L’acteur américain Denzel Washington sera le prochain lauréat de l’AFI Life Achievement Award. C’est ce que les responsables de l’American Film Institute ont annoncé le 5 octobre. La soirée festive lors de laquelle Washington recevra l’une des plus hautes distinctions du cinéma américain aura lieu à Los Angeles l’année prochaine, le jeudi 6 juin 2019. Washington succède à l’acteur et réalisateur George Clooney, honoré cet été entre autres en compagnie de Cate Blanchett, Bill Murray et Shirley MacLaine. Il est le 47ème lauréat, depuis la création du prix en 1973, et seulement le troisième acteur afro-américain, après son idole Sidney Poitier en 1992 et Morgan Freeman en 2011. Pour l’anecdote, Washington était également la troisième vedette afro-américaine à recevoir le prix honorifique Cecil B. DeMille de la presse étrangère à Hollywood en janvier 2016, toujours après Poitier et Freeman.
Si cette distinction prestigieuse est donc amplement méritée, elle manque tout de même un peu d’originalité. Plutôt que de faire un copier-coller de notre texte d’il y a trois ans, que vous pourriez retrouver ici, nous tenterons donc de retracer brièvement la carrière de Denzel Washington (*1954) selon ses deux axes principaux : l’art et le commerce. Car si l’ambition professionnelle de l’acteur ne réside pas vraiment du côté des films d’auteur, il a néanmoins attaché beaucoup d’importance, dès ses débuts au cinéma, à interpréter des personnages valorisants aux yeux de sa communauté. Cet engagement, hérité au moins indirectement de son mentor Poitier, s’est ainsi manifesté très tôt dans des films comme Soldier’s story et Hurricane Carter de Norman Jewison, Cry Freedom Le Cri de la liberté de Richard Attenborough, Glory de Edward Zwick, Malcolm X de Spike Lee, Philadelphia de Jonathan Demme, Le Plus beau des combats de Boaz Yakin et plus récemment L’Affaire Roman J. de Dan Gilroy. Sans surprise, c’est pour bon nombre de ces films qu’il a été nommé à l’Oscar. Son travail en tant que réalisateur suit exactement la même voie, comme le prouvent Antwone Fisher en 2002, The Great Debaters en 2007 et Fences en 2016.
Or, si Denzel Washington est resté jusqu’à ce jour la figure de proue du cinéma afro-américain, c’est aussi grâce à ses projets plus commerciaux, qui peuvent se réjouir globalement de recettes plus qu’honorables au box-office américain et à l’international. Ces choix de carrière alternatifs ont commencé au milieu des années 1990, avec notamment L’Affaire Pélican de Alan J. Pakula et Bone collector de Phillip Noyce, ainsi qu’une collaboration soutenue avec les réalisateurs Tony Scott (USS Alabama, Man on Fire, Déjà vu, L’Attaque du métro 123 et Unstoppable), Edward Zwick (A l’épreuve du feu et Couvre-feu) et Antoine Fuqua (Training Day, Equalizer, Les Sept mercenaires et Equalizer 2). Même ses films suivants pour Spike Lee – He Got Game et Inside Man L’Homme de l’intérieur – s’inscrivent dans ce glissement progressif vers un cinéma purement commercial.
Neuf fois nommé à l’Oscar et deux fois oscarisé, pour Glory en 1990 et Training Day en 2002, Denzel Washington est tout aussi populaire aux Golden Globes, qui l’avaient récompensé pour Glory et Hurricane Carter, avant donc leur prix d’honneur il y a deux ans. Au Festival de Berlin, il a gagné à deux reprises l’Ours d’argent du Meilleur acteur pour Malcolm X en 1993 et pour Hurricane Carter en 2000. Et parmi d’autres, il a déjà reçu les prix honorifiques du Festival de San Sebastian en 2014 et de l’American Society of Cinematographers en 2017.