Décès du réalisateur Franco Zeffirelli

0
1647
Roméo et Juliette © 1968 Paramount Pictures Tous droits réservés

Le réalisateur italien Franco Zeffirelli est décédé le 15 juin à Rome. Il était âgé de 96 ans. Un homme de théâtre et d’opéra au moins autant qu’un homme de cinéma, Zeffirelli s’était fait connaître surtout grâce à ses adaptations filmiques des grands classiques de William Shakespeare, tels que La Mégère apprivoisée, Roméo et Juliette et Hamlet, ainsi qu’à ses mises en scène d’opéras. Dans les années 1990, il avait été sénateur au parlement italien pendant sept ans pour le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi.

« Jésus de Nazareth » © NBC Universal Tous droits réservés

Enfant illégitime placé dans l’orphelinat de sa ville natale de Florence, où il fut enterré en grande pompe hier, Franco Zeffirelli s’intéresse assez tôt à la littérature anglaise en général et à Shakespeare en particulier grâce à l’intervention de sa nounou britannique. Étudiant en architecture, il s’essaie de même après la guerre au métier de comédien et joue dans quelques pièces mises en scène par le réalisateur Luchino Visconti. Il en deviendra l’assistant sur trois films, La Terre tremble, Bellissima et Senso. Le jeune Zeffirelli occupera le même poste auprès de Antonio Pietrangeli pour Du soleil dans les yeux et Le Célibataire. Après un premier long-métrage assez anonyme en 1958, la comédie Camping avec Nino Manfredi, et un travail abondant à l’opéra, notamment avec la légendaire Maria Callas, il trouve son filon cinématographique neuf ans plus tard par le biais de La Mégère apprivoisée avec le couple très en vogue à l’époque Elizabeth Taylor et Richard Burton. Son plus grand succès commercial survient l’année suivante à travers Roméo et Juliette avec Leonard Whiting et Olivia Hussey, cinquième au classement annuel du box-office américain et à ce jour l’adaptation d’une pièce de Shakespeare au cinéma ayant conquis le plus de spectateurs à travers la planète.

Hamlet © 1990 Warner Bros. Tous droits réservés

A partir des années 1970, le réalisateur s’était essayé aux récits chrétiens, avec des biographies filmiques de François d’Assise – François et le chemin du soleil avec Graham Faulkner – et du Christ – la mini-série italienne coûteuse « Jésus de Nazareth » avec Robert Powell et une pléthore de vedettes hollywoodiennes, à l’image de La Plus grande histoire jamais contée de George Stevens. Après une parenthèse hollywoodienne aux résultats douteux à laquelle appartiennent Le Champion avec Jon Voight et Ricky Schroder et Un amour infini avec Brooke Shields, Zeffirelli allait largement revenir à ses productions prestigieuses habituelles jusqu’à la fin de sa carrière, soit en transposant des opéras sur grand écran avec La Traviata et Otello interprétés par Placido Domingo, soit en explorant le monde culturel du côté de Arturo Toscanini (Toscanini avec C. Thomas Howell et Elizabeth Taylor), de William Shakespeare (Hamlet avec Mel Gibson et Glenn Close), de Charlotte Brontë (Jane Eyre avec William Hurt et Charlotte Gainsbourg) ou encore de Maria Callas (Callas forever avec Fanny Ardant et Jeremy Irons). Dans son avant-dernier film, Un thé avec Mussolini avec Cher et Judi Dench, le réalisateur avait recréé le monde de son enfance à Florence dans les années ’30.

Callas forever © Bac Films Tous droits réservés

Franco Zeffirelli a été nommé à deux reprises à l’Oscar, en tant que Meilleur réalisateur pour Roméo et Juliette en 1969 et pour les Meilleurs décors de La Traviata en 1983. Avec sa mort, il ne reste plus que trois réalisateurs vivants, nommés à l’Oscar pour un film des années ’60 : Claude Lelouch pour Un homme et une femme en 1967, Norman Jewison pour Dans la chaleur de la nuit en 1968 et Costa-Gavras pour Z en 1970. Il est par ailleurs l’un de seulement deux réalisateurs nommés pour avoir créé les décors de leur propre film avec Max Ophüls, nommé en 1955 pour Le Plaisir. Le National Board of Review lui avait attribué le prix du Meilleur réalisateur en 1969 pour Roméo et Juliette. Et il avait gagné deux Emmies consécutifs en 1985 et ’86 pour l’adaptation de ses mises en scène d’opéra à la télévision.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici