L’interprète culte du Vulcain aux longues oreilles est décédé ce vendredi 27 février à l’âge de 84 ans. Il avait interprété ce rôle emblématique de sa carrière à de très nombreuses reprises entre 1966 et 2013, de la première série de Gene Roddenberry narrant les voyages de l’Enterprise jusqu’à Star Trek Into Darkness de J.J.Abrams où il avait repris le rôle de la variation du futur du Spock joué par Zachary Quinto qu’il avait créé dans le long-métrage sorti en 2009.
Il avait un regard ambivalent sur ce personnage qu’il a parfois vu comme un frein à sa carrière mais qui lui avait donné une certaine forme d’immortalité, ce qui se reflète dans les titres de ses deux ouvrages, Je ne suis pas Spock (1975) puis Je suis Spock (1995)… même s’il affirmait dans une interview que cela l’amusait de perturber ses lecteurs avec ces deux titres contradictoires. Il a interprété ce rôle de 1966 à 1969 dans les trois saisons de la première série de science-fiction réellement populaire, plus grâce aux rediffusions que lors de sa première diffusion. Il reprend le rôle d’abord pour les deux saisons de la série animée créée en 1973 puis pour le premier film de cinéma réalisé par Robert Wise (Star Trek, le film). Il émeut les fans de la franchise lors de sa disparition dans Star Trek 2 : La Colère de Khan de Nicholas Meyer et les rassure dans Star Trek 3 : À la recherche de Spock qui marque ses débuts de réalisateur sur grand écran, un poste qu’il occupera également sur Star Trek 4 : Retour sur Terre, le plus grand succès en salles, le plus drôle aussi, avec ses sauvetages de baleines et le plaisir des joutes verbales entre le trio principal formé par le Capitaine Kirk (William Shatner), le Dr Bones (DeForest Kelley) et lui-même. C’est par ailleurs lui-même qui a apporté des éléments inoubliables de son personnage, le salut vulcain ou son ‘truc’ pour endormir ses adversaires souvent, ses amis parfois, d’un petit geste de la main comme il l’évoquait ci-dessous.
Il reprendra encore le rôle de Spock dans les trois films suivants de la franchise et dans la série Star Trek Next Generation pour un arc passionnant où son personnage a évolué, plus sec, isolé, autoritaire, amer et hostile. Il apparaît vocalement ou à l’écran dans les séries Les Simpsons (dont l’excellent épisode autour du monorail) et The Big Bang Theory où il est lui-même et/ou Spock.
http://youtu.be/OvNXolkz8-c
http://youtu.be/JjTv_bJRwf4
Il dirige encore Trois Hommes et un bébé (1985), le remake de Trois hommes et un couffin de Coline Serreau et Le Prix de la passion, un mélodrame avec Liam Neeson et Diane Keaton. Ses comédies Funny About Love (1990), avec Gene Wilder et Holy Matrimony (1994) avec la récente oscarisée Patricia Arquette et un tout jeune Joseph Gordon-Levitt ne marquent pas plus les esprits.
Préféré à Martin Landau pour le rôle de Spock, il succède à ce même acteur dans l’autre grande série de sa carrière, Mission Impossible où, comme son prédécesseur, il manie l’art du déguisement avec dextérité. La carrière de Leonard Nimoy ne se limite pas à cela. Avant d’explorer des mondes inconnus et découvrir de nouvelles civilisations ou de rejoindre l’équipe de Jim Phelps, il avait écumé les plateaux de la télévision, apparaissant à partir du milieu des années 50 dans de nombreuses séries emblématiques de la période comme Dragnet, La Flèche brisée, Remous (Sea Hunt) avec Lloyd Bridges, Bonanza, La Grande Caravane, Rawhide, 87th Precinct d’après les romans d’Ed McBain, La Quatrième Dimension (The Twilight Zone), Gunsmoke, Laramie, Les Incorruptibles, Perry Mason, Le Virginien, Combat !, Au-delà du réel, Des agents très spéciaux dans un épisode où il s’oppose à un personnage joué par William Shatner ou Max la Menace. Spock lui permettra d’obtenir trois nominations aux Emmy Awards de 1967 à 1969 avant d’en obtenir une quatrième pour le téléfilm Une femme nommée Golda, biographie dans lequel il joue l’époux de Golda Meir, premier ministre d’Israël jouée par Ingrid Bergman.
