Le réalisateur, scénariste et producteur Menahem Golan qui avait dirigé la Cannon avec son cousin Yoram Globus est décédé ce vendredi 8 août 2014 à l’âge de 85 ans. Affaibli physiquement mais au tempérament toujours aussi vivace, il avait fait une dernière apparition publique lors du dernier festival de Cannes qui lui avait rendu hommage (et à son cousin) à l’occasion de la présentation du documentaire The Go Go Boys de Hila Medalia qui revenait sur leur parcours commun. ‘ Cannes a fait beaucoup pour nous, nous avons fait beaucoup pour Cannes ‘ avait-il alors affirmé avec une malice non feinte.
Ce pionnier du cinéma israélien (sa réalisation Operation Thunderbolt avait été nommée à l’oscar du film étranger en 1977 tout comme sa production Sallah Shabati en 1964) s’était imposé sur la scène internationale en rachetant à la fin des années 70 la Cannon qui deviendra le principal pourvoyeur de séries B d’action des années 80 avec ses vedettes maison : Chuck Norris (la série des Portés Disparus, Invasion USA…), Charles Bronson (Un justicier dans la ville 2 et ses suites et variantes), Sylvester Stallone (Cobra, Over the top) ou Michael Dudikoff (American Ninja). Golan a également découvert Jean-Claude Van Damme lancé avec Bloodsport grâce à un savant étalage de son talent à une table de restaurant. On leur doit aussi les déshabillés Berlin Affair avec Gudrun Landgrebe et Bolero avec Bo Derek ou le navrant Superman IV. Il avait produit plusieurs films de Tobe Hooper, dont Massacre à la tronçonneuse 2 et Lifeforce, qui était lui-même présent à Cannes cette année.
La Cannon a aussi eu la volonté de soutenir le cinéma d’auteur avec Robert Altman (Fool for love), Jean-Luc Godard (King Lear), Andreï Konchalovsky (Maria’s Lovers, Runaway Train, Tango & Cash) ou Franco Zeffirelli (Otello), Fred Schepisi (Un Cri dans la nuit qui a permis à Meryl Streep de remporter un prix d’interprétation à Cannes), Barbet Schroeder (Barfly), Jerry Schatzberg (La Rue) ou John Cassavetes (Love Streams, Ours d’or à Venise). Après une série de projets onéreux qui ont ruiné l’entreprise, l’aventure s’est achevée en 1993. Pourtant, Menahem Golan n’avait jamais abandonné l’idée de revenir au premier plan, affirmant avoir encore des projets lorsqu’il a présenté The Go-Go Boys à Cannes. Il avait réalisé son dernier film, sur une carrière qui en comptait tout de même plus de 40, en 2008 avec la comédie Marriage Agreement.
Il avait reçu le prix Raimondo Rezzonico du meilleur producteur indépendant au Festival de Locarno en 2010 pour l’ensemble de sa carrière.
‘ Pour devenir réalisateur, il ne faut rien faire d’autre, voler l’argent, tuer sa tante et faire le film ‘, donnait-il comme leçon dans ce film. Une certaine idée du cinéma indépendant et populaire disparaît avec cette personnalité forte et pragmatique du cinéma contemporain qui n’hésitait pas à payer ses spectateurs à ses débuts pour qu’ils remplissent les salles !
Belle surprise, The Go Go Boys sortira en salles le 22 octobre prochain, ce genre de documentaires étant généralement interdit de grand écran, comme le confirme le destin des récents documentaires sur Roger Corman (Le Monde de Corman) ou sur la transition de la pellicule vers le numérique (Side by side). Un autre documentaire, Electric Boogaloo : The Wild, Untold Story of Cannon Films de Mark Hartley et avec apparemment beaucoup plus de témoignages inédits, sera présenté au Festival de Toronto cet automne.