La postérité ne retiendra probablement que deux ou trois de ses films. L’acteur australien Rod Taylor, décédé avant-hier à Los Angeles d’une crise cardiaque, quatre jours avant son 85ème anniversaire, mérite cependant mieux que l’éternelle référence exclusive aux Oiseaux de Hitchcock. Sans jamais devenir une vedette internationale à la carrière durable, il a néanmoins su participer à bon nombre de films mémorables. Avec son physique séduisant et son talent d’acteur solide mais limité, il était sans doute arrivé trop tard pour réellement s’imposer dans un Hollywood à l’agonie dans les années 1960, face à une vague de contestation sans précédent. Mais dans l’ensemble, sa filmographie est des plus honorables.
La carrière de Rod Taylor avait commencé plutôt timidement au début des années 1950, avec des seconds rôles dans des films comme Le Pirate des mers du sud de Byron Haskin, Le Seigneur de l’aventure de Henry Koster, Colère noire de Frank Tuttle, Le Repas de noces de Richard Brooks, Géant de George Stevens, L’Arbre de vie de Edward Dmytryk, Tables séparées de Delbert Mann et Une fille très avertie de Charles Walters. Faute de reconnaissance, Taylor avait même délaissé un temps le cinéma à la fin de la décennie pour se consacrer à la télévision.
Sa chance tournait en 1960, grâce au classique de la science-fiction La Machine à explorer le temps de George Pal dans lequel il incarnait l’inventeur H.G. Wells. Désormais une vedette à part entière, Rod Taylor enchaînait avec le film d’animation Disney Les 101 dalmatiens, le chef-d’œuvre Les Oiseaux de Alfred Hitchcock, Hôtel International de Anthony Asquith, Le Téléphone rouge de Delbert Mann, Le Crash mystérieux de Ralph Nelson, 36 heures avant le débarquement de George Seaton, Le Jeune Cassidy, Le Liquidateur et Le Dernier train du Katanga de Jack Cardiff, La Blonde défie le FBI de Frank Tashlin, Hôtel Saint-Gregory de Richard Quine, Chuka le redoutable de Gordon Douglas et Mandat d’arrêt de Ralph Thomas.
Les années ’70 commençaient d’une façon prometteuse pour Taylor, qui participait alors au mythique Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni. Sauf que sa carrière était d’ores et déjà sur le déclin, avec comme seule production hollywoodienne Les Voleurs de trains de Burt Kennedy et sinon des films indépendants italiens ou australiens sans résonance internationale. Alors qu’il apparaissait dans une vingtaine d’épisodes de la série à succès « Falcon Crest » à la fin des années ’80, Rod Taylor avait préféré partir à la retraite, de laquelle Quentin Tarantino l’avait fait sortir brièvement en 2009 pour son petit rôle très anecdotique de Winston Churchill dans Inglourious Basterds.