Si la vie quotidienne en France n’était pas prise en étau, pendant une semaine encore, entre le couvre-feu et le confinement, le monde du cinéma vibrerait en ce mois de mai au rythme du Festival de Cannes. Pour cause de crise sanitaire, ce dernier a dû être repoussé à l’été, début juillet. Ce qui n’était peut-être pas la pire des options. Comme on l’a appris en début de semaine, son pendant allemand, le Festival de Berlin, devra finalement tenir son Summer Special à minima en juin avec des projections en plein air. Bref, la reprise se profile enfin doucement à l’horizon et c’est tant mieux !
Dans cette actualité festivalière de plus en plus chargée, LaCinetek apporte sa pierre en consacrant son cycle mensuel non pas à un thème, mais à l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses sections parallèles à Cannes : la Quinzaine des réalisateurs. Depuis avant-hier et encore jusqu’au mercredi 9 juin inclus, vous pourriez donc voir ou revoir à volonté dix films ayant contribué à la légende de la Quinzaine. Quitte à nous obstiner, nous vous rappelons vite fait le mode d’emploi du service en ligne français, également accessible en Belgique et au Luxembourg. En échange de la modique somme de moins de trois euros par mois ou de trente euros par an, vous pourriez souscrire sur le site de LaCinetek au forfait d’abonnement mensuel ou annuel.
Dans l’actualité de la plateforme, créée en 2015 par Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapisch, figure également à partir de demain et jusqu’à fin juin un cycle dédié au « Girl Pow(d)er ». A l’occasion de la publication la semaine prochaine d’un recueil de témoignages féministes sur le podcast La Poudre, LaCinetek a assemblé une liste de dix films emblématiques réalisés par des femmes. Selon les modalités habituelles de location de la plateforme, vous pourriez y découvrir de véritables perles cinématographiques, créées entre autres par Vera Chytilova (Les Petites marguerites), Margarethe von Trotta (Les Années de plomb), Kathryn Bigelow (Aux frontières de l’aube), Claire Denis (Beau travail) et Lucrecia Martel (La Niña santa).
2021 n’est pas vraiment une année anniversaire pour la Quinzaine des réalisateurs, dont la première édition a eu lieu en 1969. Le grand jubilé, c’était il y a deux ans, avant la crise. Une occasion festive marquée alors sur notre site par une imposante série d’articles, dont l’entretien-fleuve de notre rédacteur en chef Pascal avec le premier délégué général de la Quinzaine Pierre-Henri Deleau, à retrouver ici. Deleau s’est de même prêté à l’exercice traditionnel sur LaCinetek de la présentation d’un film du cycle, bien que l’on puisse lui préférer son récit infiniment plus passionnant sur la naissance rocambolesque de la Quinzaine dans le sillage de mai ’68 et de l’affaire Langlois.
Ce sont pour l’essentiel de grands noms du microcosme cannois qui alimentent la sélection mensuelle de LaCinetek. En effet, bon nombre d’entre eux ont entre-temps eu l’honneur de multiples participations à la compétition, voire du sacre suprême sous forme d’une double Palme d’or. Tel est le cas de l’Autrichien Michael Haneke, présent ici avec son troisième long-métrage et palmé plus tard grâce à Le Ruban blanc et Amour, de l’Anglais Ken Loach et ses deux Palmes ultérieures pour Le Vent se lève et Moi Daniel Blake, ainsi que des frères Dardenne venus de Belgique, récompensés à Cannes à travers Rosetta et L’Enfant.
Parmi les autres habitués, on peut citer l’Américain Jim Jarmusch à qui sa Caméra d’or a ouvert la porte à une invitation quasiment permanente en compétition, où il a présenté jusqu’à présent huit de ses films, ou bien l’éternellement inclassable réalisateur allemand Werner Herzog, qui a plutôt tendance à alterner entre les grands festivals européens, malgré ses quatre sélections à la Quinzaine au début de sa carrière.
Puis, Cannes et ses sélections parallèles, c’est de même l’endroit des espoirs pas toujours réalisés par la suite. A cette catégorie prometteuse appartiennent deux ou trois des films proposés, à savoir ceux de Jaco Van Dormael dont on est sans nouvelles depuis Le Tout nouveau testament à la Quinzaine en 2015, et de Sandrine Veysset et son dernier film L’Histoire d’une mère passé complètement inaperçu en 2017, ainsi que le premier long d’Emmanuel Finkiel, un cinéaste guère prolifique, qui a néanmoins connu un certain succès avec son adaptation de Marguerite Duras La Douleur en 2018.
La sélection « Quinzaine des réalisateurs » du mois de mai 2021
71 fragments d’une chronologie du hasard (Autriche / 1994) de Michael Haneke, avec Gabriel Cosmin Urdes et Lukas Miko
Aguirre La Colère de dieu (Allemagne / 1972) de Werner Herzog, avec Klaus Kinski et Helena Rojo
Le Droit du plus fort (Allemagne / 1975) de Rainer Werner Fassbinder, avec Peter Chatel et Rainer Werner Fassbinder
Family Life (Royaume-Uni / 1971) de Ken Loach, avec Sandy Ratcliff et Bill Dean
Il était une fois un merle chanteur (Union Soviétique / 1970) de Otar Iosseliani, avec Gela Kandelaki et Gogi Chkheidze
La Promesse (Belgique / 1996) de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Jérémie Renier et Olivier Gourmet
Stranger Than Paradise (États-Unis / 1984) de Jim Jarmusch, avec John Lurie et Eszter Balint, Caméra d’or au Festival de Cannes en 1984
Toto le héros (Belgique / 1991) de Jaco Van Dormael, avec Michel Bouquet et Thomas Godet, Caméra d’or au Festival de Cannes en 1991 et César du Meilleur Film étranger en 1992
Voyages (France / 1999) de Emmanuel Finkiel, avec Shulamit Adar et Liliane Rovère, César du Meilleur Premier film et du Meilleur montage en 2000
Y aura-t-il de la neige à Noël ? (France / 1996) de Sandrine Veysset, avec Dominique Reymond et Daniel Duval, César du Meilleur Premier film en 1997