L’acteur français Jean Rochefort est décédé hier soir à Paris. Il était âgé de 87 ans. Avec Jean Rochefort, le cinéma français perd l’un de ses acteurs de légende, autant à l’aise dans des comédies que dans des rôles dramatiques, au fil d’une très longue et illustre carrière qui l’avait vu se renouveler de nombreuses fois. En dehors des plateaux de cinéma et des scènes de théâtre, Jean Rochefort s’était également bâti une réputation en tant qu’éleveur de chevaux.
Jean Rochefort avait fait ses premiers pas devant les caméras de télévision et de cinéma au début des années 1960, dans des films comme Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit, Cartouche de Philippe De Broca, Le Masque de fer de Henri Decoin et Symphonie pour un massacre de Jacques Deray. Il a connu ses premiers succès grâce à l’univers d’Angélique dans trois films aux côtés de Michèle Mercier : Angélique Marquise des anges, Merveilleuse Angélique et Angélique et le roi de Bernard Borderie. En parallèle, on a pu le voir jusqu’à la fin de la décennie dans des films, tels que Les Tribulations d’un Chinois en Chine et Le Diable par la queue de Philippe De Broca, Qui êtes-vous Polly Maggoo ? de William Klein, A cœur joie de Serge Bourguignon et La Liberté en croupe de Edouard Molinaro.
A partir des années ’70 et Les Feux de la chandeleur de Serge Korber, puis surtout le succès populaire de Le Grand blond avec une chaussure noire de Yves Robert, Jean Rochefort gagnait progressivement en célébrité. Aux seconds rôles dans L’Héritier de Philippe Labro, L’Homme aux nerfs d’acier de Michele Lupo et Salut l’artiste de Yves Robert succédaient petit à petit des personnages plus importants dans par exemple L’Horloger de Saint-Paul et Que la fête commence de Bertrand Tavernier, Le Fantôme de la liberté de Luis Buñuel, Mon Dieu comment suis-je tombée si bas ? de Luigi Comencini, Le Retour du grand blond, le classique Un éléphant ça trompe énormément, sa suite Nous irons tous au paradis et Courage fuyons de Yves Robert, Les Innocents aux mains sales et Les Magiciens de Claude Chabrol, Les Vécés étaient fermés de l’intérieur de Patrice Leconte, Calmos de Bertrand Blier, Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer, La Grande cuisine de Ted Kotcheff et Le Cavaleur de Philippe De Broca.
Les années ’80 ont vu Jean Rochefort quelque peu ralentir le rythme. Ce sont surtout les grands succès publics qui étaient absents de sa filmographie à cette époque-là, même s’il collaborait avec des réalisateurs comme Moshe Mizrahi (Chère inconnue), Alain Cavalier (Un étrange voyage), Laurent Heynemann (Il faut tuer Brigitt Haas), Francis Girod (Le Grand frère), Pierre Granier-Deferre (L’Ami de Vincent), Alain Jessua (Frankenstein 90), Patrice Leconte (Tandem) et Régis Wargnier (Je suis le seigneur du château). Jusqu’à la fin du siècle, il s’était régulièrement rappelé au souvenir du public français, notamment dans Le Mari de la coiffeuse, Tango, Les Grands ducs et Ridicule de Patrice Leconte, Le Château de ma mère et Le Bal des casse-pieds de Yves Robert, Cible émouvante de Pierre Salvadori, Tombés du ciel de Philippe Lioret, Prêt-à-porter de Robert Altman, Tom est tout seul de Fabien Onteniente et Le Vent en emporte autant de Alejandro Agresti.
La dernière période de la carrière de Jean Rochefort avait commencé sous de mauvais auspices, puisque son film phare n’allait jamais se faire : de l’adaptation de Don Quichotte initiée par Terry Gilliam en 2000, tournée finalement seize ans plus tard avec Jonathan Pryce dans le rôle-titre, il ne reste que le documentaire Lost in La Mancha de Keith Fulton et Louis Pepe, le tournage ayant dû être interrompu entre autres à cause de la blessure au dos de Rochefort. Ce dernier a néanmoins su se rétablir et apparaître encore dans bon nombre de films importants, quasiment jusqu’à sa mort, du Placard de Francis Veber en 2001 jusqu’à Floride de Philippe Le Guay en 2015, en passant par L’Homme du train de Patrice Leconte, Blanche de Bernie Bonvoisin, RRRrrrr !!! de Alain Chabat, Akoibon de Edouard Baer, L’Enfer de Danis Tanovic, Ne le dis à personne de Guillaume Canet, Désaccord parfait de Antoine De Caunes, J’ai toujours rêvé d’être un gangster de Samuel Benchetrit, La Clef de Guillaume Nicloux, Agathe Cléry de Etienne Chatiliez, L’Artiste et son modèle de Fernando Trueba et Astérix & Obélix Au service de sa majesté de Laurent Tirard.
Jean Rochefort a été nommé à six reprises aux César, en tant que Meilleur acteur dans un second rôle pour Que la fête commence et Ridicule et comme Meilleur acteur dans Le Crabe-Tambour, Courage fuyons, Tandem et Le Mari de la coiffeuse. Il l’avait gagné pour Que la fête commence en 1976 et pour Le Crabe-Tambour en 1978. Il avait reçu un César d’honneur en 1999. Il est le père de l’acteur Pierre Rochefort (Un beau dimanche) qu’il a eu d’une relation avec l’actrice Nicole Garcia.