L’actrice française Emmanuelle Riva est décédée le 27 janvier à Paris des suites d’un cancer. Elle était âgée de 89 ans. Aux deux extrémités de sa carrière se situent deux chefs-d’œuvre du Septième art, Hiroshima mon amour de Alain Resnais et Amour de Michael Haneke. Entre ces deux repères majeurs, l’actrice délicate et singulière a su s’imposer au cinéma entre autres grâce à ses rôles dans Léon Morin prêtre, Thérèse Desqueyroux et Trois couleurs bleu.
C’est dès son premier vrai rôle au cinéma, en 1959 dans Hiroshima mon amour de Alain Resnais, d’après un scénario de Marguerite Duras, que Emmanuelle Riva devient une vedette mondialement connue. Elle enchaîne alors les rôles principaux dans des films tels que Recours en grâce de Laslo Benedek, Kapo de Gillo Pontecorvo, Adua et ses compagnes de Antonio Pietrangeli, le magistral Léon Morin prêtre de Jean-Pierre Melville aux côtés de Jean-Paul Belmondo, Thérèse Desqueyroux de Georges Franju, Thomas l’imposteur de Georges Franju et Les Risques du métier de André Cayatte.
Dès les années 1970, elle se fait plus rare au cinéma, lui préférant entre autres le théâtre. On la verra néanmoins à intervalles irréguliers à partir de cette époque-là dans Le Diable au cœur de Bernard Queysanne – projeté vendredi prochain à 19h00 à la Cinémathèque Française dans le cadre de la rétrospective Jane Birkin –, Y a-t-il un Français dans la salle ? de Jean-Pierre Mocky, Les yeux la bouche de Marco Bellocchio, Liberté la nuit de Philippe Garrel, Les Tribulations de Balthasar Kober de Wojciech Has, Pour Sacha de Alexandre Arcady, Trois couleurs bleu de Krzysztof Kieslowski – Lion d’or au Festival de Venise en 1993 – et Vénus beauté [institut] de Tonie Marshall – César du Meilleur Film en 2000.
Au début des années 2000, rien ne laisse présager son retour triomphal en 2012 avec Amour de Michael Haneke – Palme d’or, Oscar, Golden Globe et BAFTA du Meilleur Film étranger et lauréat de cinq César. Auparavant, elle participe à C’est la vie de Jean-Pierre Améris, Vert paradis de Emmanuel Bourdieu, Eros thérapie de Danièle Dubroux, Le Grand alibi de Pascal Bonitzer, Le Skylab de Julie Delpy, et par la suite, on la retrouvera encore dans Tu honoreras ta mère et ta mère de Brigitte Roüan, Marie et les naufragés de Sébastien Betbeder, ainsi que très prochainement dans Paris pieds nus de Dominique Abel et Fiona Gordon, qui sortira en France le 8 mars.
Emmanuelle Riva a été nommée à l’Oscar de la Meilleure actrice en 2013 pour Amour, devenant alors à l’âge de près de 86 ans – elle célébrait son anniversaire le jour de la cérémonie qui s’était soldée par la victoire de Jennifer Lawrence dans Happiness therapy – l’actrice la plus âgée nommée dans cette catégorie. Ce même rôle emblématique lui avait également valu le César et le BAFTA de la Meilleure actrice, ainsi que le prix des critiques de Los Angeles et de la National Society of Film Critics. Plus de cinquante ans plus tôt, elle avait gagné la Coupe Volpi de la Meilleure actrice au Festival de Venise en 1962 pour Thérèse Desqueyroux.