D’habitude, les cycles mensuels que l’équipe de LaCinetek nous concocte avec toujours la même cinéphilie attentionnée relèvent de l’ordre du thématique. Chaque dix du mois, il y est question à travers dix films d’un sujet en particulier, comme récemment de la médecine, de l’école, du rock ou encore des banlieues. Il faudra remonter près d’un an, jusqu’en mai 2023, pour trouver une autre sélection qui se penche sur la forme du Septième art, en l’occurrence la figure du plan séquence. Mais c’est essentiellement tout ce qui relève du regroupement autour d’un procédé formel depuis que la plateforme créée par Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapisch a commencé avec sa formule des sélections mensuelles en septembre 2018.
Le nouveau cycle, encore en ligne jusqu’au jeudi 9 mai inclus, fait donc figure d’exception, puisqu’il vous fera vivre un programme hétéroclite en huit longs-métrages et quatre formats plus courts autour de la notion des variations sur la vitesse.
Pour celles et ceux qui ne sauraient pas encore comment fonctionne l’offre d’abonnement de LaCinetek : le forfait mensuel vous coûte 4€99, alors que l’annuel est à un peu moins de cinquante euros. Ils vous donnent accès sur le site de LaCinetek à la sélection du mois, ainsi qu’à certains coups de cœur temporaires de la Cinémathèque des cinéastes. Incluse dans l’offre est également plus de la moitié des films du cycle médical précédent qui joue les prolongations pendant un mois supplémentaire pour Amour et amnésie de Peter Segal et Haut les cœurs ! de Solveig Anspach, voire jusqu’à la mi-juin pour Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene, L’Homme sans passé de Aki Kaurismäki, Les Invasions barbares de Denys Arcand, Journal intime de Nanni Moretti et Ouvre les yeux de Alejandro Amenabar.
La nouvelle rétrospective trimestrielle vient d’arriver sur LaCinetek. Vous aurez donc amplement le temps de vous familiariser avec la filmographie de la réalisatrice japonaise Kinuyo Tanaka, en ligne jusqu’à fin juin. La carte blanche accordée à son confrère et compatriote Ryusuke Hamaguchi, à l’occasion de la sortie en salles mercredi dernier de son nouveau film Le Mal n’existe pas, se terminera dès le 3 mai. Elle contient quatre films ayant inspiré le réalisateur de Drive My Car : L’Amour d’une femme de Jean Grémillon, Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson, La Truite de Joseph Losey et L’État des choses de Wim Wenders.
Enfin, d’ici la fin de la semaine, le dimanche 21 avril pour être précis, disparaîtra de l’abonnement Distant Voices Still Lives, l’un des films majeurs du réalisateur anglais Terence Davies, présenté en partenariat avec le Centre Pompidou qui avait consacré une rétrospective au réalisateur des Carnets de Siegfried pendant la première quinzaine du mois de mars.
Pour les plus très jeunes d’entre nous, est-ce que vous vous souvenez encore des films muets de Charlot et autres comiques ayant résisté à l’épreuve du temps qui passaient à une vitesse acrobatique sur les ondes des chaînes de télévision publique à l’époque de notre enfance ? Cette variation de vitesse-là est heureusement tombée victime depuis du purisme des conditions de projection par laquelle se distinguent à présent la plupart des diffuseurs cinématographiques au sens large. Les dérèglements multiples que vous pourriez voir au fil des œuvres retenues par LaCinetek sont infiniment plus volontaires. Ils s’emploient à interroger notre rapport, personnel et intime, à l’image au ralenti ou bien au défilement accéléré. Toutefois, ce n’est guère à un exercice de style expérimental que vous vous soumettrez en regardant en illimité pendant encore trois bonnes semaines les films choisis.
En effet, l’artistique et le plus commercial y font une fois de plus bon ménage, puisque l’on y croise à la fois les exploits physiques de Jackie Chan au début de sa carrière et le grand retour au cinéma de fiction par l’immense théoricien de l’image qu’était Jean-Luc Godard après une décennie d’égarements idéologiques avec Sauve qui peut [la vie], présenté en compétition au Festival de Cannes en 1980.
D’autres cinéastes de renom sont également de la partie, tels que Claude Sautet – dont Mado toujours avec Michel Piccoli et Romy Schneider reste de même disponible dans l’abonnement jusqu’à début juin –, Werner Herzog avec un moyen-métrage qui avait embelli l’affiche du Festival de Brive en 2015, Takeshi Kitano et son Lion d’or mélancolique de la fin des années 1990, Gus Van Sant sur le terrain des skaters d’Oregon, Lars von Trier plus que jamais en mode lugubre ou bien l’un des films les plus révolutionnaires des années ’20, L’Homme à la caméra de Dziga Vertov.
La sélection « Variations sur la vitesse » du mois d’avril 2024
Ce qui me meut (France / 1989) de Cédric Klapisch, avec Marc Berman et Marina Rodriguez Tomé
Les Choses de la vie (France / 1970) de Claude Sautet, avec Michel Piccoli et Romy Schneider
Les Funérailles des roses (Japon / 1969) de Toshio Matsumoto, avec Pîtâ et Osamu Ogasawara
La Grande extase du sculpteur sur bois Steiner (Allemagne / 1974) de Werner Herzog
Hana-bi (Japon / 1997) de Takeshi Kitano, avec Takeshi Kitano et Kayoko Kishimoto – Lion d’or au Festival de Venise en 1997
L’Homme à la caméra (Union Soviétique / 1929) de Dziga Vertov, avec Mikhail Kaufman
Le Maître chinois (Hong Kong / 1978) de Yuen Woo-Ping, avec Jackie Chan et Yuen Hsiao-Tien
Melancholia (Danemark / 2011) de Lars von Trier, avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg – Prix de l’interprétation féminine au Festival de Cannes à Kirsten Dunst en 2011
Paranoid Park (États-Unis / 2007) de Gus Van Sant, avec Gabe Nevins et Daniel Liu – Prix du 60ème anniversaire au Festival de Cannes en 2007
Collection Jean Painlevé (France / 1928-1972) de Jean Painlevé
Sauve qui peut [la vie] (France / 1980) de Jean-Luc Godard, avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc – César de la Meilleure actrice dans un second rôle à Nathalie Baye en 1981
Scénario de Sauve qui peut [la vie] (France / 1979) de Jean-Luc Godard