Décès de Dan Haggerty alias Grizzly Adams

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L’acteur Dan Haggerty est décédé ce vendredi 15 janvier 2016 à l’âge de 74 ans des suites d’un cancer. Avec sa barbe broussailleuse qui a longtemps marqué les spectateurs, il interprétait le rôle titre de la série d’aventures Grizzly Adams (ou La légende d’Adams et de l’ours Benjamin) qui n’a duré que peu de temps, 37 épisodes tournés entre 1977 et 1978, suivis de deux téléfilms en 1981 et 1982. La série, située dans les années 1850, s’inscrivait dans la continuité d’un film de cinéma en 1974 vaguement basé sur un personnage réel, qui avait connu un succès d’estime, la transition d’un succès au cinéma vers la télévision n’étant pas un phénomène récent. En France sa popularité ne fut pas très éloignée de celle La Petite Maison dans la prairie grâce à ses diffusions en boucle sur le petit écran les mercredi et les week-ends s’imposant ainsi dans les programmations des après-midis destinés au jeune public, marquant alors les esprits fragiles et aisément influençables des quadragénaires d’aujourd’hui. Des fois, j’écris n’importe quoi quand même…

Bozo the Bear et Dan Haggerty 2

Il interprète le rôle de James Capen surnommé Grizzly Adams, un ancien fermier vivant en ermite dans les montagnes après avoir été accusé d’un crime dont il était innocent, dégoûté à jamais de la civilisation et retrouvant goût à la vie en vivant en symbiose avec la nature sauvage. Il partageait ses aventures au grand air avec Benjamin Franklin, pas l’inventeur du paratonnerre mais un ours qu’il a commencé à élever alors qu’il n’était qu’un ourson, aussi obéissant et débrouillard que la chienne Lassie (prends ça dans les dents, Di Caprio, comprenne qui verra The Revenant). Ses autres compagnons étaient un trappeur débonnaire incarné par Denver Pyle – l’oncle des héros de Shérif fais-moi peur (également narrateur) – et un indien courageux (Don Shanks). On en garde le souvenir d’une série familiale désuète avec des scénarios basiques, un peu convenus mais sympathiques qui mettaient en valeur la beauté de la nature et des bons sentiments. C’est probablement difficilement regardable de par sa mièvrerie et ses nobles leçons oubliées d’un épisode à l’autre avec le passage des années. La série n’a plus vraiment été diffusée depuis un bail dans nos contrées, reste le souvenir d’interactions parfois génialement débiles avec des animaux, Grizzly Adams possédant le même «pouvoir» que Tarzan de parler avec intelligence aux créatures de la montagne et de s’en faire comprendre ou de partager leurs émotions et leurs peurs. Rien de moins…

The Life and Times of Grizzly Adams - Season 2

Dan Haggerty est également apparu le temps d’un épisode dans les séries Drôles de dames ; Chips et La Croisière s’amuse au début des années 80. Il est le pilote courageux de Terror Out of the Sky, téléfilm avec abeilles tueuses (suite de The Killer Bees sorti en salles) et dans le feuilleton catastrophe plutôt efficace Condominium signé Sidney Hayers en 1980, est un expert en hydraulique tentant de prévenir les habitants d’un condo sur une plage de Floride qu’un ouragan s’apprête à balayer leurs habitations. Il n’est évidemment pas écouté sinon il n’y aurait pas de drame. La distribution inclut également Barbara Eden, Ralph Bellamy, Stuart Whitman, Richard Anderson, Dorothy Malone et Linda Cristal.

