L’acteur et scénariste français Jean-Pierre Bacri est décédé ce jour des suites d’un cancer. Il était âgé de 69 ans. Abonné aux rôles de l’éternel râleur, Bacri avait pourtant pu peaufiner ce personnage grognon au fil d’une prestigieuse carrière de quarante ans, entre 1979 et 2018. Auteur de théâtre, puis co-scénariste aux côtés de sa compagne Agnès Jaoui, il avait collaboré avec des réalisateurs de renom tels que Luc Besson, Cédric Klapisch, Alain Resnais, Nicole Garcia, Claude Berri, Noémie Lvovsky, Pascal Bonitzer, Michel Leclerc et le duo Eric Toledano / Olivier Nakache.
D’origine pied noir, Jean-Pierre Bacri avait quitté son Algérie natale au début des années ’60. Après des études de lettres à Cannes, il se consacre d’abord à l’écriture en créant des pièces de théâtre. Dès la fin des années ’70, il décroche ses premiers rôles à la télévision, puis au cinéma, notamment dans Le Toubib de Pierre Granier-Deferre, Le Grand pardon et Le Grand carnaval de Alexandre Arcady, Coup de foudre de Diane Kurys, Edith et Marcel de Claude Lelouch, La 7ème cible de Claude Pinoteau, Subway de Luc Besson, Escalier C de Jean-Charles Tacchella, On ne meurt que deux fois de Jacques Deray, La Galette du roi de Jean-Michel Ribes, Suivez mon regard de Jean Curtelin, Rue du départ de Tony Gatlif, L’Été en pente douce de Gérard Krawczyk et Les Saisons du plaisir de Jean-Pierre Mocky.
C’est en 1987 qu’il fait la connaissance de Agnès Jaoui, au théâtre, dans une pièce de Harold Pinter. Bien qu’il continue encore un temps en solo devant la caméra chez Jean-Marie Poiré (Mes meilleurs copains), Diane Kurys (La Baule Les Pins), Yves Boisset (La Tribu), Yves Robert (Le Bal des casse-pieds) et Jean-Charles Tacchella (L’Homme de ma vie), il commence à faire équipe au cinéma avec l’actrice-scénariste et future réalisatrice à partir de 1993 et Cuisine et dépendance de Philippe Muyl.
Dès lors, Jaoui et Bacri ne se quittent plus, ou presque, puisque on leur doit jusqu’à la fin du siècle, au scénario et devant la caméra, Un air de famille de Cédric Klapisch, On connaît la chanson de Alain Resnais – César du Meilleur Film en 1998 –, Le Goût des autres de Agnès Jaoui – César du Meilleur Film en 2001 –, ainsi que le mode opératoire du diptyque Smoking / No smoking de Alain Resnais – César du Meilleur Film en 1994.
En parallèle, Jean-Pierre Bacri participe à des films aussi populaires que La Cité de la peur de Alain Berberian, Didier de Alain Chabat, Place Vendôme de Nicole Garcia, Peut-être de Cédric Klapisch et Kennedy et moi de Sam Karmann. Entre 2004 et 2018, quatre films supplémentaires portent la touche inimitable de Jaoui / Bacri : Comme une image, Parlez-moi de la pluie, Au bout du conte et Place publique, tous réalisés par Agnès Jaoui.
En termes d’interprétation simple, mais toujours aussi nuancée afin d’exprimer l’ironie suprême de ses personnages désabusés, Jean-Pierre Bacri était à l’affiche ces vingt dernières années de Une femme de ménage de Claude Berri, Les Sentiments de Noémie Lvovsky, Selon Charlie de Nicole Garcia, Adieu Gary de Nassim Amaouche, Avant l’aube de Raphaël Jacoulot, Cherchez Hortense et Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer, La Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc, Grand froid de Gérard Pautonnier, Le Sens de la fête de Eric Toledano et Olivier Nakache, Santa & cie de Alain Chabat et Photo de famille de Cécilia Rouaud, son dernier film sorti en salles en septembre 2018.
Jean-Pierre Bacri a été nommé à treize reprises aux Césars, six fois comme Meilleur acteur, cinq fois pour le Meilleur scénario et deux fois dans la catégorie du Meilleur acteur dans un second rôle. Il l’avait gagné cinq fois, dont quatre pour le Meilleur scénario de Smoking / No smoking, Un air de famille, On connaît la chanson et Le Goût des autres, ainsi que comme Meilleur acteur dans un second rôle dans On connaît la chanson en 1998. Au Festival de Cannes, il avait gagné en 2004 le prix du Meilleur scénario aux côtés de Agnès Jaoui pour Comme une image.