Après l’avalanche de ressorties au mois de juillet, vous aurez amplement le temps de souffler en août, puisque le programme des reprises se résume à une quinzaine de titres. Ce qui n’est pas énorme, admettons-le, d’autant plus que l’essentiel de ces films présentés dans de somptueuses copies restaurées – pour la plupart en 4K – est assuré par deux vaillants distributeurs ! Un grand merci donc à Carlotta Films et à Solaris Distribution, qui ont fait en sorte que ce dernier mois de la relâche estivale ne se résume pas à deux pauvres films à revoir le premier et le dernier mercredi du mois !
Les deux temps forts d’août 2024 dans vos salles de répertoire sont indéniablement les rétrospectives partielles dédiées aux réalisateurs François Truffaut et Akira Kurosawa. Certes, il n’y a rien de rare à signaler dans les filmographies respectives de ces deux monstres sacrés du Septième art du XXème siècle. Mais on ne va tout de même pas bouder notre plaisir de revoir une dizaine de leurs films dans des conditions de visionnage optimales !
Puis côté inédit, vous aurez droit à la parodie loufoque La Légende de l’aigle chasseur de héros de Jeffrey Lau avec tous les acteurs de renom du cinéma hong-kongais au début des années 1990. Enfin, le cinéma hollywoodien est de même bien représenté, grâce à une comédie romantique magistrale (La Garçonnière de Billy Wilder), à un péplum de fin de règne (La Chute de l’empire romain de Anthony Mann) et à un western qui prend pour une fois parti les Indiens (Soldat bleu de Ralph Nelson).
4 héroïnes et un pianiste de François Truffaut
Un peu tristement, l’année 2024 est l’année François Truffaut. Quoi de mieux, en effet, bientôt quarante ans après sa mort prématurée le 21 octobre 1984 à seulement 52 ans d’une tumeur au cerveau, que de revoir certains des films qui ont ponctué sa carrière en tous points remarquable ? Ce sera chose faite dès cette semaine, puisque Carlotta Films ressortira demain la première partie d’une rétrospective thématique autour de cinq héroïnes du célèbre réalisateur. L’occasion rêvée de revoir Les Deux Anglaises et le continent avec Jean-Pierre Léaud, ainsi que La Femme d’à côté et Vivement dimanche ! avec Fanny Ardant, suivis quatre semaines plus tard, le 4 septembre, par Françoise Dorléac dans La Peau douce, son quatrième long-métrage.
Son deuxième, Tirez sur le pianiste avec Charles Aznavour dans l’un de ses rôles les plus emblématiques, tourné en 1960, c’est-à-dire un an seulement après les débuts éclatants de François Truffaut avec Les 400 coups, ressortira de même le 7 août, chez le même distributeur. La dominance masculine dans ce polar sombre adapté de David Goodis est-elle responsable de l’exclusion de ce film dense de la rétrospective autour des personnages féminins forts ? Mystère. Toujours est-il qu’on vous conseille de commencer votre retour sur l’œuvre de François Truffaut par cette mise en bouche cinématographique excellente, avant de dévorer sans modération ses films de maturité, voire crépusculaires, si possible par ordre chronologique !
Rétrospective Akira Kurosawa en 6 films
On peut avoir l’impression que la riche et illustre filmographie du maître du cinéma japonais Akira Kurosawa (1910-1998) a les honneurs d’un hommage partiel chaque année ou presque. Et après tout, pourquoi pas, tant les films du réalisateur de Rashomon constituent une source inépuisable d’enthousiasme cinéphile ? Sept semaines après la reprise événement de son chef-d’œuvre Les Sept samouraïs par The Jokers le 3 juillet dernier, voici donc à partir du 21 août six autres films majeurs que tout connaisseur du cinéma mondial se doit d’avoir regardé au moins une fois. En tant qu’infatigable promoteur du cinéma asiatique en général et des films d’Akira Kurosawa en particulier, Carlotta Films y couvre la période faste et prolifique de la carrière du réalisateur, allant de 1949 avec Chien enragé jusqu’à 1963 avec Entre le ciel et l’enfer.
Quatre de ces films ont bénéficié de nouvelles restaurations 4K : Chien enragé avec Toshiro Mifune et Takashi Shimura, Vivre avec Takashi Shimura dont le remake britannique par Oliver Hermanus avait valu à Bill Nighy une nomination à l’Oscar du Meilleur acteur l’année dernière, ainsi que le film de sabre Yojimbo et le policier Entre le ciel et l’enfer, tous deux avec Toshiro Mifune. Tandis que les deux autres ont dû se contenter de la moindre définition en 2K : l’adaptation de Maxime Gorki Les Bas-fonds et le drame Les Salauds dorment en paix, encore et toujours avec le fidèle parmi les fidèles Toshiro Mifune.
La violence dans tous ses états
Comment regrouper les cinq autres films faisant leur retour en salles ce mois-ci ? En fait, ils se distinguent tous par un degré de violence plus ou moins cru qui anime leurs personnages. Jugez-en par vous-mêmes : dans le western Soldat bleu de Ralph Nelson, de retour en 4K à partir du 21 août grâce à Solaris Distribution, l’engagement de Candice Bergen n’aboutit pas à grand-chose pour empêcher le massacre des Indiens, dans le majestueux La Chute de l’empire romain de Anthony Mann, une semaine plus tôt chez le même distributeur, la ribambelle de vedettes de l’époque (Sophia Loren, Stephen Boyd, Alec Guinness, James Mason et Christopher Plummer) cache plutôt mal qu’il s’agit d’une histoire et d’un film au pessimisme crépusculaire.
Et dans toute sa verve satirique, La Garçonnière de Billy Wilder – Oscar du Meilleur Film en 1961 et la dernière pépite d’antan du mois, le 28 août chez Les Acacias – ne laisse aucun répit à son couple vedette formé par Jack Lemmon et Shirley MacLaine, les laissés-pour-compte d’une société américaine à la hiérarchie impitoyable.
Même sur le ton de la comédie, les rapports de force sont tout aussi marqués. A la fois dans la suite de Paddington, Paddington 2 de Paul King, de retour en salles à partir de demain chez Studiocanal, l’ourson adoré se retrouve derrière les barreaux, alors que dans la farce d’arts martiaux La Légende de l’aigle chasseur de héros de Jeffrey Lau, tourné en parallèle des Cendres du temps de Wong Kar Wai afin d’amortir les coûts de celui-ci, tous les coups, aussi spectaculaire et douloureux soient-ils, sont permis. Un inédit de la grande époque du cinéma de Hong Kong, à découvrir dès la semaine prochaine chez Carlotta Films.