Le réalisateur et monteur anglais Anthony Harvey est décédé le 23 novembre dernier à Southampton, dans l’état de New York. Il était âgé de 87 ans. Connu surtout pour avoir réalisé Le Lion en hiver, qui avait valu à Katharine Hepburn son troisième Oscar, Harvey s’était distingué auparavant en tant que monteur, notamment en collaborant avec Stanley Kubrick sur Lolita et Docteur Folamour.
Dans son adolescence un acteur occasionnel, comme dans César et Cléopâtre de Gabriel Pascal aux côtés de Vivien Leigh et de Claude Rains, Anthony Harvey avait réellement commencé à travailler pour le cinéma au milieu des années 1950 en tant que monteur. Dans cette capacité, il avait ainsi collaboré au cours d’une dizaine d’années avec des réalisateurs tels que John Boulting (Ce sacré z’héros et Après moi le déluge) et son frère jumeau Roy Boulting (Ce sacré confrère et Gai gai marions-nous), Guy Green (Le Silence de la colère), Anthony Asquith (Les Dessous de la millionnaire), Bryan Forbes (La Chambre indiscrète et Les Chuchoteurs), Martin Ritt (L’Espion qui venait du froid) et donc le maître Stanley Kubrick pour Lolita et Docteur Folamour. Harvey avait également assuré le montage de son premier film en tant que réalisateur en 1966, Dutchman avec Shirley Knight et Al Freeman Jr.
C’est l’acteur Peter O’Toole, ayant vu et aimé son premier long-métrage, qui avait proposé Anthony Harvey pour réaliser l’adaptation de la pièce de théâtre Le Lion en hiver en 1968. Or, après ce premier succès, le reste de la filmographie du réalisateur avait peiné à décoller réellement. Aucun des six films suivants de Harvey n’a ainsi laissé de trace indélébile dans l’Histoire du cinéma, ni Le Rivage oublié avec George C. Scott et Joanne Woodward, ni The Abdication et Richard’s things avec Liv Ullmann, ni Smash avec Ali MacGraw et Maximilian Schell et pas davantage son dernier film Grace Quigley en 1984, avec Katharine Hepburn dans son dernier rôle principal. En parallèle, il avait mis en scène quatre téléfilms plutôt prestigieux : « La Ménagerie de verre », toujours avec Hepburn, « The Disappearance of Aimee » avec Faye Dunaway et Bette Davis, « Svengali » avec Peter O’Toole et Jodie Foster et enfin « Un amour oublié » en 1994, qui réunissait Katharine Hepburn et Anthony Quinn à la toute fin de leurs carrières respectives.
Anthony Harvey a été nommé à l’Oscar du Meilleur réalisateur en 1969 pour Le Lion en hiver. Ce dernier lui avait de même valu une nomination aux Golden Globes, ainsi que le prix de la Directors Guild. A ce sujet, Anthony Harvey était le premier réalisateur à être distingué de la sorte par ses confrères, sans par la suite gagner aussi l’Oscar correspondant. Ce fait plutôt rare ne s’est par la suite reproduit que six fois, avec les réalisateurs toujours parmi nous Francis Ford Coppola pour Le Parrain, Steven Spielberg pour La Couleur pourpre, Ron Howard pour Apollo 13, Ang Lee pour Tigre et dragon, Rob Marshall pour Chicago et Ben Affleck pour Argo. Harvey a néanmoins eu l’honneur de tenir un Oscar ce soir-là, puisqu’il avait accepté celui de la Meilleure actrice, gagné par Katharine Hepburn – comme presque toujours absente de la cérémonie – ex æquo avec Barbra Streisand dans Funny girl.