Damages, saison 4

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Difficile, pour une série, de s’imposer un schéma sans en étouffer un jour. A vouloir reproduire le succès de la saison 1, les scénaristes de Damages s’y noient à leur tour et se regardent écrire. Quand l’affaire judiciaire devient linéaire, les flashforwards inutiles, seuls les personnages savent sauver le navire. Retour sur une pénultième saison qui tangue, entre génie et ennui. 

2010. Les fans tremblent. Le rideau tombe sur la saison 3, c’est peut-être la dernière. Moins d’un million de téléspectateurs sont au rendez-vous, FX met fin au suspens : Damages est annulée, plus chère qu’attirante.

Puis renaît d’entre les morts ; un miracle à la Friday Night Lights.

C’est officiel : sur DirecTV, le drame judiciaire reviendra pour deux ultimes saisons.

Mais l’inquiétude des amateurs demeure. Les coupures budgétaires font craindre le pire. Pertes de scénaristes, d’acteurs prestigieux, de repères… Et si tout était différent ?

Autant de doutes que la saison 4 balaie dès son deuxième épisode (I’ve Done Way Too Much for This Girl). L’ambiance et les personnages restent fidèles à eux-mêmes. Mais, problème : la série déterre, avec eux, les défauts de la saison 2.

Deux ans plus tard 

Face à la mer, le drame dans le dos, elles semblent enfin tout se pardonner. Son plus fidèle associé récemment assassiné, Patty Hewes l’ambitieuse s’éteint, le souvenir d’une fausse couche provoquée en tête, premier extrémisme de sa carrière. La jeune Ellen Parsons se tient à côté d’elle, dernier soutient de celle qui a, un jour, tenté de la tuer. Leurs chemins se séparent. Irréprochables, Glenn Close (Liaison fatale, Les liaisons dangereuses) et Rose Byrne (Troie, X-Men : Le commencement) ferment la troisième saison comme si aucune autre s’annoncerait utile.

Pourtant, une question reste en suspend quand, sur le ponton, son élève interroge la grande avocate : « Was it worth it ? » Est-ce que tous ces sacrifices en valaient la peine ? Silence lourd, le spectateur devra remplir le blanc de lui-même ; jusqu’à ce que la saison 4 corrige le tir à merveille.

Deux ans se sont écoulés, les bouleversements n’ont pas eu lieu mais, plus intéressant, les souvenirs du sang versé sont encore frais et dicteront, toute la saison, les faits et gestes de protagonistes traumatisés ; avec tout le génie d’une écriture au cheminement logique.

Un choc enfoui au plus profond d’elle-même, pour Patty, repartie s’asseoir au sommet de son cabinet, feignant de penser que rien ne s’est passé. Un déni dans lequel le Dr. Baldwin (Fisher Stevens), son psychologue, se donne pour devoir de creuser. Car, sans souvenirs, point d’expérience ni progrès. Une thérapie qui n’aide pas autant que la réalisation de sa petitesse, mise au fait de son impuissance quand sa petite-fille – dont elle a la garde – tombe gravement malade. Elle qui s’était tant habituée à tout contrôler ; à ne pas devoir croire en Dieu parce qu’ayant toujours eu le pouvoir de changer les choses par elle-même. C’est affectée par le manque de sens de son existence qu’elle décidera alors de se mettre en position de conseiller Ellen, de lui transmettre son savoir, sa force.

Une Ellen qui commence, elle-même, à pécher par ambition. Chez Nye, Everett & Polk, avocate sous-estimée, elle délaisse son collègue de fiancé ; comme Patty Hewes a longtemps négligé les hommes de sa vie. Un parallèle d’autant plus saisissant qu’Ellen se penche sur sa carrière et fait la chasse au gros poisson.

Une affaire d’Etat qui crée la scission chez les deux femmes fortes. Patty lui conseillant de tout sacrifier pour la victoire ; et la jeune Ellen privilégiant ses sentiments envers la victime.

Une saison plus tard, les scénaristes nous donnent la clé du « Was it worth it ? », problématique du sacrifice qui surplombe la série, le duo, et méritait une réponse aussi bien écrite.

Les deux visions peuvent s’affronter dans une ultime saison, peut-être encore alourdie d’une affaire sans rebondissements.

La Guerre froide

Aux finances succède la guerre. Après Bernard Madoff la saison précédente, Damages s’approprie de nouveau le réel en adaptant, à sa manière, l’affaire du Blackwater, société militaire privée engagée par le gouvernement américain dans les années 2000, accusée d’avoir mené plusieurs opérations illégales en Afghanistan et en Irak.

Un synopsis prometteur, mis en valeur – autant que faire se peut – par la présence de John Goodman (The West Wing, Treme) et Dylan Baker (The Good Wife), habitués des séries dont on ne peut se lasser.

Mais, de temps mort en temps mort, jamais l’affaire ne décolle, parasitée par une succession de hasards dont les rebondissements, rares, masquent aussi difficilement qu’artificiellement un déroulement des plus prévisibles. La surprise se fait attendre, en vain. On tourne en rond, l’ennui domine ; une prouesse pour une saison de seulement 10 épisodes.

Une perte de temps qui déçoit d’autant plus que la série ne trouvera pas judicieux de donner plus de consistance que celle d’un simple coup de foudre à l’attirance d’Ellen pour Chris Sanchez (Chris Messina), ami d’enfance qu’elle retrouve en tant qu’ancien mercenaire d’High Star, le Blackwater fictif.

C’est la Guerre froide. Rien ne se passe, rien ne se passera. A mille lieues de l’astucieuse saison 1, les flashforwardsen boucle – s’obstinent à bâtir un mystère qui ne le deviendra jamais : la possible mort du beau soldat. Comme si le spectateur pouvait s’en soucier.

Les scénaristes auront-ils appris de leurs erreurs ? Réponse le 11 juillet.

 

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