Le réalisateur sud-coréen Kim Ki-duk est décédé avant-hier à Riga en Lettonie d’une infection au coronavirus. Il aurait eu 60 ans dix jours plus tard. Il fut un temps, pendant les années 2000, où Kim était à l’avant-garde du cinéma asiatique et plus spécifiquement sud-coréen. Ses films faisaient alors la tournée des festivals les plus prestigieux et bon nombre d’entre eux, dont les plus populaires Printemps été automne hiver … et printemps et Locataires, ont été distribués au cinéma en France. Or, son style radical et assez inégal était un peu passé de mode ces dernier temps. Sans oublier de sinistres affaires d’accusation d’attouchement sexuel révélées à partir de 2017 dans le sillage du mouvement #MeToo. Kim était arrivé récemment dans les pays baltes, afin de s’y installer et d’y tourner un nouveau film pour lequel il avait déposé une demande de subventions.
Alors qu’il avait tourné ses trois premiers longs-métrages au cours de la deuxième moitié des années 1990, Kim Ki-duk avait surtout commencé à se faire un nom en occident avec son quatrième L’Île, présenté en compétition au Festival de Venise en l’an 2000. Comme c’était le cas pour la plupart des cinéastes asiatiques à l’époque, la découverte de son œuvre s’était faite un peu dans le désordre en France par la suite. Ainsi, le succès public de Printemps été automne hiver … et printemps en 2004 avait incité les distributeurs à sortir d’autres films antérieurs de lui. Or, d’un point de vue chronologique, les thrillers sombres Adresse inconnue et The Coast Guard avaient été tournés en amont du conte des saisons.
Même avant de connaître la notoriété internationale, Kim Ki-duk avait adopté un rythme de production soutenu, avec en moyenne un film par an. Sur ses films, il cumulait souvent les casquettes de réalisateur, scénariste et producteur, voire de chef opérateur, de monteur et de décorateur. Jusqu’à la fin des années 2000, il signait ainsi responsable de films aussi remarqués dans les salles art & essai que Samaria, Locataires, L’Arc, Time, Souffle et Dream. Sa frénésie créative avait beau ne pas faiblir au cours de la décennie qui s’achève, ses films rencontraient de moins en moins le succès. Seuls deux d’entre eux ont été distribués dans les salles françaises ces dernières années : Pieta et Entre 2 rives.
Kim Ki-duk avait obtenu ses prix les plus importants au Festival de Venise : un Lion d’argent en 2004 pour Locataires et le Lion d’or du jury de Michael Mann pour Pieta huit ans plus tard. A Berlin, il avait gagné un Ours d’argent en 2004 pour Samaria. Et à Cannes, où Souffle faisait partie de la compétition en 2007, il avait remporté le prix Un certain regard en 2011 pour le documentaire autobiographique Arirang.