L’acteur canadien Donald Sutherland est décédé hier à Miami. Il était âgé de 88 ans. L’un des acteurs les plus prolifiques et versatiles de sa génération, Sutherland avait participé à près de 90 longs-métrages de cinéma, depuis Les Douze salopards de Robert Aldrich au milieu des années 1960 jusqu’à la trilogie Hunger Games de Francis Lawrence sortie un demi-siècle plus tard. Au fil du temps, il avait tenu des rôles hautement mémorables dans des films majeurs tels que MASH de Robert Altman, Klute de Alan J. Pakula, Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg, 1900 de Bernardo Bertolucci, L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman, Des gens comme les autres de Robert Redford, JFK de Oliver Stone, Six degrés de séparation de Fred Schepisi, Space Cowboys de Clint Eastwood, Orgueil et préjugés de Joe Wright et Ad Astra de James Gray.
Après des débuts de carrière modestes à la télévision et dans des films de genre tels que Le Train des épouvantes de Freddie Francis, Fanatic de Silvio Narizzano et Aux postes de combat de James B. Harris, Donald Sutherland avait tenu son premier rôle plus consistant dans Les Douze salopards de Robert Aldrich en 1967. Dès lors, sa carrière montait doucement, mais continuellement, entre autres grâce à Un cerveau d’un milliard de dollars de Ken Russell et Le Crime c’est notre business de Gordon Flemyng, jusqu’à son prochain personnage marquant, celui du chirurgien Hawkeye Pierce dans MASH de Robert Altman – Palme d’or au Festival de Cannes en 1970. La même année, Sutherland avait participé à Commencez la révolution sans moi de Bud Yorkin, le classique du film de guerre De l’or pour les braves de Brian G. Hutton, Petits meurtres sans importance de Alan Arkin et Alex au pays des merveilles de Paul Mazursky.
Les années ’70 allaient voir apparaître Donald Sutherland dans quelques uns de ses films les plus marquants, grâce à sa collaboration avec des réalisateurs aussi reconnus que Alan J. Pakula (Klute), Dalton Trumbo (Johnny s’en va-t-en guerre), Nicolas Roeg (Ne vous retournez pas), Irvin Kershner (Les ‘S’ Pions), Tom Gries (Madame Bijoux), Bernardo Bertolucci (1900), John Schlesinger (Le Jour du fléau), Federico Fellini (Le Casanova de Fellini), John Sturges (L’Aigle s’est envolé), Claude Chabrol (Les Liens du sang), John Landis (Hamburger Film Sandwich et American College), Philip Kaufman (L’Invasion des profanateurs), Michael Crichton (La Grande attaque du train d’or) et Bob Clark (Meurtre par décret).
La décennie suivante, les années ’80 donc, avaient commencé de la plus prometteuse des façons pour Donald Sutherland, qui allait interpréter un autre rôle phare de son illustre carrière : celui du père meurtri par la mort de son fils dans Des gens comme les autres de Robert Redford – Oscar du Meilleur Film en 1981. Pourtant, l’acteur allait devoir attendre presque jusqu’à sa fin pour renouer tant soit peu avec le succès, grâce à Une saison blanche et sèche de Euzhan Palcy et Haute sécurité de John Flynn. Ses films jusque là étaient davantage marqués par l’échec commercial et / ou critique, comme le démontrent L’Arme à l’œil de Richard Marquand, Crackers de Louis Malle, Révolution et Le Carrefour des innocents de Hugh Hudson et Confession criminelle de Fred Walton.
On peut dire que Donald Sutherland avait retenu la leçon de cette traversée du désert, puisque jusqu’à la fin du siècle, il avait essentiellement participé à des films à fort potentiel commercial. Ainsi, on a pu le voir dans Backdraft de Ron Howard, JFK de Oliver Stone dans une seule séquence tristement révélatrice du complot, Plus jeune que jamais de Percy Adlon, le magistral Six degrés de séparation de Fred Schepisi, Harcèlement de Barry Levinson, Alerte de Wolfgang Petersen, Le Droit de tuer ? de Joel Schumacher, Haute trahison de George Pan Cosmatos, Le Témoin du mal de Gregory Hoblit, Instinct de Jon Turteltaub, Space Cowboys de Clint Eastwood et L’Art de la guerre de Christian Duguay.
Pendant les vingt dernières années de sa carrière exemplaire, Donald Sutherland était resté fidèle à cette ligne de conduite lucrative. Et pourquoi changer, après tout, puisque les spectateurs du monde entier le retrouvaient toujours avec le même plaisir dans des films tels que Braquage à l’italienne de F. Gary Gray, Retour à Cold Mountain de Anthony Minghella, Demande à la poussière de Robert Towne, Orgueil et préjugés de Joe Wright, American Haunting de Courtney Solomon, A cœur ouvert de Mike Binder, L’Amour de l’or de Andy Tennant, Le Flingueur de Simon West, L’Aigle de la Neuvième Légion de Kevin Macdonald, Comment tuer son boss ? de Seth Gordon, Hunger Games de Gary Ross, Jappeloup de Christian Duguay pour une rare excursion du côté du cinéma français, Hunger Games L’Embrasement et Hunger Games La Révolte de Francis Lawrence, The Best Offer de Giuseppe Tornatore, L’Échappée belle de Paolo Virzi, Ad Astra de James Gray et Moonfall de Roland Emmerich.
En novembre 2017, Donald Sutherland avait reçu un Oscar d’honneur des mains de Jennifer Lawrence. Il est le père de l’acteur Kiefer Sutherland (« Designated Survivor »).