De retour en salles au mois de septembre 2018

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A la rentrée, le rythme des sorties des films en reprise a tendance à se tasser. Le mois de septembre 2018 ne fait guère exception à la règle, puisque son programme de ressorties se résume essentiellement en une petite dizaine de films et deux rétrospectives d’envergure. Si vous résidez près d’une salle de répertoire à la programmation exigeante, vous aurez donc amplement le temps de (re)voir certains chefs-d’œuvre du cinéma français signés Bresson, Resnais et Rivette ou bien de vous plonger dans les filmographies fort dissemblables de Nicolas Philibert et de Ingmar Bergman. Enfin, signalons la faible présence des films américains, puisque seuls deux d’entre eux feront leur retour sur grand écran ce mois-ci.



Actuellement à l’affiche avec De chaque instant, le réalisateur français Nicolas Philibert (* 1951) aura dès ce mercredi droit à une rétrospective intégrale qui comprendra ses neuf films précédents. L’initiative des Films du Losange est d’autant plus appréciable que les documentaires ne comptent hélas pas parmi les genres favoris des spectateurs français et pas davantage des distributeurs téméraires de films anciens. Courez donc découvrir ces plongées fascinantes dans des microcosmes, qui apparentent au moins dans la forme le travail de Philibert de celui d’un autre maître du documentaire, Frederick Wiseman. De La Ville Louvre de 1990 jusqu’à La Maison de la Radio sorti il y a cinq ans, en passant entre autres par Le Pays des sourds, La Moindre des choses, Retour en Normandie et Nénétte, c’est un véritable regard en facettes multiples sur la France du dernier quart de siècle qui s’y propose à vous. Être et avoir, le plus grand succès commercial car seul film millionnaire du réalisateur, sera évidemment aussi de la partie, qui lui avait valu en 2002/03 le Prix Louis Delluc, ainsi que le César du Meilleur montage.



Les quatre autres films français exploités à nouveau dans de belles copies numériques fraîchement restaurées couvrent à peine une dizaine d’années, entre 1956 et ’66. De quoi explorer un peu plus en détail cette période charnière du cinéma national, en parallèle de la Nouvelle Vague à laquelle ces films appartiennent au mieux partiellement. Après avoir distribué respectivement en juillet et en août Journal d’un curé de campagne et Les Dames du bois de Boulogne, Les Acacias achève dès le 5 septembre sa trilogie de ressorties de films de l’immense Robert Bresson avec Un condamné à mort s’est échappé, prix du Meilleur réalisateur au Festival de Cannes en 1957. Le mercredi deux semaines plus tard sera entièrement dédié aux ressorties françaises, puisque vous pourriez y voir le deuxième film de Alain Resnais L’Année dernière à Marienbad, le scandaleux La Religieuse de Jacques Rivette, de même que le joliment nostalgique Rue des cascades de Maurice Delbez. Récompensé du Lion d’or au Festival de Venise en 1961, le premier compte jusqu’à ce jour parmi les films les plus beaux et énigmatiques de l’Histoire du cinéma. Le deuxième avait déclenché les foudres de la censure en 1966 et scandalisé la presse lors de sa présentation au Festival de Cannes la même année. Enfin, changement de registre radical avec le conte d’enfance profondément parisien que le distributeur Malavida accompagne de toutes sortes d’activités ludiques, telles qu’une projection en plein air dans la vraie rue des Cascades et des visites guidées sur les lieux du tournage qui font en même temps état de l’évolution du quartier.



Dans la partie fourre-tout de notre chronique mensuelle, vous aurez cette fois-ci droit à un chant de cygne atypique de l’un des plus grands réalisateurs du cinéma américain des années ’30 et à une comédie typiquement italienne le 5 septembre, ainsi qu’au retour du plus célèbre des jeunes magiciens et à une autre leçon sophistiquée en charme de la part de Ernst Lubitsch la semaine suivante. Josef von Sternberg était décidément plus admiré qu’aimé, grâce à des films mythiques comme L’Ange bleu et Morocco. Son œuvre testament Anatahan, tourné en 1953 au Japon en tant que parabole sur l’absurdité de la guerre, n’avait pas vraiment trouvé son public à l’époque. Une injustice à laquelle les cinéphiles curieux d’aujourd’hui remédierons, on l’espère. Alberto Sordi n’est pas prêt à prendre la place de Marcello Mastroianni dans le cœur du public français en tant qu’acteur italien mythique le plus populaire. Ce n’est par contre pas faute d’essayer puisque Le Célibataire de Antonio Pietrangeli est déjà le dixième de ses films à ressortir sur nos écrans en trois ans, contre seulement neuf avec Mastroianni sur la même période. Ce n’est certes que le premier des films de Harry Potter, Harry Potter à l’école des sorciers de Chris Columbus que la Warner ressortira en grande pompe, plus de vingt ans après la publication du premier livre. Mais bon nombre de multiplexes prennent cette sortie événement comme prétexte pour organiser des marathons Harry Potter comprenant les huit films de la saga. Enfin, à quand une nuit Ernst Lubitsch, certainement plus pétillante et intelligente que ces grandes messes de fans plus si pubères ? Une heure près de toi sera en effet déjà le quatrième de ses films à ressortir cette année, dans l’attente de La Huitième femme de Barbe bleue en décembre et de Haute pègre début 2019.



On vous a gardé le meilleur pour la fin, puisque la rentrée 2018 rime avant tout avec toutes sortes de célébrations du centenaire de Ingmar Bergman (1918-2007), en léger décalage puisque et son anniversaire, et son décès ont eu lieu en juillet. Le réalisateur suédois aura droit à non pas un, mais deux documentaires commémoratifs – A la recherche de Ingmar Bergman de Margarethe von Trotta le 5 septembre et Bergman Une année dans une vie de Jane Magnusson le 19 septembre – ainsi qu’à la poursuite de la rétrospective de ses films, entamée par Carlotta Films en 2014, qui comprendra sept films dès le 26 septembre, dont Le Visage, A travers le miroir, Le Silence et De la vie des marionnettes. Ce cycle sera complété en octobre par treize films supplémentaires – on y reviendra à ce moment-là –, ainsi que dès le 19 septembre d’une intégrale de ses films, projetés pendant deux mois à la Cinémathèque Française à Paris.

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