Décès de la productrice Margaret Menegoz

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La productrice hongroise Margaret Menegoz est décédée le 7 août à Montpellier. Elle était âgée de 83 ans. L’une des figures incontournables du cinéma français et européen de ces cinquante dernières années, elle avait été à la tête de la maison de production et de distribution Les Films du Losange. A ce titre, elle avait entretenu des collaborations au long cours avec des cinéastes aussi emblématiques que Eric Rohmer, Barbet Schroeder et Michael Haneke. Parmi les films majeurs qu’elle a produits, on peut citer Danton de Andrzej Wajda, Pauline à la plage, Les Nuits de la pleine lune, Le Rayon vert et le cycle des contes des quatre saisons de Eric Rohmer, La Vierge des tueurs de Barbet Schroeder, Caché, Le Ruban blanc et Amour de Michael Haneke, ainsi que Heimat Chronique d’un rêve de Edgar Reitz.

La route jusqu’à la consécration internationale a été longue et pleine de surprises pour Margaret Menegoz. Née en Hongrie en pleine guerre, elle émigre avec sa famille en Allemagne en 1945, où elle fait la connaissance de son mari, le réalisateur de documentaires Robert Menegoz. Après avoir été son assistante pendant une dizaine d’années, Margaret Menegoz change de nouveau de casquette en 1975, lorsqu’elle devient d’abord la femme à tout faire, puis le pilier de la maison de production Les Films du Losange. Fondée treize ans plus tôt par les réalisateurs Barbet Schroeder et Eric Rohmer, cette dernière grandira continuellement sous l’impulsion de Menegoz, jusqu’à devenir l’un des acteurs incontournables du cinéma européen. Margaret Menegoz ne cédera sa place qu’en 2021, transférant alors ses responsabilités à Charles Gillibert et Alexis Dantec.

En tant que productrice pleinement investie dans la création des films qu’elle produisait, Margaret Menegoz avait été responsable de onze films de Eric Rohmer (Perceval le Gallois, La Femme de l’aviateur, Le Beau mariage, Pauline à la plage, Les Nuits de la pleine lune, Le Rayon vert – Lion d’or au Festival de Venise en 1986 –, L’Ami de mon amie, Conte de printemps, Conte d’hiver, Conte d’été et Conte d’automne).

Le même engagement et la même fidélité étaient de rigueur de sa part, respectivement pendant cinq films, à l’égard de Barbet Schroeder (Koko Le Gorille qui parle, Tricheurs, La Vierge des tueurs, Amnesia et Le Vénérable W.) et de Michael Haneke (Le Temps du loup, Caché, Le Ruban blanc – Palme d’or au Festival de Cannes en 2009 –, Amour – Palme d’or au Festival de Cannes en 2012, César du Meilleur Film et Oscar du Meilleur Film étranger en 2013 – et Happy End).

Auparavant, elle avait donné un petit coup de pouce au jeune cinéma allemand à travers Roulette chinoise de Rainer Werner Fassbinder, Flocons d’or de Werner Schroeter et L’Ami américain de Wim Wenders.

Ensuite, elle avait produit, entre autres, les films de Jean-François Stévenin (Passe montagne), Mauro Bolognini (La Dame aux camélias), Jacques Rivette (Le Pont du Nord), Andrzej Wajda (Danton et Les Possédés), Margarethe von Trotta (L’Amie), Jean-Claude Brisseau (Un jeu brutal, De bruit et de fureur et Noce blanche), Volker Schlöndorff (Un amour de Swann), Danièle Huillet et Jean-Marie Straub (La Mort d’Empédocle), Agnieszka Holland (Europa Europa), Marie-Claude Treilhou (Le Jour des rois), Christian De Chalonge (Le Bel été 1914), Roger Planchon (Lautrec), Romain Goupil (A mort la mort !, Une pure coïncidence, Les Mains en l’air et Les Jours venus), Jacques Doillon (Raja), Arthur Joffé (Ne quittez pas !), Edgar Reitz (Heimat Chronique d’un rêve), Philippe Claudel (Une enfance), Christian Petzold (Ondine) et Lionel Baier (La Dérive des continents [au sud]).

Margaret Menegoz a été nommée à l’Oscar du Meilleur Film pour Amour en 2013. Elle avait gagné le César du Meilleur Film la même année, pour le même film. Elle a été nommée à cinq reprises au BAFTA du Meilleur Film étranger et l’avait gagné en 1984 pour Danton et en 2013 pour Amour. Enfin, elle a gagné à deux reprises le European Film Award du Meilleur Film, pour Le Ruban blanc en 2009 et pour Amour en 2012.

Margaret Menegoz a été la présidente d’Unifrance, l’institution chargée de promouvoir le cinéma français à l’étranger, de 2003 à 2009. En 2020, elle a été la présidente par intérim de l’Académie du cinéma français, suite à la démission forcée d’Alain Terzian, avant de passer la main à Véronique Cayla la même année.