Décès de l’acteur Omar Sharif

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OmarSharif

L’acteur égyptien Omar Sharif est décédé le 10 juillet au Caire d’une crise cardiaque. Il était âgé de 83 ans. Sa famille avait annoncé au mois de mai dernier qu’il se retirait de la vie publique parce qu’il souffrait de la maladie d’Alzheimer. Une véritable légende du cinéma, Sharif est à ce jour le seul acteur du monde arabe à avoir su s’imposer sur la scène internationale, notamment à Hollywood où sa voix soyeuse et son regard à faire fondre les cœurs avaient fait sensation surtout pendant les années 1960, grâce aux classiques Lawrence d’Arabie et Le Docteur Jivago de David Lean.

LawrenceDArabieAli

Avant son entrée mythique dans le cinéma mondial par le biais de la scène emblématique du puits dans Lawrence d’Arabie en 1962, Omar Sharif avait d’ores et déjà acquis le statut de vedette à part entière dans son pays d’origine à travers une quinzaine de films pendant les années 1950. Il avait entre autres tourné pour le réalisateur Youssef Chahine dans Le Démon du désert, Ciel d’enfer et Les Eaux noires et participé à des productions françaises, comme La Châtelaine du Liban de Richard Pottier et Goha le simple de Jacques Barratier. Sa partenaire dans plusieurs de ces films était l’actrice Faten Hamama, décédée en janvier dernier, avec laquelle il était marié de 1955 à 1974.

DocteurJivago

Puis vint le rôle du noble Sherif Ali dans Lawrence d’Arabie de David Lean, Oscar du Meilleur Film, aux côtés de Peter O’Toole. Si la transition de l’Egypte vers Hollywood était aussi volontaire que complète, Sharif était au moins au début de sa carrière internationale obligé d’accepter le salaire très modeste réservé à un acteur étranger, à savoir 15 000 $ pour ses premiers films sous contrat avec la Columbia. Après quelques rôles aux origines exotiques diverses dans La Chute de l’Empire romain de Anthony Mann, Et vint le jour de la vengeance de Fred Zinnemann, La Rolls-Royce jaune de Anthony Asquith, Genghis Khan de Henry Levin et La Fabuleuse aventure de Marco Polo de Denys De La Patellière et Raoul Lévy, Sharif allait retrouver David Lean en 1965 pour son personnage le plus mythique : Le Docteur Jivago et sa réputation de chef-d’œuvre des contes romantiques. Jusqu’à la fin de la décennie, il était également à l’affiche de Opération Opium et Mayerling de Terence Young, La Nuit des généraux de Anatole Litvak, La Belle et le cavalier de Francesco Rosi, Funny girl de William Wyler aux côtés de Barbra Streisand dans le rôle de l’amant incapable de renoncer à sa passion du jeu, L’Or de MacKenna de J. Lee Thompson, Le Rendez-vous de Sidney Lumet et Che ! de Richard Fleischer.

TerreurSurLeBritannic

A partir des années ’70, le cinéma était pour Omar Sharif de plus en plus un moyen pour financer ses autres loisirs : le bridge et le tiercé. Pendant cette période, il a ainsi joué dans des films comme La Vallée perdue de James Clavell, Les Cavaliers de John Frankenheimer, Le Casse de Henri Verneuil, Top secret et Quand la Panthère rose s’emmêle de Blake Edwards, Terreur sur le Britannic de Richard Lester, Funny lady de Herbert Ross, Le Désir et la corruption de Ivan Passer, Ashanti de Richard Fleischer et Liés par le sang de Terence Young. De même dans les années ’80 et ’90 : Revanche à Baltimore de Robert Ellis Miller, Oh heavenly dog de Joe Camp, Opération Green Ice de Ernest Day, la parodie Top secret ! de ZAZ, les mini-séries « Pierre le Grand » et « Anastasia » de Marvin J. Chomsky, Grand larceny de Jeannot Szwarc, Les Possédés de Andrzej Wajda, Les Pyramides bleues de Arielle Dombasle, Le Voleur d’arc-en-ciel de Alejandro Jodorowsky, Mayrig et 588 rue Paradis de Henri Verneuil et Le 13ème guerrier de John McTiernan.

MonsieurIbrahim

Alors que l’on voyait surtout Omar Sharif présenter les résultats du tiercé à ce moment de sa carrière déclinante – ce qui lui aura au moins valu une sorte de notoriété auprès d’une génération de spectateurs trop jeune pour s’intéresser aux films de la grande époque –, François Dupeyron lui a offert un très beau rôle de vieillesse en 2003 dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran. Par la suite, l’acteur s’est fait de plus en plus rare, apparaissant entre autres dans Hidalgo de Joe Johnston, 10 000 de Roland Emmerich en tant que narrateur, J’ai oublié de te dire de Laurent Vinas-Raymond, Un château en Italie de Valeria Bruni Tedeschi et Rock the Casbah de Laïla Marrakchi.

CesarMonsieurIbrahim

Omar Sharif avait été nommé à l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour Lawrence d’Arabie en 1963. Il avait gagné trois Golden Globes, en tant que Meilleur acteur dans un second rôle et Meilleur espoir masculin pour Lawrence d’Arabie et comme Meilleur acteur dans un drame pour Le Docteur Jivago. Il avait gagné le César du Meilleur acteur pour Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran en 2004. Lors de la présentation du film au festival de Venise l’année précédente, il avait obtenu un Lion d’or honorifique. Enfin, pour l’anecdote, Omar Sharif est né le même jour que l’actrice française Delphine Seyrig (L’Année dernière à Marienbad), décédée en octobre 1990 d’un cancer.

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