Dragons 2
États-Unis : 2014
Titre original : How to Train Your Dragon 2
Réalisateur : Dean DeBlois
Scénario : Dean DeBlois, d’après l’oeuvre de Cressida Cowell
Acteurs : Jay Baruchel, Cate Blanchett, Gerard Butler
Distribution : Twentieth Century Fox
Durée : 1h45
Genre : Animation, Aventure
Date de sortie : 2 juillet 2014
Note : 3,5/5
Dragons ou Comment entraîner son dragon (la traduction littérale du long titre original) avait été une belle surprise en 2010. Quatre ans plus tard, cette suite toujours réalisée par Dean DeBlois, sans son coréalisateur d’alors Chris Sanders, se révèle supérieure à ce premier volet.
Synopsis : Tandis qu’Astrid, Rustik et le reste de la bande se défient durant des courses sportives de dragons devenues populaires sur l’île, notre duo désormais inséparable parcourt les cieux, à la découverte de territoires inconnus et de nouveaux mondes. Au cours de l’une de leurs aventures, ils découvrent une grotte secrète qui abrite des centaines de dragons sauvages, dont le mystérieux Dragon Rider. Les deux amis se retrouvent alors au centre d’une lutte visant à maintenir la paix. Harold et Krokmou vont se battre pour défendre leurs valeurs et préserver le destin des hommes et des dragons.
Une noirceur inattendue
Dean DeBlois revendique l’influence de L’Empire contre-attaque (jusqu’à un clin d’oeil évident) et précise que ce nouveau film sera le deuxième volet d’une trilogie. Le scénario de cette suite surprend par ses parti-pris narratifs et sa tonalité plus complexe. Il prend le temps de laisser naître l’émotion, notamment dans une belle séquence de retrouvailles en chanson, touchante et intime, et surtout évite les rebondissements typiques des films d’animation. Il se permet une noirceur inattendue pour une production destinée au jeune public, à l’image de prestigieux exemples plus anciens comme Là-haut ou Bambi. Contrairement à d’autres sagas animées, les personnages vieillissent et sont confrontés à des histoires dramatiques.
La grande force de Dragons 2 est d’oser les émotions fortes tout en préservant les espaces d’humour, et d’aller vers le côté obscur des dragons, présentés comme des créatures bienveillantes mais dont le potentiel destructeur reste enfoui en eux et peut ressurgir qu’ils le souhaitent ou non. Krokmou est adorable avec son maître Harold (Hiccup dans la vo) mais il a le pouvoir de faire du mal.
On retrouve les acteurs du premier volet qui reprennent leurs personnages, de Harold à sa fiancée et à ses amis (sacrifiés par l’histoire et limités à quelques séquences) ainsi que son père et le meilleur ami de celui-ci. Jay Baruchel (Harold) retrouve donc Gerard Butler (Stoik) mais aussi America Ferrera (Astrid), Jonah Hill (Rustik), Christopher Mintz-Plasse (Varek ), T.J. Miller (Kranedur) et Kristen Wiig (Ruffnut au tempérament de walkyrie). De nouveaux personnages font leur apparition dont l’un est doublé par Cate Blanchett dans une belle prestation vocale, entre chaleur douce et grande force de caractère. Djimon Hounsou prête sa voix à Drago Bludvist, un méchant réellement inquiétant, sans pitié, une rareté là encore dans un film d’animation. Eret, d’abord hostile et puis nouvel allié, est doublé par Kit Harrington, l’un des principaux protagonistes du Trône de fer (Game of thrones).
Un tour de force esthétique
Visuellement, le film est un tour de force grâce à 3D remarquablement utilisée et qui n’est pas tant spectaculaire que formidablement immersive notamment lors d’une superbe balade du héros avec son cher dragon au-dessus des nuages. La qualité de l’image bénéficie une nouvelle fois de l’expérience du directeur de la photographie Roger Deakins, complice de presque tous les films des frères Coen depuis Barton Fink ou aussi de Skyfall, le dernier James Bond. Il n’est certainement pas pour rien dans l’élégance des couleurs ocre du flash-back traumatisant d’une agression évoquée par le père. Ce deuxième volet fait autant penser à Avatar dans son rapport à la 3D et à la nature qu’au village des irréductibles gaulois d’Asterix devenus ici des vikings bourrus.
Le souffle épique de ce superbe dessin animé jamais enfantin est porté par la belle musique de John Powell. Si Harold est moins isolé que dans ses précédentes aventures, son côté marginal reste une composante majeure de sa psychologie. Les thématiques de l’amitié, de la jalousie, des liens familiaux et du lent apprentissage du sens des responsabilités sont traités avec complexité, loin de toute dimension moralisatrice.
Résumé
Dragons 2 est une belle surprise dans le cinéma d’animation a priori destiné au jeune public. Une suite audacieuse dans le traitement de ce récit d’aventures qui a le même sens du tragique et du merveilleux que les romans de Robert Louis Stevenson (L’île au trésor). La noirceur inattendue annonce la possibilité d’un virage prometteur pour le troisième et probablement dernier volet, autour de certains personnages dont le dragon fidèle qui s’avère bien plus complexe que le gentil animal de compagnie obéissant qu’il peut être. Une nouvelle saga produite par DreamWorks mais bien plus ambitieuse que leurs Shrek et autres Madagascar.