L’acteur américain Tab Hunter est décédé le 8 juillet d’une crise cardiaque à Santa Barbara. Il aurait eu 87 ans trois jours plus tard. L’un des derniers acteurs dont la carrière a été modelée par les puissants studios hollywoodiens, Hunter était la vedette d’un public adolescent pendant les années 1950. Après une brève renaissance professionnelle au début des années ’80, grâce à son rôle iconoclaste dans Polyester de John Waters, il aurait pu tomber à nouveau dans l’oubli, si ce n’était pour son coming out en 2005 par autobiographie interposée, faisant de lui une icône tardive de la communauté gaie.
Tab Hunter était venu à Hollywood au tout début des années ’50. Grâce à l’intervention de son agent Henry Wilson, le même qui veillait sur les débuts de son contemporain Rock Hudson, il avait décroché des rôles dans quelques films mineurs comme Haines de Joseph Losey, L’Île du désir de Stuart Heisler, Le Trésor de Kalifa et Retour à l’île au trésor de E.A. Dupont, ainsi que L’Empreinte du chat de William A. Wellman, avant de décrocher un contrat de sept ans chez la Warner. Son premier film produit sous la surveillance du tout-puissant Jack Warner était Le Cri de la victoire de Raoul Walsh en 1954, suivi de près par d’autres films taillés sur mesure pour le physique séduisant du jeune premier, tels que Le Renard des océans de John Farrow, Collines brûlantes de Stuart Heisler, Tête brûlée de David Butler, Le Salaire de la violence de Phil Karlson, Escadrille Lafayette de William A. Wellman, la comédie musicale Cette satanée Lola de George Abbott et Stanley Donen, Ceux de Cordura de Robert Rossen et Une espèce de garce de Sidney Lumet. A la même époque, Hunter avait connu un certain succès en tant que chanteur de variété, à tel point de donner indirectement naissance à Warner Bros. Records, puisque le patron du studio ne voulait pas que d’autres empochent l’argent généré par sa vedette.
Dès le début des années ’60, la carrière de Tab Hunter entamait un déclin pratiquement irréversible. Désormais plus sous contrat chez la Warner, il apparaissait sans grand succès dans des films tels que Mon séducteur de père de George Seaton, La Flèche d’or de Antonio Margheriti, Les Dompteurs du Pacifique de Don Taylor, The City under the Sea de Jacques Tourneur, Le Cher disparu de Tony Richardson, La Vengeance est mon pardon de Roberto Mauri et Échec international de Giuseppe Rosati. La décennie suivante était essentiellement marquée par le travail pour la télévision, de rares films mis à part, tels que Sweet Kill le premier film de Curtis Hanson, Juge et hors-la-loi de John Huston et Won Ton Ton Le Chien qui sauva Hollywood de Michael Winner. En 1981, le réalisateur indépendant John Waters avait fait appel à Tab Hunter pour jouer aux côtés de Divine dans Polyester. L’acteur avait visiblement apprécié cette collaboration, puisqu’il allait refaire équipe avec Divine à deux reprises, dans Lust in the Dust de Paul Bartel et L’Arme du clown de Michael Schroeder. Jusqu’à la fin de sa carrière, il apparaissait également dans Grease 2 de Patricia Birch et Dark horse de David Hemmings.
Notre nécrologie aurait pu s’arrêter là, sauf que Tab Hunter s’était prêté à l’exercice de l’autobiographie au début des années 2000. A première vue, rien d’anormal à cela pour les vedettes d’antan qui cherchent à se rappeler à l’attention médiatique. Si son livre n’a pas fait l’effet d’une bombe, il compte par contre parmi les (très) rares à parler sans gêne de l’homosexualité de l’acteur, obligé de rester dans le placard par peur de mettre un terme précoce à sa carrière dans le climat hautement homophobe des années ’50. Du jour au lendemain, Tab Hunter devenait alors une icône du monde gay, à l’image de Richard Chamberlain et George Takei, ses contemporains qui avaient de même attendu la fin de leur carrière pour faire leur coming out. L’essentiel de ses confessions intimes a été repris en 2015 dans le documentaire de Jeffrey Schwarz Tab Hunter Confidential.