Résumé : 1922. Matthew Crawley est mort depuis six mois. Un temps qui n’a pas permis à Mary de faire son deuil. Elle n’arrive pas à accepter cette perte soudaine et se mure dans son chagrin. Le jeune George grandit dans les bras de sa nanny, auprès d’une mère accablée et incapable d’assumer son rôle. Pendant ce temps, la vie du domaine doit continuer. Une certitude partagée par Robert Crawley et Tom Branson. Le second, compatissant, souhaiterait voir Mary s’investir dans la gestion de Downton alors que le premier s’inquiète de l’état de la jeune veuve. Pendant ce temps, du côté des domestiques, O’brien s’est enfuit, Carson est en prise avec son passé et l’arrivée de la St Valentin fait chavirer des cœurs.
Siobhan Finneran a quitté la série et l’épisode démarre sur la rumeur du départ précipité de O’brien. Les petites mains de Downton font marcher leurs langues et chacun est bien vite informé de la fuite mystérieuse de la sévère femme de chambre. Ces scènes d’agitation sont entremêlées par de sombres images de Mary Crawley retranchée dans sa chambre, accablée par le chagrin. Matthew a disparu depuis six mois mais elle souffre comme au premier jour. Une souffrance attisant sa froideur naturelle, merveilleusement jouée par Michelle Dockery. Et c’est dans le traitement de cette douleur que le choix d’avoir laissé passer quelques mois prend son sens. Elle permet au spectateur d’entrevoir déjà le portrait d’un Downton en mutation.
La décision de ne pas s’attarder longuement sur la douleur, grâce à cet éloignement temporel, offre aux scénaristes la possibilité de développer des intrigues dès le premier épisode. Bien sûr, le personnage manque dès les premières minutes. Il a été l’un des piliers de la série et il est encore omniprésent. La réaction des personnages à cette mort brutale était attendue en conséquence. Mais plutôt que de la traiter, on l’évoque au passé. Certains diront que c’est une facilité scénaristique. D’autres que c’est un moyen de faire rapidement rebondir la série. En effet, cette distance semble être un premier coup de pinceau parfait, pour cette nouvelle toile à imaginer. Les résidents de Downton Abbey ont tourné la page et s’afférent désormais à faire vivre la demeure. Sans pour autant négliger le bien-être de Mary, d’Isobel et du petit George. Si les protagonistes abordent la mort de Matthew, c’est toujours pour s’inquiéter de leurs sorts respectifs. Ou de l’avenir du domaine.
Le chagrin de ces deux femmes est suffisant pour nous émouvoir pendant que les intrigues annexes s’installent confortablement. L’épisode évite l’écueil de l’étalage des sentiments et s’habille de la retenue qui caractérise la série. Si la mort de Lady Sybil avait été beaucoup plus poignante la saison dernière, il faut rappeler qu’elle intervenait en milieu de saison. Cette seconde perte se devait d’être traitée différemment puisqu’elle intervient à un moment différent. D’autant plus qu’elle fait également suite à la naissance d’un enfant.
Mary est un personnage fort et elle se relève déjà en fin d’épisode, après avoir fait tombé le masque. Pour elle, le retour à la vie se fait grâce au travail, avec la gestion du domaine. Si la trame concernant la gérance de celui-ci n’est pas forcément la plus excitante, elle reste intéressante car elle aborde en filigrane l’évolution de la société des années 20. Une évolution qu’incarne désormais l’autrefois sage Lady Edith. Entichée d’un homme marié, journaliste en devenir et aspirante à la vie mondaine londonienne, c’est un personnage plus que jamais en quête d’indépendance. Après la brise de fraîcheur qu’avait engendré les écarts de la regrettée Sybil, la position de sa sœur saura surement apporter un souffle de modernité. Un souffle renforcé par la place grandissante de l’impertinente Lady Rose dans la vie de Downton.
Il faut cependant espérer que les enjeux économiques et sociétaux sauront être contrebalancés par des intrigues se jouant des relations humaines. Les contrariétés émotionnelles manquent pour le moment de force ou reprennent des filons déjà exploités. À l’image de l’éternelle malice de Thomas, des perpétuelles interrogations amoureuses de Daisy ou de l’incomparable maladresse de Molesley. De même que la situation amoureuse de Branson, avec le retour d’un flirt autrefois passé sous silence. Cependant, c’est avec délice que nous retrouvons des personnages qui sont restés les mêmes, malgré les épreuves. Ce premier épisode nous replonge élégamment dans un Downton finalement peu changé, accompagné par l’affectueuse ironie de Lady Violet.
Et pour les plus impatients, voici un avant-goût de la 4e saison de Downton Abbey :