Sa carrière s’est arrêtée après deux événements dramatiques : une arrestation par la police pour vente de cocaïne au milieu des années 80 (à l’insu de son plein gré ou de façon légale «on m’a piégé») puis un accident de moto qui a failli lui coûter la vie en 1993. Il a retrouvé un rôle proche de celui de Grizzly Adams dans le film Grizzly Mountain, et situé à la même époque, en 1997 puis une suite en 2000. Il a par ailleurs beaucoup travaillé comme cascadeur et dompteur pour des séries télé, notamment sur des productions Disney ou pour une série consacrée à Tarzan à la fin des années 60. Son aisance avec les animaux est née au sein de sa famille qui tenait une petite attraction d’animaux sauvages dans le Wisconsin (dont déjà un ours dressé à faire des tours pour amuser les foules), lui permettant sans mal de doubler les acteurs réfractaires à l’idée de partager des scènes avec des bêtes potentiellement carnivores, même si dressées pour leur sécurité. Pas peu fier de son rapport avec la faune indomptable, il avait un jour raconté au journal People cette anecdote : «Otis Chandler, l’éditeur du Los Angeles Times, m’a un jour invité chez lui pour me montrer le trophée d’un très gros ours qu’il avait tué et fait empailler. Je lui ai alors rétorqué que n’importe quel abruti peut pointer une arme sur un animal et le tuer. Moi j’ai un ours plus grand que le tien et bien vivant à mes côtés dans mon camion !».

The Pink Raiders
The Pink Raiders

Il a fait ses premières apparitions au cinéma dans des rôles de bodybuilder, dans le film Muscle Beach Party puis dans La Stripteaseuse Effarouchée (Girl Happy), un film avec Elvis Presley. Le reste de sa filmographie éparse inclut des apparitions dans Easy Rider, sur lequel il avait également travaillé sur la fabrication des motos apparaissant à l’écran puis dans plusieurs autres films plus standards de motards des années 70 allant du bis au Z (Angels Die Hard ; Chrome and Hot Leather ; Bury Me an Angel ; Pink Angels ; Sleazy Rider ; Hex avec Keith Carradine et Scott Glenn, qui semble le plus intéressant du lot). Il glisse ensuite vers sa période trappeur, entamée un peu avant Grizzly avec When the North Wind Blows de Stewart Raffill et suivie, après le premier film consacré à Grizzly Adams, de Frontier Fremont avec là aussi Denver Pyle et Don Shanks. Spirit of the Eagle en 1991 s’inscrit aussi dans ce genre où il se replonge allègrement.

Elves
Elves

Il a été dirigé par David Carradine en 1983 dans le drame Americana où le fils de John tient également le rôle principal, celui d’un vétéran du Vietnam qui tente de réparer un carrousel d’ailleurs fabriqué par Haggerty lui-même. Dans les années 80, il apparaît dans plusieurs films d’horreur sortis directement en vidéo ou DVD dont Elves relevant de la «nazisploitation» dont le slogan était «Maintenant, ils ne travaillent plus pour le Père Noël !». Dans Abducted en 1986, il est le père d’une joggeuse kidnappée et entraînée dans une cabane dans la montagne qu’il va tenter de sauver. L’année suivante, il est un avocat qui finit très mal dans le slasher Terror Night riches en caméos prestigieux dont deux légendes du western et de l’horreur John Ireland et Cameron Mitchell. Suivent ensuite Night Wars où deux vétérans du Vietnam font des cauchemars de plus en plus réalistes, The Chilling avec Linda Blair où des corps préservés dans un centre spécialisé dans la cryogénie se réveillent par accident et se transforment en zombies et quelques autres productions aussi peu marquantes dont un Abducted 2 dix ans après le premier. Dans la comédie Big Stan en 2007, il est dirigé par le sidekick de Adam Sandler, Rob Schneider, aux côtés d’autres vieilles gloires dont David Carradine, Scott Wilson, Sally Kirkland, M. Emmet Walsh et Henry Gibson. Le dernier film pour lequel il est crédité est un autre film d’horreur, Axe Giant: The Wrath of Paul Bunyan dans lequel il ne ferait là encore qu’un petit cameo en bûcheron. La montagne, toujours et encore…

Axe Giant : The Wrath of Paul Bunyan
Axe Giant : The Wrath of Paul Bunyan

S’il n’était donc pas un grand nom du cinéma ni même de la télévision, Dan Haggerty aura été l’une de ces personnalités qui nous marquent brièvement, pas forcément dans une grande œuvre d’ailleurs, et à ce titre méritait un hommage appuyé qui nous permet d’être complaisamment nostalgique de l’époque où on l’a découvert et des souvenirs que sa disparition fait remonter subrepticement…

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