Le chef opérateur américain John Bailey est décédé hier à Los Angeles. Il était âgé de 81 ans. Responsable de l’aspect visuel de plus de 70 films au cours d’une carrière longue de quarante ans, Bailey avait à plusieurs reprises collaboré avec les réalisateurs Paul Schrader, Lawrence Kasdan et Ken Kwapis. En outre, il était derrière la caméra de films aussi mémorables que Des gens comme les autres de Robert Redford, Un jour sans fin de Harold Ramis, Dans la ligne de mire de Wolfgang Petersen, Un homme presque parfait de Robert Benton et Pour le pire et pour le meilleur de James L. Brooks.
Au début des années 1970, John Bailey avait commencé en bas de l’échelle des métiers visuels au cinéma en tant que caméraman. Il avait occupé ce poste tout au long de la décennie sur des films tels que Macadam à deux voies de Monte Hellman, Welcome to Los Angeles de Alan Rudolph, Le Chat connaît l’assassin de Robert Benton, Trois femmes de Robert Altman et Les Moissons du ciel de Terrence Malick. Après avoir été une première fois embauché comme chef opérateur sur Délire de Alan Rudolph en 1972, il avait plus durablement signé responsable de l’image de films à partir de American Gigolo de Paul Schrader en 1980. La même année, il avait accompagné Robert Redford sur son premier film en tant que réalisateur, Des gens comme les autres, qui avait gagné quatre Oscars en 1981 dont celui du Meilleur Film.
Dès lors, les services de John Bailey étaient très demandés puisqu’il allait collaborer au fil de la décennie avec de nombreux réalisateurs de renom. Parmi eux figurent John Schlesinger (Honky Tonk Freeway), Michael Apted (Deux drôles d’oiseaux), Paul Schrader (La Féline, Mishima et Electric Blue), Lawrence Kasdan (Les Copains d’abord, Silverado et Voyageur malgré lui), Richard Benjamin (Les Moissons du printemps), Stuart Rosenberg (Le Pape de Greenwich Village), Walter Hill (Crossroads), Jonathan Demme (Swimming to Cambodia) et Norman Mailer (Les Vrais durs ne dansent pas).
Le même régime prestigieux s’était appliqué pour lui au cours des années ’90, grâce à Un pourri au paradis de Herbert Ross, le documentaire Une brève histoire du temps de Errol Morris, Un jour sans fin de Harold Ramis, Dans la ligne de mire de Wolfgang Petersen, Un homme presque parfait de Robert Benton, Mesure d’urgence de Michael Apted, Pour le pire et pour le meilleur de James L. Brooks, D’une vie à l’autre de Richard LaGravenese, Escapade à New York de Sam Weisman, Les Amants éternels de Paul Schrader et Pour l’amour du jeu de Sam Raimi. Alors que John Bailey avait filmé les spectacles d’artistes tels que Lily Tomlin, c’est pendant cette période qu’il réalisait son seul film de fiction, le thriller Lune rouge avec Ed Harris et Madeleine Stowe.
Toujours aussi actif à partir des années 2000, John Bailey avait pourtant participé à moins de films majeurs au cours des vingt dernières années de son parcours professionnel. On peut en citer le documentaire The Kid stays in the picture de Nanette Burstein et Brett Morgen, Les Divins secrets et Mad Money de Callie Khouri, Comment se faire larguer en 10 leçons de Donald Petrie, Quatre filles et un jean, Permis de mariage, Ce que pensent les hommes, Miracle en Alaska et Randonneurs amateurs de Ken Kwapis, La Main au collier de Gary David Goldberg et Deuxième chance à Brooklyn de Phil Alden Robinson.
En 2015, John Bailey a reçu le prix honorifique du syndicat des chefs opérateurs américains, l’American Society of Cinematographers. De 2017 à 2019, il a été le président de l’Académie du cinéma américain. Il était marié pendant plus de cinquante ans à la monteuse Carol Littleton (E.T. L’Extra-terrestre) qui aurait dû recevoir dans une semaine un Oscar d’honneur. Or, la cérémonie des Governors Awards a été repoussée au mois de janvier, en raison de la grève des acteurs américains qui vient de s’achever.