L’actrice espagnole Marisa Paredes est décédée hier matin à Madrid des suites d’un problème cardiaque. Elle était âgée de 78 ans. L’une des actrices attitrées de Pedro Almodóvar, elle avait joué dans six films du légendaire réalisateur, notamment dans La Fleur de mon secret et dans le chef-d’œuvre Tout sur ma mère. Mais elle avait également su briller en dehors de cet univers filmique singulier, entre autres en collaborant avec des cinéastes aussi reconnus que Fernando Trueba, Raoul Ruiz, Guillermo Del Toro et Manoel De Oliveira.
Alors que Marisa Paredes ne s’était réellement imposée sur la scène du cinéma espagnol, puis international, qu’à partir des années 1980, elle avait tenu ses premiers rôles vingt ans plus tôt dans des films comme L’Horrible docteur Orlof de Jess Franco. Son premier personnage d’importance, elle l’avait interprété en 1980 dans Cousine je t’aime de Fernando Trueba. Trois ans plus tard, son chemin avait croisé pour la première fois celui de Pedro Almodóvar pour Dans les ténèbres, le troisième long-métrage du jeune réalisateur. Elle allait faire équipe avec lui à intervalles réguliers pour les trente ans à venir, jusqu’à La piel que habito en 2011, en passant par Talons aiguilles, La Fleur de mon secret et le sublime Tout sur ma mère – Oscar et César du Meilleur Film étranger en l’an 2000 – et une brève apparition dans Parle avec elle.
A côté de cet emploi récurrent d’icône de l’univers au féminin d’Almodóvar, elle s’était aussi illustrée chez Amos Gitaï (Golem L’Esprit de l’exil), Daniel Schmid (Hors saison), Philippe Lioret (Tombés du ciel), Raoul Ruiz (Trois vies et une seule mort), Arturo Ripstein (Carmin profond et Pas de lettre pour le colonel), F.J. Ossang (Docteur Chance), Roberto Benigni (La Vie est belle – Oscar et César du Meilleur Film étranger en 1999), Alain Tanner (Jonas et Lila à demain), Guillermo Del Toro (L’Échine du diable), Edgardo Cozarinsky (Dans le rouge du couchant), Manoel De Oliveira (Le Miroir magique), Thierry Klifa (Les Yeux de sa mère), Valeria Sarmiento (Les Lignes de Wellington) et Jaime Rosales (Petra).
Marisa Paredes a été nommée à deux reprises aux prix Goya, l’équivalent espagnol des César, en 1988 comme Meilleure actrice dans un second rôle dans Cara de acegla de José Sacristan et huit ans plus tard comme Meilleure actrice dans La Fleur de mon secret. Elle avait reçu le prix honorifique de l’Académie du cinéma espagnol en 2018. Pour sa participation à La Vie est belle, elle a été nommée au Screen Actors Guild Award du Meilleur ensemble en 1999. Enfin, au début des années 2000, elle avait occupé pendant trois ans le poste de présidente de l’Académie du cinéma espagnol.