Décès du réalisateur Tonino Valerii

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Reconnu surtout pour Mon nom est Personne, le réalisateur et scénariste italien Tonino Valerii, est décédé ce vendredi 14 octobre à l’âge de 82 ans. Ce western réunit deux personnalités aux parcours radicalement différents : l’italien Terence Hill et l’américain Henry Fonda, dans un rôle loin du méchant sans pitié de Il était une fois dans l’Ouest. Le réalisateur Sergio Leone est d’ailleurs à l’origine de cet hommage irrévérencieux au western traditionnel qui mêle un humour distancié à une réelle émotion, légèrement atténuée par une distance ironique. Le sourire décontracté de Terence Hill en apprenti fine gâchette, la capacité de Fonda à sortir de son emploi habituel et la partition exagérément souriante de Ennio Morricone, à la imite de la caricature dans certaines envolées mais inoubliable, créent un décalage entre la forme et le fond.

Pourtant, ne nous y trompons pas, la profondeur du propos n’est pas étouffée, notamment grâce à la relation qui se noue entre le vétéran élégamment nommé Jack Beauregard et le jeune homme sans nom (un de plus dans l’univers de Leone) qui veut sortir son héros de la retraite et le pousser à affronter tout seul un gang de 150 mercenaires. Le scénario de Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi interroge la légende de l’Homme de l’Ouest à la manière de L’Homme qui tua Liberty Valance et retrouve l’esprit de sa maxime, «Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende». Tonino Valerii a eu avec ce western plus complexe qu’il ne le laisse apparaître, caché derrière l’adjectif trompeur de «spaghetti», le talent de capter la dernière grande prestation de Henry Fonda avant son ultime coup d’éclat, La Maison du lac, qui lui vaudra un bien tardif Oscar du meilleur acteur. Un très grand moment du cinéma de cette période qui prend de la grandeur à chaque nouvelle vision.

Terence Hill et Henry Fonda dans Mon Nom est Personne
Terence Hill et Henry Fonda dans Mon Nom est Personne

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Né le 20 mai 1934, Tonino Valerii avait fait ses études au Centre expérimental de cinématographie de Rome et débutera son expérience dans le monde du cinéma en 1963 en participant à l’écriture du scénario de Tutto è musica de Domenico Modugno. Avant de devenir réalisateur, il fut brièvement assistant sur quelques films, d’abord pour Raffaello Matarazzo (sur I Terribili sette) puis pour Sergio Leone sur le diptyque Pour une poignée de dollars / Et pour quelques dollars de plus.

Il débute sa carrière de réalisateur avec plusieurs westerns, à commencer par Per il gusto di uccidere en 1966, dont l’anti-héros, un chasseur de primes, suit à la trace des diligences pour arrêter des braqueurs mais attend qu’ils aient commis leurs méfaits. Il enchaîne avec Le Dernier Jour de la colère avec Giuliano Gemma et Lee Van Cleef (avec une musique de Riz Ortolani reprise par Quentin Tarantino pour Kill Bill volume 2) puis avec Texas, toujours avec Gemma, autour d’un complot pour assassiner le président James Garfield, un western «politique» qui n’est pas sans lien avec le meurtre de Kennedy (voir photo ci-dessous) et agréablement illustré par un grand compositeur du cinéma italien, l’argentin Luis Bacalov.

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Il signe ensuite le drame érotique Une jeune fille nommée Julien, le film noir Folie meurtrière, enquête sur un kidnapping d’enfant qui a mal tourné, La Horde des salopards, variante à peine déguisée du classique de Robert Aldrich, Les Douze Salopards, transposé durant la guerre civile américaine, avec James Coburn, Bud Spencer et Telly Savalas. Après le succès de Personne, ses films suivants, dont Profession garde du corps (1975), un thriller avec Fabio Testi, Les Requins du désert (1977), récit de vengeance avec Franco Nero et Michel Constantin ou Sicilian Connection (1987), marqueront moins les esprits. Il réalise un dernier long-métrage en 1997 après quelques téléfilms plus ou moins anonymes.

Tonino Valerii, Sergio Leone et Henry Fonda sur le tournage de Mon nom est personne
Tonino Valerii, Sergio Leone et Henry Fonda sur le tournage de Mon nom est personne