L’acteur américain William Hurt est décédé le 13 mars à Portland dans l’État de l’Oregon des suites d’un cancer. Il était âgé de 71 ans. L’un des acteurs incontournables du cinéma hollywoodien des années 1980, Hurt s’était imposé au cours de cette décennie grâce à ses rôles dans La Fièvre au corps, Les Copains d’abord et Voyageur malgré lui de Lawrence Kasdan, Le Baiser de la femme araignée de Hector Babenco, Les Enfants du silence de Randa Haines et Broadcast News de James L. Brooks. Par la suite, il avait un peu moins occupé le devant de la scène, malgré ses collaborations avec des réalisateurs aussi prestigieux que Wim Wenders, Chantal Akerman, M. Night Shyamalan, David Cronenberg et Ridley Scott. Tout cela avant d’incarner, vers la fin de sa carrière, le rôle récurrent du secrétaire d’État Thaddeus Ross dans l’univers Marvel.
Après avoir appris l’art dramatique à l’université de Juilliard à New York aux côtés de Christopher Reeve et de Robin Williams, William Hurt avait su décrocher un rôle principal dès son premier film. C’était en 1980 dans le thriller fantastique Au-delà du réel de Ken Russell. Sans tarder, l’acteur avait enchaîné sur d’autres films majeurs tels que L’œil du témoin de Peter Yates, le thriller sulfureux La Fièvre au corps et Les Copains d’abord de Lawrence Kasdan, ainsi que Gorky Park de Michael Apted.
Présenté en compétition au Festival de Cannes en 1985, Le Baiser de la femme araignée de Hector Babenco avait permis à William Hurt de devenir l’acteur le plus recherché d’Hollywood. A cette époque, il était en tête d’affiche de toutes les productions prestigieuses, de Les Enfants du silence de Randa Haines jusqu’à Voyageur malgré lui de Lawrence Kasdan, en passant par Broadcast News de James L. Brooks. Cette période quasiment sans faux pas de sa carrière s’était terminée avec Le Temps du destin de Gregory Nava, Alice de Woody Allen et son quatrième et dernier film tourné avec Lawrence Kasdan, Je t’aime à te tuer.
Puis vint le temps du grand désenchantement. Autant les années ’80 s’étaient montrées extrêmement généreuses à l’égard de William Hurt, autant il avait du mal à faire durer son succès au cours des années ’90. En effet, on pourrait défendre l’hypothèse que les rôles qui avaient jadis fait sa réputation, des hommes en apparence ordinaires quoique capables de grandes choses, étaient désormais proposés à des acteurs plus jeunes comme par exemple Kevin Costner. Néanmoins, Hurt avait fait de son mieux en prêtant ses services entre autres à Randa Haines (Le Docteur), Wim Wenders (Jusqu’au bout du monde), Luis Puenzo (La Peste), Wayne Wang (Smoke), Chantal Akerman (Un divan à New York), Franco Zeffirelli (Jane Eyre), Nora Ephron (Michael), Alex Proyas (Dark City), Stephen Hopkins (Perdus dans l’espace), Carl Franklin (Contre-jour) et Istvan Szabo (Sunshine).
Son rôle bref, mais essentiel, dans A.I. Intelligence artificielle de Steven Spielberg en 2001 aurait pu laisser augurer un redémarrage en règle de sa carrière au début du siècle. Finalement, il n’en était presque rien, puisque William Hurt avait alors continué à apparaître régulièrement, mais sans se forcer, dans des films comme Dérapages incontrôlés de Roger Michell, Au plus près du paradis de Tonie Marshall, Le Village de M. Night Shyamalan, A History of Violence de David Cronenberg, Syriana de Stephen Gaghan, The King de James Marsh, Raisons d’état de Robert De Niro, Angles d’attaque de Pete Travis, Noise de Henry Bean, Into the Wild de Sean Penn, L’incroyable Hulk de Louis Leterrier, La Comtesse de Julie Delpy et Robin des Bois de Ridley Scott.
A peu de choses près, même constat pour les années 2010, où des films comme Trois fois 20 ans de Julie Gavras, J’enrage de son absence de Sandrine Bonnaire, Les Âmes vagabondes de Andrew Niccol, Un amour d’hiver de Akiva Goldsman et La Couleur de la victoire de Stephen Hopkins étaient suivis de quatre superproductions de l’univers Marvel dans lesquelles il reprenait son rôle du général devenu politicien Ross : Captain America Civil War, Avengers Infinity War et Avengers Endgame des frères Russo, ainsi que Black Widow de Cate Shortland. Son dernier film, The King’s Daughter de Sean McNamara, était sorti sur les écrans américains en janvier dernier.
William Hurt a été nommé quatre fois à l’Oscar, de façon consécutive entre 1986 et ’88 comme Meilleur acteur pour Le Baiser de la femme araignée, Les Enfants du silence et Broadcast News, puis en 2006 comme Meilleur acteur dans un second rôle pour A History of Violence. Il l’avait gagné pour Le Baiser de la femme araignée. Ce rôle du prisonnier homosexuel lui avait de même valu le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, le BAFTA du Meilleur acteur et les prix du National Board of Review et des critiques de Los Angeles. Ces derniers l’avaient à nouveau récompensé en 2005 pour son second rôle dans A History of Violence, tout comme leurs confrères de New York.
En 2007, il avait reçu un Ours d’argent spécial au Festival de Berlin en tant que membre de l’ensemble de Raisons d’état. Et l’année suivante, le syndicat des acteurs américains l’avait nommé dans la catégorie du Meilleur ensemble pour Into the Wild.
Dans les années 1970, William Hurt était marié avec l’actrice Mary Beth Hurt (Le Monde selon Garp) et en 1994, il a eu une fille avec l’actrice française Sandrine Bonnaire (Jeanne la pucelle).