De retour en salles au mois de mars 2019

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La Meilleure façon de marcher © Splendor Films Tous droits réservés

Le programme des reprises en salles est assez rachitique en ce mois de mars 2019, où moins d’une dizaine de films ressortent en France. Les cinéphiles parisiens pourraient se rattraper avec le festival Toute la mémoire du monde, dont la septième édition aura lieu du mercredi 13 au dimanche 17 mars à la Cinémathèque Françaises et dans ses cinémas partenaires. Pour tous les autres, c’est une cure de privation nostalgique qui s’impose, particulièrement sévère pendant les deux premières semaines du mois, où seulement trois classiques sont annoncés ! Au moins, le bout du tunnel se dessine au plus tard la première semaine d’avril à travers le festival Play it again, qui met en avant pour la cinquième fois ce que nos chers distributeurs de films de patrimoine avaient de mieux à nous offrir en 2018. Néanmoins, quelques pépites parcimonieuses vous attendent au cours des quatre mercredis à venir, sous forme de la première partie d’une rétrospective sélective des films de Jerzy Skolimowski, de la commémoration du 25ème anniversaire d’une œuvre sur la Shoah qui avait fait date et de l’occasion finalement arrivée de revoir en d’excellentes conditions sur grand écran un de nos films préférés de Milos Forman.

Signes particuliers néant © Malavida Films Tous droits réservés

Face à la pauvreté de l’offre, on en voudrait presque à Malavida Films de ne pas sortir d’un seul coup les quatre films qui forment son Tribute to Jerzy Skolimowski. Mieux vaudrait donc être patient et frémir d’anticipation à cette ressortie en deux petites vagues, d’abord le 20 mars Signes particuliers néant, le premier film du réalisateur polonais né en 1938, et Travail au noir pour lequel il avait gagné le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 1982, puis trois semaines plus tard Walkover et Le Bateau-phare, prix spécial du jury au Festival de Venise en 1985. Ce travail de sauvegarde et de transmission du patrimoine cinématographique déjà fort recommandable est encore enrichi par la rétrospective dédiée à la Cinémathèque Française à Skolimowski du 14 au 31 mars. Le réalisateur sera en plus l’un des invités d’honneur du festival Toute la mémoire du monde déjà cité, où il tiendra une masterclass animée par la créatrice du festival Pauline De Raymond le dimanche 17 mars. Vous n’aurez donc aucune excuse de ne pas vous plonger dans la filmographie passionnante d’un réalisateur, dont seuls Le Départ et Le Cri du sorcier avaient bénéficié récemment d’une ressortie en version restaurée !

La Liste de Schindler © Universal Pictures / Amblin Entertainment Tous droits réservés

Un mois qui séduit si peu par la variété et la profusion de ses films de nouveau à l’affiche fait sans surprise la part belle au cinéma américain. La moitié des ressorties sont ainsi hollywoodiennes, avec un fort accent mis sur les auteurs reconnus du Septième Art. Steven Spielberg allait franchir le cap entre l’imposture supposée et la consécration en 1993 avec La Liste de Schindler. L’imposante épopée avec Liam Neeson et Ben Kingsley avait remporté pas moins de sept Oscars, dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur pour Spielberg en personne. A vérifier à partir du 13 mars, si son message est resté toujours aussi puissant un quart de siècle plus tard, alors que le fléau de l’antisémitisme est loin d’être éradiqué en Europe et ailleurs dans le monde … Les ambitions artistiques de Milos Forman étaient au moins aussi prononcées dans son adaptation de E.L. Doctorow Ragtime, un film que l’on aime beaucoup (cf. notre critique écrite après l’avoir revu dans une copie fatiguée en Italie en 2017), mais qui avait peiné à trouver son public en 1981. Espérons que la version restaurée, distribuée par Lost Films à partir du 20 mars, rétablira tant soit peu son statut de chef-d’œuvre trop longtemps ignoré.

Un Américain bien tranquille © United Artists / Swashbuckler Films Tous droits réservés

Swashbuckler Films est le seul à oser sortir deux films distinctement ce mois-ci, qui permettront davantage d’élargir la connaissance des maîtres que sont Fritz Lang et Joseph L. Mankiewicz que d’en bouleverser notre appréciation de fond en comble. Bref, Casier judiciaire du premier et Un Américain bien tranquille du deuxième, respectivement à l’affiche le 6 et le 20 mars, ont beau être des films relativement mineurs, ils raviront les complétistes et autres curieux qui en auraient presque marre de revoir une vingtième fois Métropolis et M le maudit ou Chaînes conjugales et Eve. Les films de Douglas Sirk sont encore moins rares que ceux de ses deux contemporains, puisque pas moins de six d’entre eux étaient ressortis aussi récemment qu’en 2016. Qu’à cela ne tienne, Ciné Sorbonne rafraîchira notre mémoire dès le 27 mars avec le sublimement romantique Tout ce que le ciel permet, où l’amour entre la veuve de banlieue Jane Wyman et le jeune homme proche de la nature Rock Hudson sera forcément voué à une fin tragique.

L’Arche russe © Carlotta Films Tous droits réservés

Le gouffre historique est joliment vertigineux parmi les trois films français et russe, qui complètent cette sélection mensuelle peu volumineuse. Trois cents ans d’Histoire russe sont ainsi condensés magistralement dans L’Arche russe de Alexandre Sokourov que Carlotta Films ressortira le 20 mars. L’exploit technique de ce plan-séquence est certes de taille, mais c’est avant tout le tourbillon des sens et des repères qui nous avait plutôt subjugués lors de la sortie initiale de ce tour de force formel en 2003. Oscar du Meilleur documentaire en 1968, La Section Anderson de Pierre Schoendoerffer nous plonge dans l’horreur de la guerre de Vietnam. Cette mise en perspective utile du cirque politique qui vient de se dérouler à Hanoi, entre le président américain et celui de la Corée du Nord, sera sur les écrans à partir du 27 mars, grâce à Solaris Distribution. Enfin, La Meilleure façon de marcher, le premier film de Claude Miller, ressortie dès mercredi prochain, risquerait de prendre un sérieux coup de vieux quant à sa description de la confusion des genres, si ce n’était pour la délicatesse de sa mise en scène et des interprétations indémodables des deux Patrick, Bouchitey et Dewaere.

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