El Limpiador
Pérou : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Adrián Saba
Scénario : Adrián Saba
Acteurs : Víctor Prada, Adrian Du bois
Distribution : Bobine Films
Durée : 1h35
Genre : Fantastique
Date de sortie : 18 décembre 2013
3,5/5
Présenté au Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) en 2012, où il remporta une mention spéciale, ce film fantastique péruvien était depuis resté inédit. Après l’émergence depuis peu d’une nouvelle vague colombienne, un nouveau pays d’Amérique latine commence à émerger sur la scène internationale : le Pérou, à confirmer avec ce joli moment de cinéma . El Limpiador représentera son pays lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Le thème de la filiation, cher aux votants de la catégorie du meilleur long-métrage étranger, et qui est au coeur du récit, pourrait lui permettre de surprendre et de faire partie de la liste finale.
Synopsis : À Lima, au Pérou, une épidémie inconnue frappe les habitants, les hommes adultes surtout, sans espoir de guérison. Douze heures après les premiers symptômes, les patients décèdent. Eusebio est chargé de débarrasser les rues des cadavres qui s’accumulent. Il passe ses journées tout seul, jusqu’à sa rencontre avec Joaquin, un enfant qui se retrouve sans famille après avoir soudain perdu sa mère.
La tête dans le carton
El Limpiador s’ouvre donc comme un récit post-apocalyptique traditionnel avec un virus mortel sans vaccin. Les rues de la capitale péruvienne sont quasiment vides, les passants se raréfient face à l’inéluctabilité de la menace. Pas de panique à l’écran, mais une tranquille indifférence de la rare population entraperçue. Ils meurent soudain sans crise ou se calfeutrent chez eux pour tenter d’éviter la contamination.
Son (anti)héros est ce nettoyeur d’un genre particulier, qui accomplit les tâches de son boulot comme n’importe quel autre, sans afficher son affect. Ni aimable ni antipathique, il n’a qu’un minimum de contact humain et effectue sa besogne sans qu’aucun sentiment ne s’affiche sur son visage ou dans son attitude. Petit à petit le récit révèle son propos central, avec l’adoption forcée d’un enfant par cet homme bourru. Leurs échanges sont dans la retenue, comme une relation qui ne peut être que provisoire. Le père malgré lui essaie bien de s’en débarrasser auprès des autorités débordées ou de trouver des membres de sa famille encore vivants. Mais face aux échecs de ces tentatives, ils doivent cohabiter et c’est petit à petit qu’une sobre affection s’installe. Face à cette épée de Damoclès qui le terrorise, l’enfant se cache dans une armoire pour ne pas tomber malade. Pour le calmer, l’homme va trouver une étonnante astuce. En posant un carton sur la tête du petit garçon, à la manière d’un Thomas Pynchon, il va l’apprivoiser et le guérir de sa peur.
Réunir un homme âgé apparemment indifférent au monde qui l’entoure à un enfant abandonné est un procédé de narration dramatique certes peu original mais pourtant le charme et l’émotion naissent grâce à une réalisation maîtrisée et un touchant duo d’acteurs, Víctor Prada et le jeune Adrian Du bois.
Adrian Saba, jeune réalisateur de 23 ans, a réalisé ce premier long-métrage dans le cadre de ses études. Si le scénario est un peu trop spartiate une fois le postulat de départ posé, il fait preuve d’une réelle maîtrise dans sa mise en scène. Il filme Lima comme une ville morte et fait évoluer ses personnages dans des cadres intelligemment posés qui font partie intégrante du rythme, avec une belle création visuelle du directeur de la photographie César Fe dont le travail rappelle le meilleur de Roger Deakins pour les frères Coen ou sur Skyfall de Sam Mendes. Un métro vide, peuplé de seulement deux ou trois passagers suffit à faire naître l’angoisse.
Résumé
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