Si tout va bien, les cinémas rouvriront leurs portes en France dans trois semaines. Et d’ici trois jours, vous pourriez enfin vous dégourdir plus amplement les jambes que pendant l’heure journalière dans le périmètre restreint d’un kilomètre, de rigueur depuis fin octobre. En quoi ces bonnes nouvelles de déconfinement progressif concernent-elles la sélection de LaCinetek ? Tout simplement parce qu’il faudra bien occuper vos soirées et vos écrans jusqu’à la mi-décembre et que le thème du cycle mensuel, en ligne sur le site de LaCinetek jusqu’au mercredi 9 décembre inclus, vous invite au voyage par l’intermédiaire de dix films toujours aussi soigneusement sélectionnés.
Fondée il y a exactement cinq ans – et non pas six comme nous l’avions affirmé dans notre texte du mois d’octobre, honte à nous ! – en novembre 2015 par les réalisateurs Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapisch, la Cinémathèque des réalisateurs participe toujours autant à la mise à disposition à moindre frais des chefs-d’œuvre du XXème siècle et du début des années 2000. Il vous suffira toujours d’investir la modique somme de moins de trois euros par mois ou de trente euros par an afin de vous y abonner. Et qui sait, avec les fêtes de fin d’année qui approchent à grands pas, peut-être LaCinetek va-t-elle renouveler l’offre promotionnelle de l’abonnement annuel pour seulement 25 euros ? Sinon, vous avez de même toujours la possibilité d’offrir ce condensé virtuel de cinéphilie par le biais des cartes cadeaux.
Enfin, sur son blog, LaCinetek fait durer le plaisir du voyage par une sélection de thèmes musicaux issus des films sélectionnés. De quoi vous laisser guider oralement à travers ces bandes son iconiques composées ou interprétées entre autres par Bernard Herrmann, Air, Chuck Berry, The Doors et Jimi Hendrix. C’est également à ce niveau-là qu’on a découvert que la sélection pour nos voisins belges et luxembourgeois, en mesure de s’abonner à l’offre depuis le mois dernier, sera légèrement différente. Sans doute pour de bêtes raisons de droits, Easy Rider de Dennis Hopper y sera remplacé par Le Goût de la cerise de Abbas Kiarostami, Palme d’or au Festival de Cannes en 1997.
Ce qui rendrait l’échantillon de vagabondages cinématographiques presque plus intéressant, une fois, en dehors de la France que sur le territoire national. Bien qu’on n’ait strictement rien à redire sur le travail des sélectionneurs en termes de qualité des films, c’est du côté de leur rareté que les choses se compliquent un peu. Aucune curiosité à proprement parler ne vient ainsi enrichir la liste, constituée essentiellement de films rentrés depuis longtemps dans les annales du cinéma. Vous aurez donc l’occasion de rattraper ou de revoir des œuvres récompensées par les prix les plus prestigieux du monde du cinéma, à savoir la Palme d’or, le Lion d’or, l’Oscar et accessoirement le César. Et on espère pour votre culture cinéphile que les noms de Frank Capra, Sofia Coppola, Jim Jarmusch, Martin Scorsese, Agnès Varda et Wim Wenders vous sont familiers.
Curieusement, de ce choix de la sécurité découle aussi en quelque sorte une certaine uniformité. Si l’on peut considérer Jim Jarmusch comme un successeur assez direct du style détendu en toute indépendance de Wim Wenders, en y ajoutant la touche légèrement plus comique de Percy Adlon, la moitié de la sélection est d’ores et déjà couverte. De même, le regard de la plupart des autres cinéastes américains sur le déracinement plus ou moins volontaire de leurs personnages se démarque par son pessimisme, Un propos sombre dans lequel s’inscrit parfaitement Agnès Varda avec son magnifique conte sur la précarité à la française dans Sans toit ni loi avec Sandrine Bonnaire, alors au tout début de sa carrière, entamée deux ans plus tôt avec A nos amours de Maurice Pialat.
Heureusement, Frank Capra, présent pour le deuxième mois de suite dans la sélection après Monsieur Smith au sénat en octobre, redresse la barre du rire avec son extrêmement charmant New York Miami, l’un des trois films à avoir remporté le grand chelem des Oscars majeurs, avant Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman et Le Silence des agneaux de Jonathan Demme.
La sélection « Tours et détours (sur la route) » du mois de novembre 2020
Alice dans les villes (Allemagne / 1974) de Wim Wenders, avec Rüdiger Vogler et Yella Rottländer
Au fil du temps (Allemagne / 1976) de Wim Wenders, avec Rüdiger Vogler et Hanns Zischler
Bagdad Café (Allemagne / 1987) de Percy Adlon, avec Marianne Sägebrecht et CCH Pounder, César du Meilleur Film étranger en 1989
Dead Man (États-Unis / 1995) de Jim Jarmusch, avec Johnny Depp et Gary Farmer
Down by Law (États-Unis / 1986) de Jim Jarmusch, avec Tom Waits et John Lurie
Easy Rider (États-Unis / 1969) de Dennis Hopper, avec Peter Fonda et Dennis Hopper, Prix du Meilleur premier film au Festival de Cannes en 1969
Lost in Translation (États-Unis / 2003) de Sofia Coppola, avec Scarlett Johansson et Bill Murray, Oscar du Meilleur scénario original en 2004 & César du Meilleur Film étranger en 2005
New York Miami (États-Unis / 1934) de Frank Capra, avec Clark Gable et Claudette Colbert, 5 Oscars majeurs (Meilleur Film, réalisateur, actrice, acteur & scénario adapté) en 1935
Sans toit ni loi (France / 1985) de Agnès Varda, avec Sandrine Bonnaire et Macha Méril, Lion d’or au Festival de Venise en 1985 & César de la Meilleure actrice à Sandrine Bonnaire en 1986
Taxi Driver (États-Unis / 1976) de Martin Scorsese, avec Robert De Niro et Jodie Foster, Palme d’or au Festival de Cannes en 1976