Décès du chef opérateur Dick Pope

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Le chef opérateur anglais Dick Pope est décédé avant-hier à Londres. Il était âgé de 77 ans. Un collaborateur extrêmement fidèle de Mike Leigh, Pope avait signé responsable de la photographie de pas moins de douze films du réalisateur, depuis Life is Sweet en 1990 jusqu’à son dernier film Hard Truths qui devrait sortir en France l’année prochaine. En parallèle, Pope avait de même collaboré avec des réalisateurs aussi reconnus que Christopher McQuarrie, Barry Levinson, John Sayles et Richard Linklater.

Avant de devenir l’un des chefs opérateurs les plus recherchés du cinéma anglophone à partir des années ’90, Dick Pope avait emprunté quelques détours professionnels. Ainsi, il avait d’abord travaillé sur des documentaires pour la télévision, puis pendant une dizaine d’années dans le milieu exclusif des clips musicaux, dont ceux d’artistes de renom comme Iron Maiden, Queen, Erasure, Rick Astley et Kylie Minogue. Alors qu’il avait déjà sporadiquement participé en tant que caméraman à des tournages de films comme A Bigger Splash de Jack Hazan, 1984 de Michael Radford et Aux sources du Nil de Bob Rafelson, c’est sa rencontre avec Mike Leigh pour le troisième long-métrage de celui-ci, Life is Sweet, qui allait le faire accéder au poste de chef opérateur à part entière en 1990.

Ensemble, ils allaient donner au cinéma britannique quelques uns de ses films les plus marquants, au cours d’une collaboration hautement fructueuse qui aura donc duré près de 35 ans. Que ce soient des drames sociaux contemporains comme Naked, Secrets et mensonges – Palme d’or au Festival de Cannes en 1996 –, Deux filles d’aujourd’hui, All or Nothing, Be Happy, Another Year et Hard Truths, ou bien les épopées historiques Topsy-Turvy, Vera Drake – Lion d’or au Festival de Venise en 2004 –, Mr Turner et Peterloo, la caméra de Dick Pope a su se montrer sans faille à la hauteur des ambitions narratives et esthétiques de Mike Leigh.

Ce qui ne veut pas dire que Dick Pope ait été le maître de la lumière d’un seul et unique réalisateur. Bien au contraire, puisque le rythme de tournage assez détendu de Mike Leigh lui avait laissé le temps d’exercer son art auprès d’autres cinéastes. Parmi eux, on peut citer Mike Newell (An Awfully Big Adventure), Beeban Kidron (Au cœur de la tourmente), Christopher McQuarrie (Way of the Gun), Douglas McGrath (Nicholas Nickleby), Neil Burger (L’Illusionniste), Barry Levinson (Man of the Year), John Sayles (Honeydripper), Gurinder Chadha (Le Journal intime de Georgia Nicolson), Richard Linklater (Orson Welles et moi et Bernie), Brian Helgeland (Legend), Chiwetel Ejiofor (Le Garçon qui dompta le vent), Edward Norton (Brooklyn Affairs) et Harry Macqueen (Supernova).

Dick Pope a été nommé à deux reprises à l’Oscar de la Meilleure photo, pour L’Illusionniste en 2007 et pour Mr Turner huit ans plus tard. L’American Society of Cinematographers l’avait nommé pour les mêmes deux films, tandis que l’Académie du cinéma britannique ne l’avait nommé qu’à un seul BAFTA côté cinéma pour Mr Turner et à un autre côté télévision en 1988 pour la mini-série « Porterhouse Blue ». Son travail remarquable sur Mr Turner lui avait valu de nombreux prix critiques, dont celui de la National Society of Film Critics et le prix technique du Festival de Cannes en 2014.