Plus homme de théâtre (il est notamment Stanley Kowalski dans une petite production d’Un Tramway nommé Désir en 1955 et Vincent Van Gogh dans la spectacle en solitaire Vincent: The Story of a Hero où il est Théo Van Gogh, rôle qu’il reprendra pour un téléfilm qu’il mettra également en scène) et de télévision, il fait néanmoins quelques apparitions au cinéma, et pas seulement avec des oreilles pointues. Il débute à l’aube des années 50 avec des apparitions dans trois longs-métrages signés Arthur Lubin, tient le rôle-titre du boxeur Kid Monk Baroni de Harold D. Schuster en 1952, est un extra-terrestre dénommé Narab dans Zombies of the Stratosphere de Fred C. Brannon et un indien dans Old Overland Trail de William Witney (1953), un militaire dans Des monstres attaquent la ville de Gordon Douglas (1954) et apparaît encore brièvement dans The Brain Eaters de Bruno VeSota (1958) un sous-Body Snatchers mais c’est à la télévision qu’il s’illustre en priorité.
En dehors de deux adaptations de Jean Genet, The Balcony de Joseph Strick d’après « Le Balcon » (1963) avec Shelley Winters en mère maquerelle et Deathwatch de Vic Morrow, d’après « Haute Surveillance » (1966) puis de Catlow de Sam Wanamaker (1971) où il est un chasseur de primes cruel qui poursuit Yul Brynner et un groupe de pilleurs de banque, on se souvient plutôt de lui dans Sept jours en mai de John Frankenheimer (une brève apparition), dans un épisode de Columbo (Le Spécialiste / A Stitch in Crime en 1973) dans le rôle d’un médecin assassin opposé à l’inspecteur débonnaire et dans L’Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman, premier remake du classique de la science-fiction L’Invasion des Profanateurs de sépultures de Don Siegel, dans lequel il est particulièrement excellent, l’une de ses performances qui font naître un regret sur ce qu’il subsiste de sa carrière avec le temps.
Ces dernières années, il s’était surtout illustré dans la série Fringe où il était le professeur William Bell, le nemesis du professeur Walter Bishop interprété par John Noble. Ses apparitions dans la série créée par J.J.Abrams ne sont certainement pas sans lien avec le fait qu’il a accepté de reprendre le rôle de Spock dans les deux films réalisés par Abrams en 2009 et 2013, le dernier film étant une libre adaptation de l’histoire centrale de La Colère de Kahn et de sa suite directe. On entend encore sa voix dans les films Transformers 3: La face cachée de la lune où il est la voix du méchant Sentinel Prime et dans le film d’animation Drôles d’oiseaux en 2012.
Chanteur occasionnel, il a interprété… la balade de Bilbo Baggins !!! Oui, le Hobbit !!! C’est à découvrir ci-dessous :
http://youtu.be/AGF5ROpjRAU
Champion olympique de consommation de cigarettes, selon ses propres mots, il décède des suites d’une maladie pulmonaire chronique. Il était marié depuis 1989 à Susan Bay, la cousine de Michael Bay.
MISE A JOUR : ses vieux compagnons de la série, George Takei et William Shatner ont exprimé leur peine à l’annonce de sa disparition, ce dernier déclarant : « Je l’aimais comme un frère. Son humour, son talent et sa capacité à aimer va nous manquer ».
Pour le plaisir ci-dessous, une publicité amusante pour Audi qui réunit les deux Spock…
http://youtu.be/WPkByAkAdZs