De retour en salles au mois de mars 2020

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Le Mystère von Bulow © Joel Warren / Sovereign Pictures / Warner Bros. / MGM / Les Acacias
Tous droits réservés

En ce mois de mars 2020, où l’ombre virale d’une réduction drastique de la vie culturelle plane sur l’Europe et la France, les distributeurs de films de patrimoine nous ont préparé un beau petit programme de reprises. Espérons donc que l’hystérie sanitaire n’aura pas raison de cette douzaine d’œuvres majeures du cinéma d’antan, qui méritent amplement d’être découvertes par le public d’aujourd’hui et redécouvertes par celui d’hier. A noter également le rendez-vous incontournable des cinéphiles nostalgiques avec le Festival « Toute la mémoire du monde », dont la huitième édition aura lieu du mercredi 4 au dimanche 8 mars à la Cinémathèque Française et dans les salles partenaires à Paris.

Le Ballon d’or © Tamasa Diffusion Tous droits réservés

Puisque une fois de plus, il n’y a aucune rétrospective à proprement parler qui viendrait enrichir la programmation des salles de répertoire en cette fin d’hiver, pourquoi ne pas opter pour une répartition des sorties en fonction de leur distributeur ? Car c’est Tamasa Diffusion qui se démarque particulièrement ce mois, grâce à ses pas moins de quatre sorties. Celles-ci sont regroupées sur deux mercredis seulement, avec dès après-demain, le 4 mars, la poursuite de l’hommage rendu à Federico Fellini pour son 100ème anniversaire en janvier dernier. Deux semaines après la ressortie des Nuits de Cabiria, voici donc celle de Les Vitelloni, le troisième long-métrage du réalisateur qui lui avait permis de s’imposer définitivement sur la scène internationale au début des années 1950. Le même jour, vous aurez l’occasion de revoir en salles le très rare L’Ombre des châteaux de Daniel Duval, une touchante histoire sur une famille improvisée de marginaux dans le nord de la France avec Philippe Léotard.

Puis, quinze jours plus tard, le 18 mars, un double programme tout aussi alléchant avec le dernier volet fellinien et son deuxième film Le Cheik blanc toujours avec Alberto Sordi, ainsi qu’une rareté supplémentaire, le cinéma africain n’ayant hélas pas souvent le privilège de voir ses trésors du patrimoine cinématographique restaurés comme il le faut. Le conte sportif Le Ballon d’or de Cheik Doukouré appartient à cette brève parenthèse au début des années 1990, quand le public familial se mettait à admirer les exploits des athlètes africains. On pourrait également y associer le beaucoup plus hollywoodiens Rasta Rockett de Jon Turteltaub, sorti à l’époque exactement le même jour en France, le 13 avril 1994 !

Mississippi Burning © 1988 David Appleby / Orion Pictures Corporation / Les Acacias
Tous droits réservés

Deux autres distributeurs d’envergure, voire d’importance primordiale en termes de films à nouveau exploités dans leurs plus beaux habits numériques, sont Les Acacias et Carlotta Films. Chez le premier, entre deux parties du cycle des films réalisés par Dino Risi dans les années 1970, qui reprendra dès le mois d’avril, vous aurez droit à deux films à Oscars, produits à peu près à la même période de la fin des années ’80. Le Mystère von Bulow de Barbet Schroeder, à l’affiche dès le 4 mars, avait valu l’Oscar du Meilleur acteur à Jeremy Irons en 1991, notamment contre Gérard Depardieu nommé dans la même catégorie pour Cyrano De Bergerac de Jean-Paul Rappeneau. Quant au très édifiant Mississippi Burning de Alan Parker, qui ressortira le dernier mercredi du mois, le 25 mars, il figurait parmi les grands perdants de la cérémonie deux ans plus tôt, de laquelle il était reparti avec un seul trophée, pour la Meilleure photo de Peter Biziou, en dépit de ses sept nominations.

Chez Carlotta Films, deux films magistraux en noir et blanc font leur grand retour sur grand écran. Également à partir de mercredi prochain, le britannique Temps sans pitié était le premier film que le rescapé de la chasse aux sorcières anticommuniste Joseph Losey pouvait tourner outre-Manche à peu près sereinement vers la fin des années ’50. Il s’agit du sixième film de Losey à ressortir en France ces cinq dernières années, après entre autres Eva et Cérémonie secrète. Ensuite, il faudra attendre jusqu’à la fin du mois, toujours le 25 mars, pour revoir dans toute sa splendeur l’un de nos films de chevet, le sublime Elephant Man de David Lynch dans une belle restauration en 4K.

Les Lèvres rouges © Malavida Tous droits réservés

Enfin, ce n’est pas parce qu’ils n’ont qu’un seul film à offrir ce mois-ci que ces trois distributeurs infatigables ne mériteraient pas notre entier respect. Chez le Bordelais Capricci, il y a un deuxième film marquant de l’illustre filmographie de David Lynch, qui ressortira dès le 11 mars, après avoir fait l’ouverture du Festival « Toute la mémoire du monde » : Blue Velvet avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper et la fraîchement oscarisée Laura Dern. Le même jour, l’écurie Malavida vous propose le poisseux et érotique Les Lèvres rouges de Harry Kümel avec la magnifique Delphine Seyrig dans le rôle de la mystérieuse et triste Contesse Bathory. Enfin le 25 mars, Splendor Films nous permet de voir le deuxième film du maître anglais Mike Leigh, High Hopes, sorti initialement en 1988, c’est-à-dire dix-sept ans après ses premiers pas sur grand écran avec Bleak Moments, suivis d’une longue parenthèse passée à travailler pour la télévision. Ce qui nous rappelle qu’on ose toujours rêver que sa dernière épopée Peterloo finisse un jour par trouver son chemin jusque dans les salles de cinéma françaises …

Les Vitelloni © Tamasa Diffusion Tous droits réservés

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