Décès de l’actrice Monica Vitti

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L’Avventura © 1960 Enrico Appetito / Produzioni Cinematografiche Europee / Société Cinématographique Lyre /
Cino Del Duca / Théâtre du Temple Distribution Tous droits réservés

L’actrice italienne Monica Vitti est décédée hier à Rome. Elle était âgée de 90 ans. Indissociable des films de Michelangelo Antonioni, dans lesquels elle incarnait à la perfection la névrose de la femme moderne, Vitti avait par la suite changé de registre en apparaissant principalement dans des comédies. Pourtant, son image énigmatique hantera à jamais l’Histoire du cinéma, grâce à ses trois films majeurs d’Antonioni : L’Avventura, La Nuit et L’Éclipse.

La Nuit © 1961 Sergio Strizzi / Nepi Film / Silver Films / United Artists / Pretty Pictures Tous droits réservés

Venue du théâtre, Monica Vitti avait réellement fait ses premiers pas au cinéma devant la caméra de Michelangelo Antonioni. C’était en 1960 pour L’Avventura, l’un des premiers films à explorer les thèmes chers au réalisateur, à savoir l’incommunicabilité et la contemplation hors des structures dramatiques classiques. Après ce premier succès critique, Prix du jury au Festival de Cannes, le couple actrice / réalisateur avait enchaîné directement sur La Nuit, Ours d’or au Festival de Berlin en 1961, dans lequel Vitti partageait l’affiche avec Marcello Mastroianni et Jeanne Moreau. Puis vint L’Éclipse et sa relation tortueuse devenue mythique entre les personnages incarnés par Vitti et Alain Delon. Là encore, le jury cannois était conquis, puisqu’il avait attribué au film son prix spécial.

Antonioni et Vitti allaient faire équipe pour l’avant-dernière fois sur Le Désert rouge, Lion d’or au Festival de Venise en 1964, qui vient de ressortir en salles chez Carlotta Films. Vous pourriez donc le revoir sur grand écran en l’honneur de l’actrice.

Le Désert rouge © 1964 Film Duemila / Francoriz Production / Carlotta Films Tous droits réservés

Après ces trois, voire quatre films entrés directement au panthéon du cinéma, Monica Vitti avait tenté de diversifier ses rôles. Elle y procédait en privilégiant dès lors des personnages plus comiques. Ce fut le cas, entre autres, chez Alessandro Blasetti (un épisode de Les Quatre vérités), Roger Vadim (Château en Suède), Joseph Losey (Modesty Blaise), Mario Monicelli (La Fille au pistolet) et Ettore Scola (Drame de la jalousie).

A partir des années ’70, les rôles se faisaient plus rares et moins prestigieux pour Vitti, en dépit du film à épisodes Drôles de couples de Vittorio De Sica et Mario Monicelli, de La Pacifista de Miklos Jancso, Moi la femme de Dino Risi, Poussière d’étoiles de Alberto Sordi, Le Fantôme de la liberté de Luis Buñuel, La Raison d’état de André Cayatte, Les Monstresses de Luigi Zampa, ainsi qu’un très rare film américain dans sa filmographie majoritairement italienne : Un scandale presque parfait de Michael Ritchie.

Modesty Blaise © 1966 Norman Hargood / 20th Century Fox Productions / The Walt Disney Company France
Tous droits réservés

En 1980, elle avait retrouvé pour la dernière fois Michelangelo Antonioni sur Le Mystère d’Oberwald, avant de prendre progressivement sa retraite. Cependant, après avoir refait équipe avec Mario Monicelli sur Chambre d’hôtel, Steno sur Le Tango de la jalousie et Alberto Sordi sur Je sais que tu sais, elle tourne en 1983 Flirt pour son mari Roberto Russo. Puis, elle change même radicalement de casquette en se mettant elle-même en scène aux côtés de Elliott Gould dans Scandale secret, présenté au Festival de Cannes dans la section Un certain regard en 1990.

Monica Vitti avait gagné l’Ours d’argent de la Meilleure actrice au Festival de Berlin en 1984 pour Flirt. Le Festival de Venise lui avait attribué un Lion d’or honorifique en 1995.

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