L’écrivain, scénariste et réalisateur français Jean Vautrin est décédé ce jour à Gradignan, près de Bordeaux. Il était âgé de 82 ans. Après une première carrière sous son véritable nom Jean Herman au cinéma, où il avait notamment réalisé Adieu l’ami et participé au scénario de Garde à vue, il avait adopté le nom de plume Jean Vautrin, Prix Goncourt en 1989 pour le roman « Un grand pas vers le bon dieu ».
La vie active, variée et aventureuse, de Jean Vautrin avait commencé en Inde où il avait occupé le poste d’assistant-réalisateur de Roberto Rossellini sur Inde Terre mère en 1959. Deux ans plus tard, il avait également assisté Jacques Rivette à la réalisation de Paris nous appartient. Après s’être fait la main sur quelques courts-métrages de fiction et documentaires, Vautrin avait lui-même réalisé cinq longs-métrages entre ’67 et ’72 : l’adaptation de Raymond Queneau Le Dimanche de la vie avec Danielle Darrieux, Jeff avec Alain Delon et Mireille Darc, Adieu l’ami avec Delon et Charles Bronson, La Garce et le truand avec Claudia Cardinale et L’œuf avec Guy Bedos.
En plus d’écrire les scénarios de ses trois derniers films, Jean Vautrin avait collaboré en tant que scénariste avec d’autres réalisateurs à partir du milieu des années ’70, comme Claude Pinoteau (Le Grand escogriffe), Georges Lautner (Flic ou voyou et Le Guignolo), Gérard Pirès (L’Entourloupe), Claude Miller (Garde à vue), Jacques Deray (Le Marginal), Gilles Béhat (Rue Barbare, Urgence et Charlie Dingo) et Yves Boisset (Canicule et Bleu comme l’enfer). Les dialogues de la plupart de ces scénarios étaient signés Michel Audiard.
Pour des raisons familiales, qu’il évoque dans l’émission de Thierry Ardisson dont vous trouvez un extrait à la fin de cet article, Jean Vautrin avait par la suite pris ses distances avec le monde du cinéma. Il était parti vivre à la campagne, près de Bordeaux, et avait adopté son nom de plume en hommage au héros de « La Comédie humaine » d’Honoré de Balzac. D’abord attaché en tant qu’écrivain au genre policier, à travers « A bulletins rouges », « Billy-Ze-Kick » et « Bloody Mary », il a progressivement élargi son champ littéraire. Vautrin gagnera ainsi en notoriété, grâce aux « Aventures de Boro, Reporter photographe », aux nouvelles « Patchwork » et « Baby-boom », aux romans « Un grand pas vers le bon Dieu » Prix Goncourt en ’89, « Symphonie grabuge » et « Gipsy blues », ainsi qu’au long récit historique de « Quatre soldats français » pendant la Première Guerre mondiale.
En 1982, Jean Vautrin a gagné le César du Meilleur scénario pour Garde à vue aux côtés de Claude Miller et Michel Audiard.