Décès de l’acteur Alain Delon

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Plein soleil © 1960 Paris Film / Titanus / Studiocanal / Carlotta Films Tous droits réservés

L’acteur français Alain Delon est décédé avant-hier à Douchy dans le Loiret. Il était âgé de 88 ans. Incontestablement une légende du cinéma français, Delon avait surtout marqué les esprits dans les années 1960 et ’70. A cette époque-là, il avait collaboré avec les plus grands cinéastes européens, de René Clément à Joseph Losey, en passant par Luchino Visconti, Michelangelo Antonioni, Jean-Pierre Melville, Jacques Deray et Valerio Zurlini. Ce qui avait donné des films aussi intemporels que Plein soleil, Rocco et ses frères, L’Éclipse, Le Guépard, Mélodie en sous-sol, Le Samouraï, La Piscine, Le Professeur et Monsieur Klein.

Rocco et ses frères © 1960 Paul Ronald / Titanus / Les Films Marceau / Films sans Frontières Tous droits réservés

Devenu acteur un peu par hasard, Alain Delon avait tenu ses premiers rôles au cinéma dès le milieu des années 1950. Il avait crevé pour la première fois l’écran en 1958 aux côtés de Romy Schneider dans Christine de Pierre Gaspard-Huit, suivi dès l’année d’après par l’infiniment plus retors Plein soleil de René Clément. Il y tenait le rôle de l’insaisissable Tom Ripley, imaginé par la romancière Patricia Highsmith et dans l’actualité récemment par le biais de la minisérie sur Netflix avec Andrew Scott.

Ce fut le début d’une période faste aussi durable qu’exceptionnelle pour Alain Delon. L’acteur allait bientôt croiser les chemins de Luchino Visconti (Rocco et ses frères et Le Guépard – Palme d’or au Festival de Cannes en 1963), René Clément (Quelle joie de vivre ! et Les Félins), Michelangelo Antonioni (L’Éclipse), Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol), Christian-Jaque (La Tulipe noire) et Alain Cavalier (L’Insoumis).

Ainsi que pendant la deuxième moitié de la décennie, lors d’une parenthèse anglophone au succès mitigé, Anthony Asquith (La Rolls-Royce jaune), Ralph Nelson (Les Tueurs de San Francisco), Mark Robson (Les Centurions), René Clément encore (Paris brûle-t-il ?) et Michael Gordon (Texas nous voilà !). Avant de terminer la décennie en apothéose grâce à Les Aventuriers de Robert Enrico, Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, puis Diaboliquement vôtre de Julien Duvivier, La Motocyclette de Jack Cardiff, Adieu l’ami et Jeff de Jean Vautrin, La Piscine de Jacques Deray et Le Clan des siciliens de Henri Verneuil.

L’Éclipse © 1962 Sergio Strizzi / Cineriz / Interopa Film / Paris Film / Tamasa Distribution Tous droits réservés

Les années ’70 allaient sourire à peu près autant à Alain Delon, même si les succès commerciaux y étaient plus nombreux que les réussites artistiques. Parmi les premiers, on peut citer Borsalino, sa suite Borsalino and Co. et Flic story de Jacques Deray, Soleil rouge de Terence Young, Traitement de choc et Armaguedon de Alain Jessua, Scorpio de Michael Winner, Big Guns Les Grands fusils et Zorro de Duccio Tessari, Deux hommes dans la ville, Le Gitan et Comme un boomerang de José Giovanni, Les Seins de glace et Mort d’un pourri de Georges Lautner, L’Homme pressé de Edouard Molinaro et Airport 80 Concorde de David Lowell Rich.

Tandis que des réalisateurs tels que Jean-Pierre Melville (Le Cercle rouge et Un flic), Pierre Granier-Deferre (La Veuve Couderc et Le Toubib), Joseph Losey (L’Assassinat de Trotsky et Monsieur Klein) et Valerio Zurlini (Le Professeur) savaient encore tirer pleinement profit de son talent.

Le Samouraï © 1967 Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique / Fida Cinematografica /
Les Films du Camélia Tous droits réservés

Puis, à partir des années ’80, Alain Delon allait entamer un lent et irrémédiable déclin en termes de films prestigieux. Une perte de vitesse et de maintien de renom à laquelle il n’avait pas su trouver de remède. Malgré quelques réussites commerciales, le plus souvent dans le genre policier et auprès de son réalisateur attitré Jacques Deray (Trois hommes à abattre) ou bien de José Pinheiro (Parole de flic et Ne réveillez pas un flic qui dort), malgré un éphémère passage derrière la caméra avec Pour la peau d’un flic et Le Battant, le succès n’était plus tellement au rendez-vous. Ne restaient dès lors que d’un côté de rares films de qualité, comme Un amour de Swann de Volker Schlöndorff, Notre histoire de Bertrand Blier et Nouvelle vague de Jean-Luc Godard, et de l’autre de trop nombreuses productions sans grand intérêt.

Ce sort peu enviable de fin de carrière, Delon le partageait en quelque sorte avec son rival amical de toujours Jean-Paul Belmondo, qu’il allait retrouver une dernière fois pour le pas trop déplaisant 1 chance sur 2 de Patrice Leconte en 1998. Car comme Belmondo, il accumulait trop de casseroles cinématographiques au cours des vingt dernières années de sa carrière. Elles répondaient au nom de Dancing Machine de Gilles Béhat, Le Retour de Casanova de Edouard Niermans, Un crime et L’Ours en peluche de Jacques Deray, Le Jour et la nuit de Bernard-Henri Lévy, Les Acteurs de Bertrand Blier et Astérix aux Jeux olympiques de Frédéric Forestier et Thomas Langmann, son dernier film sorti début 2008 et – il paraît – le plus grand succès au box-office français de toute sa carrière.

Le Professeur © 1972 Mondial Televisione Film / Adel Productions / Valoria Films / Les Films du Camélia
Tous droits réservés

Alain Delon a été nommé à trois reprises au César du Meilleur acteur, pour Monsieur Klein, Mort d’un pourri et Notre histoire. Il l’avait gagné pour ce dernier en 1985. En termes de prix honorifique, il avait reçu l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1995 et la Palme d’or au Festival de Cannes en 2019.

Pour ne retenir que le côté positif de sa personnalité publique haute en couleurs – interrogé par la police suite à l’assassinat de son garde du corps Stefan Markovic en 1968 et au cœur d’une bataille légale, aussi moche que sordide, autour de sa succession menée par ses enfants pendant les derniers mois de sa vie –, il convient de mentionner sa brève parenthèse musicale aux côtés de Dalida en 1973 pour la chanson à succès « Paroles, paroles ».

Monsieur Klein © 1976 Victor Rodrigue / Lira Films / Adel Productions / Nova Films / Mondial Televisione Film /
Studiocanal / Les Acacias Tous droits réservés

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