L’actrice américaine Piper Laurie est décédée le 14 octobre à Los Angeles. Elle était âgée de 91 ans. Connue surtout de nos jours pour son rôle de la mère pathologiquement pieuse dans Carrie au bal du diable de Brian De Palma, Laurie avait eu une carrière longue d’une soixantaine d’années, quoiqu’à la chance variable. Après avoir été l’une des dernières actrices sous contrat dans l’un des grands studios hollywoodiens, elle avait abandonné les plateaux de cinéma au profit du théâtre et de la télévision, pour ne revenir que grâce à son rôle emblématique dans L’Arnaqueur de Robert Rossen en 1961. Après une nouvelle absence des plateaux, son rôle le plus célèbre en 1976 a été suivi essentiellement par quelques personnages mémorables à la télévision, y compris dans la série « Twin Peaks » de David Lynch.
Engagée par le studio Universal au début des années 1950, Piper Laurie avait enchainé alors les films sans grand intérêt dans lesquels elle servait de faire-valoir à ses partenaires masculins. Pendant cinq ans, elle avait partagé l’affiche avec Ronald Reagan (Louisa de Alexander Hall), Tony Curtis (Le Voleur de Tanger de Rudolph Maté, Le Fils d’Ali-Baba de Kurt Neumann, No Room for the Groom de Douglas Sirk et Les Bolides de l’enfer de George Sherman), Tyrone Power (Le Gentilhomme de la Louisiane de Rudolph Maté), Rock Hudson (Qui donc a vu ma belle ? de Douglas Sirk et La Légende de l’épée magique de Nathan Juran) et Van Johnson (Kelly et moi de Robert Z. Leonard).
Déçue par le manque d’opportunités à Hollywood, elle avait alors bifurqué vers la télévision naissante et le théâtre, n’apparaissant au cinéma au cours de la deuxième moitié des années ’50 que dans Femmes coupables de Robert Wise.
La chance semblait enfin lui sourire en 1961, grâce à son rôle dans L’Arnaqueur de Robert Rossen aux côtés de Paul Newman. Or, les producteurs de cinéma n’avaient rien de valable à lui proposer par la suite. Ce qui, après quelques rôles supplémentaires à la télévision, l’avait incité à prendre sa retraite anticipée, afin de pouvoir s’occuper de son mari et de leur fille. Son nouveau retour en grâce eut lieu en 1976, à travers l’adaptation magistrale de Stephen King effectuée par Brian De Palma dans Carrie au bal du diable. Piper Laurie y campe l’un des rôles les plus jouissifs du cinéma d’horreur : la mère frigide et fanatique religieuse de la jeune femme aux pouvoirs surnaturels qui avait alors lancé la carrière de Sissy Spacek.
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Même si sa présence sur le grand écran était un peu plus soutenue par la suite, Piper Laurie restait au moins autant fidèle aux téléfilms et autres séries à succès. Au cinéma, on a encore pu la voir dans Ruby de Curtis Harrington, Oz Un monde extraordinaire de Walter Murch, Les Enfants du silence de Randa Haines, Rendez-vous avec la mort de Michael Winner, Larry le liquidateur de Norman Jewison, L’Amour en trop de Bruce Beresford, Trauma de Dario Argento, Crossing Guard de Sean Penn, The Faculty de Robert Rodriguez, The Dead Girl de Karen Moncrieff, ainsi que Undercover Une histoire vraie de Yann Demange, son dernier film sorti en France en janvier 2019.
En parallèle, elle participait à de nombreux téléfilms prestigieux, comme « Le Bunker » de George Schaefer, « Toughlove » et « La Promesse » de Glenn Jordan et « Inherit the Wind » de Daniel Petrie. De même pour d’innombrables séries et mini-séries à succès au fil du temps : « Les Oiseaux se cachent pour mourir », « Hôpital St. Elsewhere », « Hôtel », « Arabesque », « Matlock », « La Belle et la bête », « Twin Peaks », « Urgences », « Frasier », « Will and Grace » et « New York Unité spéciale ».
Piper Laurie a été nommée à trois reprises à l’Oscar, dans trois décennies consécutives : comme Meilleure actrice dans L’Arnaqueur en 1962, puis comme Meilleure actrice dans un second rôle dans Carrie au bal du diable en 1977 et dans Les Enfants du silence en 1987. Pour son travail à la télévision, elle a été nommée à neuf reprises à l’Emmy. Elle l’avait gagné en 1987 comme Meilleure actrice dans un second rôle dans un téléfilm pour « La Promesse ».
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