Né en Argentine en 1933, le compositeur Luis Enríquez Bacalov est rentré dans l’Histoire du cinéma grâce à ses musiques de films pour le cinéma italien. Il est d’ailleurs décédé dans sa patrie d’adoption, à Rome, ce mercredi 15 novembre. Parmi ses grands thèmes, signalons en premier lieu ceux créés pour Django de Sergio Corbucci, L’Évangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini qui lui a valu sa première nomination aux Oscars et Le Facteur de Michael Radford qui lui a permis de le remporter en 1996, doublé d’un Bafta. Il a été nommé à trois reprises aux David di Donatello, pour Le Facteur, La Trêve de Francesco Rosi et La Rabbia de Louis Nero. Pianiste virtuose, il était autant doué pour les thèmes délicats et classiques que pour de réelles envolées lyriques ou des tentatives plus modernes voire expérimentales.
Sa première partition est pour Questi fantasmi d’Eduardo De Filippo en 1954, mais ce n’est que cinq ans plus tard qu’il s’installera en Italie, après plusieurs rencontres avec des chanteurs italiens, et où il composera la quasi totalité de ses partitions, dont beaucoup de westerns mais aussi de films policiers. Il a composé plusieurs bandes originales pour Damiano Damiani (L’Ennui et sa diversion, l’érotisme ; La strega in amore ; El Chuncho), Elio Petri (L’Ennui, d’après Alberto Moravia ; À chacun son dû) et surtout Fernando Di Leo, notamment pour Milan Calibre 9, Le Boss, Séduction, Salut les pourris, Ursula l’anti-gang ou Colère noire.
Il a collaboré avec bien d’autres grands noms du cinéma italien, malgré la concurrence de Ennio Morricone (dont il fut l’assistant pendant plusieurs années avant de se brouiller avec lui), Nino Rota ou Armando Trovajoli. Il a également travaillé pour Lucio Fulci (Les Deux de la Légion étrangère), Ettore Scola (Cent millions ont disparu), Lina Wertmüller (Questa volta parliamo di uomini), Ruggero Deodato (I quattro del pater noster), Luigi Zampa (Una questione d’onore), Alberto Lattuada (L’amica), Pasquale Festa Campanile (Une vierge pour le prince), Renato Castellani (Fantômes à l’italienne), Federico Fellini (La Cité des femmes) ou Francesco Rosi (La Trêve).
Il s’est aussi illustré avec les musiques de Gringo joue et gagne d’Umberto Lenzi ; La pecora nera de Luciano Salce, avec Vittorio Gassman dans deux rôles, ceux de frères jumeaux, l’un homme politique incorruptible, l’autre un escroc ; Casse au Vatican d’Emilio Miraglia ; Texas de Tonino Valerii ; Une rose pour tous de Franco Rossi ; Per amore… per magia… de Duccio Tessari ; Chappaqua, film sur la Beat Generation de Conrad Rooks, avec William Burroughs, Allen Ginsberg, Jean-Louis Barrault, Ravi Shankar en Dieu du Soleil et Ornette Coleman ; Super témoin de Franco Giraldi ; La victime désignée de Maurizio Lucidi ; On m’appelle King de Giancarlo Romitelli ; Scandale à Rome de Carlo Lizzani ; Trois salopards, une poignée d’or de Maurizio Lucidi ; Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, avec Bud Spencer ; La dernière chance de Maurizio Lucidi, film noir avec Eli Wallach, Ursula Andress et Fabio Testi ; La Police au service du citoyen de Romolo Guerrieri ; Coup de foudre et Les Enfants du siècle de Diane Kurys ; Le Juge de Philippe Lefebvre ; Amour, piments et bossa nova de Fina Torres et Assassination Tango de Robert Duvall. Il est également crédité sur deux autres films de Michael Radford : B.Monkey, avec Asia Argento et Elsa & Fred avec Shirley MacLaine et Christopher Plummer.
Au début des années 70, il participe au groupe rock New Trolls. Il fait partie des compositeurs cités à plusieurs reprises chez Quentin Tarantino, des thèmes du Grand Duel et de Meurtres au soleil d’Antonio Isasi sont utilisés dans Kill Bill puis la chanson titre de Django (avec les paroles signées Franco Migliacci et la voix de Rocky Roberts) et le thème La Corsa du même film ainsi qu’un extrait de On m’appelle King pour son Django unchained dans lequel Franco Nero faisait une apparition clin d’oeil.
https://youtu.be/do6ulJT–mk