Le sportif, acteur et criminel condamné américain O.J. Simpson est décédé hier à Las Vegas des suites d’un cancer. Il était âgé de 76 ans. Après une carrière brillante de joueur de football américain au début des années 1970 et quelques seconds rôles au cinéma, entre autres dans les films catastrophe La Tour infernale et Le Pont de Cassandra, ainsi que la série des Y a-t-il un flic pour … ?, O.J. Simpson était surtout resté gravé dans la conscience collective américaine à cause de son procès pour double meurtre en 1995.
Accusé d’avoir sauvagement assassiné son ex-femme Nicole Brown et son ami Ronald Goldman le 12 juin 1994, il avait été acquitté au pénal à l’issue d’un procès au retentissement médiatique inégalé. Reconnu coupable au civil et condamné à payer 33 millions de dollars de dommages et intérêts aux proches de ses victimes présumées, Simpson avait quand même fini par aller en prison, quoique dans le cadre d’une toute autre affaire.
Pourtant, tout avait si bien commencé. Repéré très tôt pour ses capacités physiques, O.J. Simpson fait des merveilles sur le terrain de jeu de football américain de son université de Californie du Sud. Il enchaîne des records sous les couleurs des San Francisco 49ers et des Buffalo Bills, jusqu’à être nommé meilleur joueur de l’année en 1973. Conscient de la fin prévisible de sa carrière sportive, Simpson commence ensuite à chercher à se diversifier, d’abord dans la publicité et son partenariat avec le service de location de voitures Hertz, puis en acceptant de petits rôles au cinéma.
Il tient son premier rôle d’envergure en 1974 dans L’Homme du clan de Terence Young, suivi la même année par le blockbuster avant l’heure La Tour infernale de John Guillermin. Jusqu’à la fin de la décennie, Simpson continue sur sa lancée dans des films tels que Les Mercenaires de Val Guest, Le Pont de Cassandra de George Pan Cosmatos, Capricorn One de Peter Hyams – enfin dans un rôle légèrement plus substantiel – et L’Arme au poing de Michael Winner.
Surtout présent sur le petit écran au cours des années ’80, O.J. Simpson réussit une sorte de retour en grâce dans son rôle du détective Nordberg, le fidèle et malchanceux acolyte du lieutenant Frank Drebin, rendu immortel par Leslie Nielsen dans les trois parodies imaginées par le trio Zucker, Abrahams, Zucker. Grâce à Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? en 1988 et Y a-t-il un flic pour sauver le président ? en 1991, tous deux de David Zucker, ainsi que Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? L’Ultime outrage de Peter Segal en 1994, sa popularité demeure quasiment intacte.
Puis survint la nuit fatidique de juin 1994, lorsque les corps de son ex-femme Nicole Brown et l’ami de celle-ci Ronald Goldman sont trouvés sauvagement massacrés dans l’entrée de leur maison à Los Angeles. Un faisceau d’indices inculpe O.J. Simpson, qui clame son innocence. Il est finalement arrêté cinq jours plus tard, après une longue course poursuite au ralenti retransmise en direct sur toutes les chaînes de télévision américaines.
Le procès l’année suivante se transforme lui aussi rapidement en foire médiatique, menée tambour battant par l’équipe d’avocats vedettes engagée par Simpson. Celle-ci finit par lui obtenir un acquittement le 3 octobre 1995, après les délibérations en un temps record des douze jurés. Cependant, avec sa réputation anéantie et ses finances en berne, O.J. Simpson est reconnu coupable au civil en février 1997 et condamné à verser plus de 33 millions de dollars de dommages et intérêts.
Tombé irrémédiablement en disgrâce, O.J. Simpson essaie de monnayer ses déboires judiciaires en 2006 en écrivant un livre qui raconte comment il s’y serait pris, s’il avait commis ce fameux double meurtre. L’année suivante, il est rattrapé par la justice à Las Vegas, après avoir voulu récupérer sous la menace d’une arme des objets que des collectionneurs lui auraient volés. Simpson est alors condamné à 33 ans de prison, quoique libéré au bout de neuf ans en 2017 pour bonne conduite.
Ce dernier chapitre mouvementé de sa vie a donné lieu à bon nombre de traitements. Parmi eux, les deux plus marquants restent la mini-série imaginée par Ryan Murphy « American Crime Story : Le Peuple contre O.J. Simpson », Meilleure mini-série ou téléfilm aux Emmies en 2016, dans laquelle Cuba Gooding Jr. avait interprété Simpson, ainsi que le documentaire fleuve O.J. Made in America de Ezra Edelman, Oscar du Meilleur documentaire en 2017, qui évoque en plus de sept heures l’histoire mi-abjecte, mi-tragique de cette figure américaine tristement célèbre.