Décès d’Eli Wallach, un mythe du cinéma

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Né le 7 décembre 1915, Eli Wallach disparaît à l’âge de 98 ans. Il était Tuco alias la brute dans le chef d’oeuvre inoubliable de Sergio Leone (Le Bon, la Brute et le Truand), le gris entre le noir si noir Lee Van Cleef et le blanc, pas si blanc Clint Eastwood qu’il surnommait ‘affectueusement’ Blondie en VO, blondin en VF. Sa course effrénée dans le cimetière sur la musique de Ennio Morricone (The ecstasy of gold) est l’une des plus belles scènes de l’histoire du cinéma.

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When you have to shoot, shoot, don’t talk, lançait-il à un homme déterminé à l’abattre alors qu’il prenait tranquillement son bain. Ce rôle est emblématique de sa présence, de son aisance à abattre ses réparties comme ses adversaires avec la même évidence. Son jeu était intense, éclatant avec un sens de l’ironie que l’on devinait derrière un regard perçant qui pouvait glacer ses adversaires qu’il savait mépriser avec un certain génie, comme le pathétique Curt Jurgens dans Lord Jim de Richard Brooks où il était un général sans pitié contre lequel luttait Peter O’Toole.

Formé à l’Actor’s Studio, il était un grand acteur de théâtre. Il avait remporté un Tony Award pour La Rose Tatouée de Tennessee Williams, l’auteur par ailleurs de Baby Doll, son premier rôle au cinéma sous la direction d’Elia Kazan qui avait là capté une forme de sauvagerie sexuelle et qui restera comme l’une des quelques compositions marquantes d’une filmographie d’une grande richesse. À l’égal d’un Marlon Brando ou d’un James Dean, il a fait partie de cette génération qui a bouleversé les codes du jeu hollywoodien.

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Parmi ses autres prestations marquantes, il était un truand sans pitié dans The Lineup de Don Siegel, complice d’un tueur qui prenait un malin plaisir à noter les dernières paroles de ses victimes, une des mauvaises rencontres de Marilyn Monroe dans Les Désaxés (The Misfits) de John Huston et l’adversaire cruel des Sept Mercenaires de John Sturges. On le voit aussi dans Comment voler un million de dollars de William Wyler, L’Or de MacKenna de Jack Lee Thompson, Les Grands Fonds de Peter Yates, La Théorie des dominos de Stanley Kramer, Le Chasseur de Buzz Kulik et même dans un film français, Le Cerveau de Gérard Oury où il était un mafioso. Plus tardivement, il est méconnaissable en chasseur de primes vieillissant mais obstiné qui poursuit sans relâche Kirk Douglas dans Coup double de Jeff Kanew, un psychiatre dans Cinglée de Martin Ritt, avec Barbra Streisand et un grand mafieux qui s’attaque à la famille Corleone dans Le Parrain 3 de Francis Ford Coppola.

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Il était revenu en force ces dernières années malgré son âge avancé, faisant des apparitions significatives dans Au nom d’Anna d’Edward Norton, Mystic River où il retrouvait son vieux complice Clint Eastwood dans un bref rôle de barman, Faussaire de Lasse Hallstrom où il faisait un beau plongeon dans sa piscine, The Ghost Writer de Roman Polanski où il donnait des indices précieux à Ewan McGregor et dans le film collectif New York, I Love You où il était le mari de Cloris Leachman. Il a eu un joli rôle de scénariste à l’ancienne dans The Holiday de Nancy Meyers où il créait lien tendre avec Kate Winslet, agissant comme un conseiller matrimonial avec une pointe de magie. C’est leur relation amicale inattendue qui reste le principal intérêt de cette classique comédie romantique. Dans Wall Street 2, sa dernière apparition sur grand écran, il était un financier suffisamment âgé pour avoir vécu la crise de 1929 mais qui n’en avait manifestement rien appris.

THE GHOST WRITER

Étrangement, il n’a jamais été nommé aux Oscars mais a reçu un trophée pour l’ensemble de sa carrière en 2011.

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