Dernier weekend. Ce samedi 7 septembre a un goût de fin de festival. Les films de la compétition ont tous été diffusés, le choix du jury est fait et le CID se prépare pour la cérémonie de clôture. De mon côté, je me lève encore plus tôt pour aller voir la remise du prix Michel d’Ornano attribué à « Les garçons et Guillaume, à table! » de Guillaume Gallienne.
Et que voilà donc un film qui m’aura donné le sourire au saut du lit ! Quelle excellente surprise que cette comédie douce-amer inspirée de la vie de son réalisateur. Dans une mise en scène théâtrale, Gallienne raconte comment sa famille avait décidé qu’il était gay et qu’il se comportait par conséquent comme une fille imitant sa mère. Mère qu’il incarne lui-même dans le film, de façon hilarante et touchante, en plus de son propre rôle, dans une histoire personnelle et pourtant universelle. Passant du rire aux larmes en quelques secondes, Les garçons et Guillaume, à table! est sans conteste LA comédie de l’année. Résultat, une standing ovation et des rires par centaines accompagnent le réalisateur ému en fin de projection.
Pas le temps de pleurer trop longtemps, j’enchaîne sur la masterclass très attendue du créateur de Breaking Bad, Vince Gilligan. Durant 1h30, l’homme nous parlera longuement de ses années X-Files, à l’époque où il ne savait pas encore combien devait coûter un épisode de série quand il les écrivait (environ 3 millions pour X-files pour info). Puis il racontera la création de Breaking Bad, dont la diffusion se termine dans 3 semaines. Si Vince Gilligan redoute un peu l’après Breaking Bad, il est content d’avoir conduit son personnage exactement là où il voulait l’emmener dès le premier épisode. Mais Vince Gilligan est certainement moins triste de la fin de la série que Sony, qui ne croyait pourtant pas du tout à cette série au début, avant qu’elle se révèle être un véritable succès…
A peine sortie de cette masterclass que je cours à la conférence de presse de Snowpiercer – Le Transperceneige, en présence de Bong Joon Ho, Tilda Swinton et du dessinateur et scénariste de la BD dont le film est tiré. Alors que Tilda Swinton enchante la salle par son aura si particulière et un humour ravageur, le réalisateur explique qu’il négocie encore avec les Etats-Unis pour que son film ne soit pas coupé de 20mn là-bas. Quelques secrets de tournage et quelques explications sur le jeu d’acteur plus tard et l’équipe retourne signer les nombreux autographes qui leur sont demandés.
Puis alors que certains finissent de découvrir No Pain, No gain de Michael Bay que je refuse de m’infliger une deuxième fois, je pars récupérer mon invitation pour la cérémonie de clôture. Entre temps, je vais découvrir La malédiction d’Edgar, une fiction documentaire inspirée du livre de Marc Dugain et diffusée sur Canal + prochainement. La fiction traite de la vie du créateur du FBI, J.Edgar Hoover, vu du point de vu de son compagnon Clyde Tolson. On y découvre de façon très documentée les dessous du FBI de l’époque, la personnalité de Hoover mais aussi et surtout un portrait assez négatif et sans secrets du clan Kennedy. Théorie du complot, addiction sexuelle, maladie, mensonge et manipulation, tout y passe et nous fait revoir l’histoire des Etats-Unis avec un autre oeil.
Et voilà enfin l’heure de la cérémonie de clôture et du palmarès. Après un discours très drôle de Vincent Lindon prêt à redevenir président l’an prochain, mais aussi après une minute de silence émouvante faite en hommage à Valérie Benguigui, les prix sont distribués. Et là, c’est la douche froide pour la salle. Short term 12, seul film ovationné par le public, repart bredouille. The retrieval, celui qui m’aura offert la plus belle sieste et qui n’attirera personne en salles, obtient le prix de la critique internationale.
Que dire de Night Moves, le film le plus plat et fainéant de la compétition qui repart avec le grand prix. Incompréhensible. Il n’y a que Fruitvale Station (prix du jury révélation Cartier et prix du public), qui avait été bien reçu et qui décroche deux prix, même si c’est un petit peu exagéré… All is lost (prix du Jury) n’est pas non plus très surprenant puisque même si papy Redford ennuie un peu, il fait la force d’un premier film à la mise en scène incroyable.
C’est donc dans une ambiance étrange, par un public déçu, que l’équipe du Transperceneige monte sur scène afin de présenter le film. Dans cette histoire de science fiction où ce qui reste de l’humanité est parqué dans un train qui fait le tour du monde sans arrêt, Tilda Swinton réalise une performance incroyable, tout comme Chris Evans, surprenant. Toutefois, même si le message sur l’humanité et le parcours de survie d’un homme sont forts, le film reste bourré d’incohérences et pique un peu les yeux en terme d’effets spéciaux. Avis aux amateurs de films d’anticipation comme Le fils de l’homme, Le transperceneige vous plaira !
Le lendemain, avant de partir, je prendrais le temps de découvrir les deux premiers épisodes de Bates Motel, prochainement sur 13ème RUE. Cette série sur la vie de Norman Bates, avec Freddie Highmore et Vera Farmiga en grande forme, parvient à instaurer une atmosphère angoissante et intéressante. Je terminerais donc ce festival sur une bonne note, en attendant de pouvoir revenir l’an prochain pour le 40ème anniversaire avec mes collègues Frédérik, Marine, Al, Yohann, Léonora, Mehdi et Nicolas…
See you next year Deauville, and thank you !