sur les questions évoquées plus haut, elle est filmée comme un film léger. C’est d’ailleurs ce qui en fait une oeuvre si poétique: ce mélange de comédie, de romance, puis vers la fin de puissance dramatique (une des dernières scènes opposant les deux protagonistes est d’une justesse incroyable). On rigole, on s’interroge, on a les larmes aux yeux, tout en étant pleinement « diverti ». Et on aimerait que les films puissent si souvent nous faire passer par tant d’émotions.
Résumé
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